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Le nouveau président juif de Cornell se dit « très à l’aise » avec la situation à l’université

Quelques jours après avoir été définitivement nommé au poste intérimaire qu'il occupait depuis le mois de juillet 2024, Mike Kotlikoff a évoqué sur la vie juive sur le campus, les révocations de visas et la liberté académique

Illustration : Un étudiant de l'Université Cornell marchant avec ses bagages le long du campus à Ithaca, à New York, le 16 décembre 2021. (Crédit : Heather Ainsworth/AP)
Illustration : Un étudiant de l'Université Cornell marchant avec ses bagages le long du campus à Ithaca, à New York, le 16 décembre 2021. (Crédit : Heather Ainsworth/AP)

JTA – Comme cela avait été le cas à l’Université de Columbia, un leader du mouvement étudiant pro-palestinien et anti-israélien a été recherché à l’Université de Cornell pour être expulsé, une autre école de l’Ivy League. Il y a également eu, sur le campus de cette dernière, quelques manifestations qui ont perturbé le calme, cette année – ce type de mouvement de protestation qui avait attiré l’attention de l’administration Trump.

Mais Mike Kotlikoff, le nouveau président de Cornell, dit ne pas trop craindre que les rassemblements, sur son campus, puissent entraîner le genre de sanctions fédérales radicales qui ont été imposées à Columbia.

« Je suis très satisfait de la situation actuelle à Cornell », déclare Kotlikoff au cours d’un entretien, dans la journée de jeudi – soit cinq jours après avoir été nommé de manière permanente au poste qu’il occupait à titre intérimaire depuis le mois de juillet 2024.

« Nous avons connu deux semestres relativement paisibles cette année », affirme-t-il. « Il y a bien eu des situations où des manifestants ont clairement dépassé les bornes en portant atteinte aux droits des autres mais dans ces deux cas précis, ces infractions ont eu des conséquences ».

Kotlikoff dit penser que la situation pour les étudiants juifs, sur le campus, est redevenue « assez proche » de ce qu’elle était le 6 octobre 2023, à la veille du pogrom qui avait été commis par le Hamas dans le sud d’Israël – les hommes armés avaient massacré plus de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza, déclenchant une guerre qui a depuis suscité des vagues de protestations dans les universités et ailleurs.

Il fait remarquer que les groupes Hillel et ‘Habad sont en train de construire de nouveaux bâtiments et il ajoute qu’il y a plus de 30 organisations juives qui sont actuellement actives à Cornell.

« Il y a vraiment beaucoup d’activités juives, il y a une vie juive qui est célébrée sur le campus », dit-il. « Je vais régulièrement au Shabbat. Je vais aller au Shabbat de Pessah. Je pense donc que tout est assez normal. Si vous demandez à la plupart des jeunes, ils vous diront qu’ils se sentent à l’aise sur le campus ».

Kotlikoff, qui est Juif, prend la direction permanente de Cornell à un moment où les universités sont confrontées à des pressions sans précédent de la part de l’administration Trump s’agissant des manifestations étudiantes sur les campus américains. Quelques jours après son entrée en fonction au mois de janvier, Trump avait signé un décret où il s’engageait à expulser les « sympathisants du Hamas » au sein des universités au nom de la lutte contre l’antisémitisme. Le secrétaire d’État Marco Rubio a révélé, dans la journée de jeudi, que les autorités avaient retiré leur visa à au moins 300 « cinglés ».

Le président de Cornell, Michael Kotlikoff, qui était alors recteur, s’adresse à l’association des anciens élèves de Cornell en 2017. (Capture d’écran /YouTube)

Parmi eux, Momodou Taal, un étudiant ayant obtenu son diplôme à Cornell. Il a porté plainte contre l’administration Trump pour tenter de bloquer son expulsion, affirmant que sa liberté d’expression et celle de ses camarades étudiants pro-palestiniens ont été bafouées. Un juge fédéral a rendu une décision préliminaire défavorable à son encontre, jeudi.

Kotlikoff ne souhaite apparemment pas faire de commentaires directs sur ce cas précis. Il déclare toutefois qu’un statut de visa ne devrait pas limiter les opinions que les étudiants sont autorisés à exprimer sur le campus – tout en laissant la porte ouverte aux révocations de visa, si elles doivent par ailleurs être confirmées par les tribunaux.

Le département d’État, de son côté, soutient que les étudiants pro-palestiniens qui ont été pris pour cible ont porté atteinte à la politique étrangère et à l’intérêt national des États-Unis, en invoquant une disposition juridique qui n’a été que rarement utilisée jusqu’à aujourd’hui.

« Je pense que tout le monde doit avoir le droit de s’exprimer librement sur notre campus », dit Kotlikoff. « La seule question est de savoir – et je ne connais pas la réponse, c’est un tribunal qui devra en décider – quel est le fondement réel du retrait de ces visas de la part du gouvernement. Je pense que c’est une question qui doit être tranchée par la justice. Tout cela ne devrait pas trouver un fondement au détriment des droits garantis par le premier amendement. Mais si vous ne suivez pas les directives qui sont exigées en rapport avec votre statut de visa, alors c’est un autre problème ».

Certains Juifs ont applaudi les mesures de répression qui ont été mises en place par l’administration Trump, affirmant qu’elles étaient attendues depuis longtemps et qu’elles étaient nécessaires pour protéger les étudiants juifs qui se sont sentis menacés par les activités anti-israéliennes. D’autres craignent que l’administration Trump n’utilise les préoccupations relatives à l’antisémitisme pour mettre à mal la liberté d’expression, affaiblir les universités et poursuivre un programme anti-immigration.

Des manifestants se rassemblent à Sommerville, dans le Massachusetts pour demander la libération de Rumeysa Ozturk, une étudiante turque de l’université de Tufts qui a été arrêtée par des agents fédéraux américains la veille, le 26 mars 2025, (Crédit : AP Photo/Michael Casey)

Kotlikoff souligne que Cornell a adopté quatre principes fondamentaux « pour répondre aux pressions politiques actuelles », des principes qui permettent à l’établissement d’enseignement supérieur de rester fidèle à ses propres valeurs dans un environnement difficile. Il s’agit de garantir l’accès à tous, d’accorder la priorité à la diversité et de prendre des décisions fondées sur le mérite. Le dernier principe, continue-t-il, est celui de l’obéissance à la loi : « Il faut obéir à la loi telle qu’elle est écrite – pas nécessairement en lien avec ce qui est par ailleurs affirmé, mais nous devons nous soumettre à ce que nous pensons être la manière légale de faire les choses ».

L’administration Trump a imposé des sanctions financières à Columbia avec pour objectif de faire en sorte que l’université accepte de réexaminer la supervision de certains de ses départements universitaires, dont les cursus sont consacrés au Moyen-Orient. Il s’agit d’une intervention inhabituelle de la part du gouvernement fédéral auprès des enseignants d’une université privée, et l’Association américaine des professeurs d’université a décrié cette initiative.

L’année dernière, Kotlikoff s’est également attiré les critiques de l’AAUP pour avoir mis en cause un professeur, dans des courriels privés que l’Agence télégraphique juive a obtenus, au sujet du contenu de son cours sur la bande de Gaza. Kotlikoff déclare que cet incident reflète la façon dont les choses sont censées fonctionner – et il fait remarquer que le cours n’a finalement accueilli qu’une poignée d’étudiants, alors qu’un autre cours sur le Moyen-Orient, qui appelait les étudiants à « laisser leurs opinions politiques à la porte et à échanger des idées en toute liberté », a attiré des centaines de personnes.

« Le choix de ce que l’on enseigne en tant que professeur est un élément déterminant de la liberté académique », estime-t-il. « Ma critique privée d’un cours, une critique qui a été médiatisée ensuite, portait sur l’équilibre pendant le processus d’enseignement. C’est quelque chose que nous attendons de la part des professeurs et c’est quelque chose dont nous avons beaucoup parlé ».

Mais en fin de compte, ajoute-t-il, les attentes des professeurs sont les mêmes que celles des étudiants – et les deux parties conservent un droit fondamental à s’exprimer, quoi qu’en disent les membres de l’administration Trump.

« Nous ne supprimons pas le droit à la parole, nous ne supprimons pas les opinions individuelles », affirme-t-il. « Mais nous disons qu’il y a des lignes directrices qui protègent les droits de l’ensemble de notre communauté, et mon travail en tant que président d’université est de protéger les droits de tout le monde ».

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