Le roi de Bahreïn s’oppose au boycott arabe d’Israël, affirme un dirigeant juif
Le fondateur du Centre Simon Wiesenthal affirme que le monarque du Golfe est “absolument” prêt à autoriser ses citoyens à visiter l’Etat juif
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

Le roi de Bahreïn, Hamed ben Issa Al Khalifa, s’oppose au boycott d’Israël par les états arabes, et compte autoriser les citoyens de son royaume à se rendre librement dans l’Etat juif, a annoncé le rabbin Marvin Hier, doyen et fondateur du Centre Simon Wiesenthal de Los Angeles.
Le Bahreïn et Israël n’ont pas de relations diplomatiques officielles.
Hier a rencontré, aux côtés du directeur associé du Centre, le rabbin Abraham Cooper, le roi de Bahreïn à Manama, la capitale du petit état du Golfe persique, le 26 février 2017.
Hier a affirmé lundi au Times of Israël, pendant un entretien téléphonique, qu’il était à Dubaï pour une mission de son organisation, lorsque le roi l’a personnellement invité à son palais.
Alors que la réunion a eu lieu en février, Hier a indiqué qu’il n’était pas prêt à en parler avec de recevoir un « signal clair » du roi. Dans ce cas, le signal a été la présence du prince de Bahreïn, Nasser ben Hamed Al Khalifa, à un évènement organisé par le Centre Wiesenthal jeudi, ainsi que sa visite au musée pro-israélien de la tolérance, lui aussi situé à Los Angeles.
Le roi a rencontré les deux rabbins en présence de membres de son gouvernement, a dit Hier.

« Le roi a fait une déclaration claire : ‘il est illogique que le monde arabe boycotte Israël. Nous devons trouver un meilleur moyen’ », a-t-il dit.
Quand il lui a été demandé s’il était certain que le roi était prêt à autoriser ses sujets à visiter l’Etat juif, Hier a répondu « absolument, et sans équivoque. »
Le ministère israélien des Affaires étrangères avait semblé dimanche soutenir les déclarations de Hier, écrivant sur son compte Twitter en arabe « Le roi du Bahreïn Hamed ben Issa Al Khalifa a dénoncé le boycott arabe contre Israël et a confirmé que les citoyens bahreïnis étaient maintenant libres de visiter Israël. »
Ce tweet a cependant été rapidement supprimé.
Hier a couvert le roi de Bahreïn de louanges. Il a affirmé qu’ils continuaient à communiquer depuis leur rencontre à Manama, et s’étaient découverts un amour commun pour le chanteur américain décédé Frank Sinatra, qui soutenait le Centre Wiesenthal.
« C’est un dirigeant du 21e siècle. Il ne veut pas voir son pays se comporter comme l’ont fait tous les autres pays moyen-orientaux », a dit le rabbin.
Hier, qui a rencontré d’autres dirigeants arabes, a indiqué que le roi de Bahreïn « est bien plus avancé dans ses pensées que les autres dirigeants de la région. Il n’y a pas de comparaison. Les autres sont bien plus prudents. »
« Il voit, à mon avis, qu’il n’y a pas de raison pour qu’il existe des hostilités entre Israël et son royaume », a-t-il dit.
Hier a ajouté que le roi « a précisé » que le Bahreïn et Israël pourraient être des alliés évidents pour contrer l’influence iranienne dans la région.
Le Bahreïn, un archipel du Golfe persique qui compte 1,4 million d’habitants, n’a pas de relation diplomatique officielle avec l’Etat d’Israël. Quelques touristes et hommes d’affaires israéliens ont cependant visité le pays ces dernières années.
Même si Jérusalem et Manama n’ont jamais entretenu de relation diplomatique, en 2005, le roi s’est vanté auprès d’un responsable américain des contacts entre son état et Israël « au niveau des renseignements et de la sécurité [c’est-à-dire avec le Mossad] », selon un câble diplomatique américain secret diffusé par WikiLeaks.
Le roi a aussi indiqué sa volonté « d’avancer dans d’autres domaines, même si cela sera difficile pour Bahreïn d’être le premier. » Le développement de « contacts commerciaux » devra cependant attendre la mise en place d’une solution à deux états au conflit israélo-palestinien, avait dit le roi, selon ce câble.

D’autres documents publiés par WikiLeaks ont montré que des responsables des deux pays se sont parlés ces dernières années, notamment en 2007, quand Tzipi Livni, alors ministre des Affaires étrangères, a rencontré son homologie Khalid ben Ahmed Al Khalifa à New York. En 2009, Al Khalifa a aussi signalé qu’il était prêt à rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour tenter de faire progresser le processus de paix, mais a finalement décidé de ne pas poursuivre ce projet.
En 2009, le prince héritier de Bahreïn, le cheikh Salmane ben Hamad al-Khalifa, a écrit un éditorial publié dans le Washington Post, dans lequel il appelait les pays arabes à communiquer plus avec Israël, pour le bien du processus de paix.
En 2016, quand l’ancien président Shimon Peres est mort, Bahreïn a été le seul pays du Golfe à déplorer publiquement son décès.
Rest in Peace President Shimon Peres , a Man of War and a Man of the still elusive Peace in the Middle East
— خالد بن أحمد (@khalidalkhalifa) September 29, 2016
« Nous attendons avec impatience le jour où nous verrons un état indépendant, vivant en paix et en sécurité, aux côtés de l’Etat d’Israël », avait déclaré à l’époque le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, le cheikh Khaled ben Ahmed al-Khalifa.
En 2010, un hôpital israélien a sauvé la vie d’une princesse de Bahreïn.
Netanyahu a récemment déclaré qu’Israël n’avait jamais eu de meilleures relations avec le monde arabe.
Le prince héritier de Bahreïn soutient Hatikva
Le 14 septembre, le Centre Simon Wiesenthal a organisé un évènement inter-confessionnel à Los Angeles, où était présent le prince de Bahreïn, Nasser ben Hamad Al Khalifa.
Pendant la cérémonie, le prince a signé La déclaration de Bahreïn sur la tolérance religieuse, un document qui attaque l’extrémisme et loue la tolérance religieuse.
Hier a déclaré qu’il y avait eu un débat sur l’hymne national d’Israël, l’Hatikva, pour savoir s’il serait joué pendant l’évènement. Il est joué lors de tous les évènements de son organisation.
Avec la permission de la délégation du Bahreïn, qui a financé l’évènement, l’Hatikva a été jouée et toutes les personnes présentes, y compris les diplomates arabes, se sont levés en respect, a dit Hier.
Bahraini King’s Declaration of Worldwide Religious Tolerance Unveiled at Historic Wiesenthal Center Interfaith Event https://t.co/UbibAt8ia6 pic.twitter.com/mdUVlJ0aoY
— Simon Wiesenthal Center (@simonwiesenthal) September 15, 2017
« Si ça avait été un non franc pour Hatikva, c’était la décision [du prince]. Mais il savait que, pour nous, c’était intolérable », a dit Hier.
Bahreïn est le seul pays arabe du Golfe persique où se trouve une synagogue. Le pays comptait environ 1 500 Juifs en 1948. Après la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël, beaucoup sont partis, et quasiment tous ont quitté le pays après la guerre des Six Jours de 1967. Aujourd’hui, il reste moins de 50 Juifs dans le pays.