Le pacte de défense américain, priorité des Saoudiens – officiel israélien
Selon le fonctionnaire, les concessions israéliennes aux Palestiniens ne sont pas au cœur des préoccupations de Ryad et le gouvernement radical de Netanyahu finira par s'aligner
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
NICOSIA, Chypre – Tout progrès dans la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite dépend actuellement des garanties de défense que cette dernière cherche à obtenir de la part des États-Unis, a déclaré un haut responsable israélien.
Ce haut fonctionnaire, très impliqué dans le processus diplomatique, a estimé qu’il y avait « quatre à cinq » autres questions non résolues autour desquelles tournaient les négociations, mais qu’elles n’étaient « pas si compliquées ».
Des délégations américaines et palestiniennes se rendent dans l’État du Golfe cette semaine pour poursuivre les négociations qui incluraient une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite sous l’égide des États-Unis, une perspective vivement recherchée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le fonctionnaire a estimé que les concessions israéliennes aux Palestiniens n’étaient pas la principale préoccupation du royaume, mais bien le pacte de défense entre l’Arabie saoudite et les États-Unis.
Tout en refusant de s’étendre sur les éventuelles concessions, le haut fonctionnaire a ajouté que Netanyahu, qui a passé les deux derniers jours à Chypre pour des discussions trilatérales avec ses homologues chypriote et grec, était confiant dans sa capacité à rallier sa coalition radicale. Cette coalition, qui comprend les partenaires d’extrême-droite de Netanyahu et les législateurs de son parti, le Likud, s’oppose largement à la création d’un État palestinien et s’engage à étendre la souveraineté juive sur la Cisjordanie.
Le haut fonctionnaire a promis que Netanyahu ne « prendrait pas de mesures avec les Palestiniens » qui ne lui conviendraient pas, affirmant que « si le Premier ministre est à l’aise avec une concession [particulière], ses partenaires de coalition devraient l’être également ».
Depuis son retour à la tête de l’État en décembre, Netanyahu n’a pas encore été invité à Washington mais il souhaite vivement rencontrer le président américain Joe Biden à la Maison Blanche. Les deux hommes devraient se rencontrer lors de la visite de Netanyahu à New York à la fin du mois, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, mais on ignore encore où se tiendront les discussions.
Le rival politique de Netanyahu, le chef de l’opposition Yaïr Lapid, se rendra à Washington cette semaine pour des réunions de haut niveau avec des responsables de la Maison Blanche et du Département d’État.
Le haut fonctionnaire « estime qu’il y aura une réunion avec Biden », mais il n’a pas précisé quand.
Biden s’est exprimé à plusieurs reprises sur les tensions liées à la refonte du système judiciaire en Israël, appelant publiquement Netanyahu à ralentir le rythme des changements législatifs litigieux du gouvernement afin de permettre d’aboutir à un large consensus.
Le haut fonctionnaire a refusé de répondre aux questions concernant la dernière approche du gouvernement pour mettre en œuvre ses changements du système judiciaire, laissant entendre qu’une déclaration pourrait être « bientôt » faite, sans pour autant dire quand.
Le ministre de la Justice, Yariv Levin, s’est engagé dans une querelle publique avec la procureure générale Gali Baharav-Miara, qui a atteint son paroxysme ces derniers jours.
Dimanche, Levin a déclaré qu’il n’avait aucune relation de travail avec Baharav-Miara et qu’il était « presque impossible » de travailler avec elle. Baharav-Miara a déclaré que son bureau, qui est chargé de représenter le gouvernement, est favorable à l’invalidation de deux des lois de la coalition dans le cadre du remaniement judiciaire, qui sont actuellement examinées par la Haute Cour de justice.
Le ministre de la Justice a déclaré dimanche que le limogeage de la procureure générale serait « très problématique » et qu’il n’était pas à l’ordre du jour du gouvernement. Le haut fonctionnaire du gouvernement a appuyé cette déclaration en affirmant que « non », Netanyahu n’envisage pas de renvoyer Baharav-Miara.
Lundi soir, le bureau du président Isaac Herzog a annoncé qu’un compromis sur une refonte consensuelle par le biais de discussions indirectes serait imminent, bien qu’aucun accord n’ait encore été conclu. Une source du Bureau du Premier ministre a confirmé qu’aucun accord n’avait été signé.
Bien que cela ne soit pas directement lié à la refonte judiciaire, les universitaires et les journalistes ont également rejeté le projet de réforme des médias du ministre des Communications Shlomo Karhi (Likud), qui saborderait le régime réglementaire actuel en faveur d’un régime qui donnerait plus de contrôle et de discrétion au gouvernement.
Le Premier ministre n’a « pas eu le temps d’examiner le projet en détail », a déclaré le haut fonctionnaire. « Il y a de bonnes choses et d’autres qui ne sont pas [tout à fait] claires. »