Le poste-frontière d’Allenby dorénavant ouvert presque à plein temps
L'envoyé américain a remercié Israël d'avoir tenu sa promesse après des mois de délai ; il prône maintenant l'avancée d'autres projets qui amélioreront la vie des Palestiniens
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le poste-frontière d’Allenby est pratiquement ouvert à plein temps depuis dimanche, après plus d’un an de pressions exercées par l’administration Biden.
Ce poste est principalement utilisé par les Palestiniens qui n’ont pas le droit d’utiliser l’aéroport international Ben Gurion. En résultat, ils doivent se rendre à Amman pour prendre l’avion mais ils doivent d’abord payer des frais supplémentaires pour traverser la frontière et subir la longue attente qui caractérise, depuis longtemps, le franchissement d’Allenby.
Cela fait plus d’une décennie que les administrations américaines poussent Israël à élargir les horaires d’ouverture du poste-frontière pour aider à réduire les temps d’attente interminable. Alors qu’il était, dans le passé, ouvert presque à plein temps, le poste n’ouvrait ses portes au public, depuis deux décennies, que de 8h à 23h pendant la semaine, et de 8h à 15h30 pendant le week-end. Les voyageurs qui devaient prendre des vols à Amman, tôt dans la matinée, étaient dans l’obligation de passer une nuit à l’hôtel ou à l’aéroport.
Cette question d’Allenby et des difficultés posées aux Palestiniens avait touché l’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, qui avait fait du problème l’une de ses principales priorités, tentant de convaincre l’État juif de garder le poste-frontière ouvert 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.
Après avoir obtenu l’assentiment d’Israël avant le voyage qui avait été réalisé dans le pays par le président Joe Biden, au mois de juillet dernier, et grâce à des pressions supplémentaires qui avaient été exercées par le gouvernement marocain, les États-Unis avaient annoncé qu’Allenby resterait ouvert à toutes les heures à partir du 30 septembre.
Mais les autorités israéliennes avaient ensuite fait savoir à leurs homologues américains qu’ils ne disposaient pas des personnels nécessaires pour respecter l’échéance donnée par les États-Unis et ils avaient proposé l’idée d’un programme-pilote de six jours débutant au mois d’octobre, une période qui permettrait d’examiner les capacités de l’Autorité des aéroports à faire fonctionner le poste-frontière 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.
Le programme-pilote avait finalement été reporté mais il s’était terminé au mois de novembre.
L’Autorité des aéroports, qui avait considéré l’essai comme largement satisfaisant, avait indiqué à l’administration Biden qu’elle était prête à mettre en place les horaires d’ouverture élargie au mois de janvier, selon un responsable israélien.
Une échéance qui, là aussi, n’avait pas été respectée, l’Autorité ayant des difficultés à recruter à temps les personnels nécessaires. En résultat, il avait été dit aux officiels de l’administration Biden qu’une nouvelle date avait été fixée pour lancer les nouveaux horaires d’ouverture en continu du poste-frontière d’Allenby, le 2 avril.
Toutefois, l’ouverture 24 heures sur 24 et sept jours sur sept a encore été différée : en effet, l’Autorité a indiqué que le poste serait ouvert 24 heures sur 24 pendant la semaine et seulement de 8h du matin à 15h le week-end.
De plus, la semaine dernière, Israël avait fait savoir à l’administration Biden que le pays ne pensait pas pouvoir respecter cette échéance encore une fois – cette fois-ci en raison d’une grève des personnels de l’Autorité de l’aéroport qui réclament une hausse de salaire, avaient expliqué deux responsables de l’administration Biden en révélant que les États-Unis avaient fait part de leur mécontentement profond face à l’incapacité d’Israël de tenir sa promesse.
Un message qui semble avoir été bien reçu, l’Autorité parvenant à ouvrir le poste-frontière d’Allenby dès 8h, dans la matinée de dimanche, en amont de cinq jours de services ininterrompus.
Nides était présent lors de la cérémonie d’ouverture aux côtés du responsable de la liaison militaire israélienne auprès des Palestiniens, le généra Ghassan Alian, et du président de l’Autorité des aéroports, Jerry Gershon. Nides est monté jusqu’à la frontière séparant Israël de la Jordanie et il s’est brièvement entretenu avec un membre des forces de sécurité jordaniennes.
Lors d’un échange avec le Times of Israel à son retour d’Allenby, Nides a exprimé sa satisfaction de voir l’engagement pris par Israël honoré, et ce malgré les retards.
« Je ne veux pas exagérer l’importance de l’ouverture du poste-frontière d’Allenby. Ce n’est pas la paix au Moyen-Orient mais ça va un peu faciliter la vie aux personnes de la région. De plus, l’événement a une importance symbolique et je suis heureux qu’il se concrétise enfin », a-t-il déclaré, reconnaissant qu’il a fallu qu’il exerce de nombreuses pressions pour que le projet voit le jour.
« Mais quand on fait une promesse, il faut la tenir et c’est ce que j’ai dit aux Israéliens », a-t-il ajouté.
Dimanche en fin d’après-midi, l’ambassadeur a écrit sur Twitter : « Grande nouvelle ! Le pont d’Allenby est maintenant officiellement ouvert cinq jours sur sept. Nous avons tenu la promesse qui avait été faite par Biden. C’est une victoire à la fois pour les Palestiniens et pour les Israéliens ! »
Un communiqué du Département d’État s’est également réjoui de l’annonce, estimant que « le commerce et la liberté de déplacement sont déterminants pour la paix, la prospérité et pour la dignité ».
L’ouverture du poste-frontière, dimanche, a eu lieu quelques jours après que quatre responsables américains, palestiniens et israéliens ont fait savoir au Times of Israel que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu n’avait toujours pas mis en œuvre une série de petites mesures visant à renforcer l’Autorité palestinienne – des mesures qui avaient été néanmoins promises avant le mois sacré du ramadan, qui a commencé cette semaine.
À la mi-février, le bureau de Netanyahu avait fait savoir qu’il abaisserait la « taxe bleue », cet impôt prélevé à l’AP sur les transfert de carburant, en la faisant passer de 3 % à 1,5 % ; qu’il prévoyait d’élever le pourcentage des revenus qui sont transférés à Ramallah et qui découlent des frais collectés par l’État juif aux voyageurs qui empruntent le poste-frontière d’Allenby ; notant également qu’il allait élargir la liste des produits importés libres d’impôts au nom de l’AP, dont le transit est facilité par Israël.
Ce manque de suivi a entraîné une inquiétude croissante au sein de l’administration Biden dans la mesure où l’état financier de l’Autorité palestinienne est à son niveau le plus faible de toute son histoire, a indiqué un officiel américain au Times of Israel, la semaine dernière. Toutefois, dimanche, un responsable israélien a fait savoir que le gouvernement de Netanyahu mettrait en œuvre les trois mesures promises à la mi-avril.
Aujourd’hui, après Allenby, Nides a confié qu’il allait dorénavant se concentrer sur la nécessité de mettre en vigueur une autre mesure visant à améliorer le quotidien des Palestiniens, une initiative dont il avait commencé à parler ouvertement il y a déjà plus d’un an – l’élargissement de la couverture cellulaire 4G aux Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, qui n’ont droit actuellement qu’aux services 2G et 3G. Cette mesure avait été annoncée par Biden au cours de sa tournée au Moyen-Orient au mois de juillet dernier.
L’initiative ne fait que de lents progrès, selon des officiels américains et israéliens, mais Nides est déterminé à ce qu’elle voit le jour dans les prochains mois. « Je veux qu’ils aient accès à ces services 4G d’ici la fin de l’année », a-t-il dit.
L’envoyé américain tente aussi d’obtenir des fonds de la part de plusieurs pays arabes pour le Réseau des hôpitaux de Jérusalem-Est, des fonds qui avaient été promis l’année dernière. Les États-Unis ont fait savoir qu’ils offriraient 100 millions de dollars au réseau, pendant la visite de Biden, affirmant que de leur côté, les Émirats arabes unis, le Qatar, le Koweït et l’Arabie saoudite donneraient à eux tous la même somme, soit 25 millions de dollars chacun. Seuls les EAU se sont acquittés de leur don jusqu’à présent.
De plus, Nides a révélé qu’il travaillait à la mise en opération de la centrale électrique de Jénine, après des années de préparation, exprimant son espoir qu’elle soit en mesure de fournir presque 50 % de l’électricité consommée par les Palestiniens d’ici la fin de l’année.