Le Panthéon, tombeau des « Grands hommes » français
Des politiques, des écrivains, des scientifiques, des résistants, des religieux et beaucoup de militaires, soit soixante-dix-huit personnalités, dont cinq femmes
Le Panthéon, où Emmanuel Macron a fait entrer mercredi le résistant d’origine arménienne Missak Manouchian, est depuis plus de cent ans la nécropole laïque des « Grands Hommes » français, dont la « patrie reconnaissante » entend honorer la mémoire.
Manouchian n’obtint jamais la nationalité française qu’il avait demandée à deux reprises, et son entrée au Panthéon rend ainsi hommage à toute la « résistance communiste et étrangère », selon l’Elysée.
Un peu d’histoire
Imposant édifice, le Panthéon domine la montagne Sainte-Geneviève, l’une des buttes de Paris. Au Moyen Age, s’y trouvait une abbaye abritant les reliques de Sainte-Geneviève. A la demande de Louis XV, une nouvelle église fut construite entre 1764 et 1790.
Pendant la Révolution française, en 1791, l’Assemblée constituante transforme l’église en nécropole nationale. Le Panthéon, d’un mot grec qui désigne l’ensemble des dieux, devient un temple destiné à « recevoir les grands hommes de l’époque de la liberté française ».
Mirabeau, l’un des inspirateurs de la Révolution, est le premier à y entrer le 4 avril 1791, suivi par Voltaire puis Jean-Jacques Rousseau en 1794.

En 1806, Napoléon rend l’édifice au culte, mais sous Louis-Philippe l’église redevient Panthéon, avant que Napoléon III ne lui rende son nom d’église Sainte-Geneviève.
Le 1er juin 1885, l’inhumation de Victor Hugo restitue définitivement son « temple » à la République.
Qui est panthéonisé ?
Des politiques, des écrivains, des scientifiques, des résistants, des religieux et beaucoup de militaires, soit soixante-dix-huit personnalités, dont cinq femmes (depuis 1907).
Cinq autres personnes – avec Mélinée Manouchian, l’épouse de Missak qui repose à ses côtés – y sont inhumées sans décret de panthéonisation: l’architecte du monument Jacques Soufflot, Sophie Berthelot aux côtés de son mari, Antoine Veil aux côtés de son épouse, et le père de Victor Schoelcher.
Le philosophe René Descartes attend son transfert depuis plus de deux siècles.
Emile Zola (1908), Marie Curie (1995) ou le père des « Trois mousquetaires » Alexandre Dumas (2002) sont aussi au Panthéon.
Simone Veil a été « honorée » en 2018, puis la vedette franco-américaine du music-hall et résistante Joséphine Baker a été la première personnalité noire, et première artiste, à être panthéonisée fin 2021, même si son corps demeure à Monaco.

Charles de Gaulle a voulu être plutôt enterré dans son village de Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), tandis que l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter devrait y faire son entrée.
« Ceux de 14 »
Le président Macron y a fait entrer le 11 novembre 2020 l’écrivain et ancien Poilu Maurice Genevoix, et les noms des 560 écrivains combattants de la Première Guerre mondiale ont été inscrits sur les murs du monument.
Initialement prévue le 11 novembre 2019, l’intronisation de l’auteur de « Ceux de 14 », avait été reportée d’un an par l’Elysée afin de l’adosser au centenaire de l’inhumation du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.

Les Justes ou résistants
En 2007, le président Chirac décidait de panthéoniser les 2 700 « Justes de France » et tous les héros anonymes qui ont « incarné l’honneur de la France » en sauvant des milliers de juifs de la mort pendant la Seconde Guerre mondiale.
Manouchian a rejoint mercredi d’autres figures françaises de la Résistance, comme Jean Moulin, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion ou Jean Zay. Ses 22 compagnons d’armes, plus le chef des FTP Parisiens Joseph Epstein, sont aussi l’objet d’un hommage à travers une inscription.

La volonté du président
En 1791, c’est l’Assemblée constituante qui décide d’inhumer une personnalité au Panthéon. Puis c’est la Convention qui prend le relais en 1794, avec l’entrée de Rousseau, mais le retrait de Mirabeau et de Marat.
Sous le Premier Empire, la décision revient à Napoléon 1er avant d’être confiée aux députés sous la IIIe République.
Aujourd’hui, le choix revient au président, mais la famille du défunt peut refuser. En 2009, celle d’Albert Camus s’était ainsi opposée à cette idée du président Nicolas Sarkozy.