Le NY Times appelle au renvoi d’Abbas après son discours « ignoble » sur la Shoah
Le comité de rédaction affirme que l'antisémitisme du dirigeant palestinien a touché un "nouveau fond", prouvant qu'il n'est pas un partenaire de paix digne de confiance
Le comité de rédaction du New York Times a appelé au limogeage du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, après qu’il a imputé aux Juifs la responsabilité du génocide dont ils ont été victimes, à cause de leur « comportement social », un discours que le journal américain a qualifié d' »ignoble ».
Dans l’éditorial de mercredi, intitulé « Let Abbas’s vile words be his last as Palestinian leader » (Que les paroles ignobles d’Abbas soient les dernières qu’il dit en tant que chef palestinien », le journal a estimé qu’il avait « touché le fond », même pour un dirigeant dont les antécédents font état de « tendance antisémite ».
Dans une réprimande inhabituelle des faits d’un dirigeant étranger, le journal a déclaré que les remarques d’Abbas devant des centaines de personnes lors d’une rare réunion du Conseil national palestinien à Ramallah ont alimenté les théories du complot antisémites et démontré qu’Israël n’avait pas de partenaire de paix digne de confiance.
Dans un discours décousu lundi, Abbas a donné ce qu’il a appelé une « leçon d’histoire » affirmant que les connexions juives aux secteurs financier et bancaire européens avaient engendré l’hostilité contre eux.
Abbas a prétendu que l’Holocauste n’était pas le résultat de l’antisémitisme, mais plutôt le « comportement social des Juifs, [l’intérêt] et les questions financières ».
Abbas a également dépeint la création d’Israël comme un projet colonial européen, disant que « l’histoire nous dit qu’il n’y a pas de base pour la patrie juive ».
Le discours a provoqué l’indignation en Israël et dans le monde entier, avec les États-Unis, l’UE, l’ONU et l’Allemagne. Mercredi, un assistant d’Abbas a affirmé que les commentaires, télévisés, du Président de l’Autorité Palestinienne, avaient été déformés par Israël.
Le New York Times a précisé que les efforts d’Abbas pour apaiser le conflit avec le Hamas ont échoué. Les perspectives de reprise des pourparlers de paix avec Israël, le manque d’intérêt des pays arabes pour le conflit, le manque de soutien de son peuple et la perception d’un favoritisme de l’administration du président américain Donald Trump pour Israël ont placé le dirigeant palestinien dans une position désespérée.
« Même dans ce climat sombre, cependant, le discours ignoble de M. Abbas a touché le fond. Il se sent sans aucun doute aigri et assiégé de tous côtés », a déclaré le journal. « Mais en succombant à des instincts aussi sombres et corrosifs, il a montré qu’il était temps pour lui de quitter ses fonctions. »
L’éditorial s’est conclu par une déclaration appelant à un changement de leadership palestinien.
« Les Palestiniens ont besoin d’un chef qui ait de l’énergie, de l’intégrité et de la vision, qui puisse avoir de meilleures chances de parvenir à l’indépendance palestinienne et de permettre aux deux peuples de vivre en paix ».
Abbas, 82 ans, est le chef de l’Autorité palestinienne depuis novembre 2004. Les dernières élections parlementaires palestiniennes ont eu lieu en 2006 et il n’y a pas eu d’élection présidentielle depuis 2005. Le leader palestinien vieillissant n’a pas désigné de successeur.
Ce n’était pas la première fois qu’Abbas était accusé d’antisémitisme. En 2016, il aurait déclaré au Parlement européen qu’un « certain nombre de rabbins en Israël ont fait une déclaration précise et ont demandé à leur gouvernement d’empoisonner l’eau afin de tuer les Palestiniens ».
Il n’a donné aucune source concernant l’accusation, mais a déclaré que cela faisait partie d’une vaste campagne israélienne d’incitation contre les Palestiniens. Son bureau a admis plus tard que la réclamation était sans fondement et s’est rétracté.
En janvier, il avait également affirmé qu’Israël a été créé pour sauvegarder les intérêts européens comme « un projet colonial qui n’a rien à voir avec le judaïsme« .
La thèse de doctorat de Mahmoud Abbas, en 1982, s’intitulait « L’Autre Côté: la relation secrète entre le nazisme et le sionisme », et il a été accusé dans le passé de nier la portée de l’Holocauste. La thèse prétendait que le chiffre de six millions de victimes était extrêmement exagéré et que les dirigeants sionistes coopéraient avec les nazis.