Le Soudan renvoie un porte-parole ayant confirmé des pourparlers avec Israël
Le ministère soudanais des Affaires étrangères a nié avoir eu connaissance des pourparlers après l'ouverture par Haidar Badawi Sadiq de négociations secrètes pour la normalisation

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Soudan a été démis de ses fonctions mercredi, un jour après avoir déclenché un raz-de-marée diplomatique en évoquant publiquement des pourparlers de normalisation avec Israël, apparemment sans autorisation.
Haidar Badawi Sadiq a déclaré mardi à Sky News Arabia que le Soudan était intéressé par l’établissement de liens avec Israël et a prédit qu’un traité entre Jérusalem et Khartoum pourrait être signé d’ici la fin de l’année ou au début de 2021. Ces commentaires ont été faits quelques heures après qu’il a publié un blog public dans lequel il a exhorté les dirigeants militaires et civils du pays à parler ouvertement des discussions en cours.
Ses commentaires, qui ont été formulés dans un contexte de spéculation fébrile sur le fait que d’autres pays pourraient bientôt se joindre aux Émirats arabes unis en acceptant de nouer des liens avec Israël, ont été rapidement repris par le ministre des Affaires étrangères par intérim du pays, Omar Qamar al-Din Ismail, qui s’est dit « surpris » par cette annonce.

« La question des relations avec Israël n’a pas du tout été abordée au sein du ministère des Affaires étrangères. Personne n’a chargé Haidar Badawi Sadiq de faire des déclarations sur cette question », a réagi le ministre.
Haidar Badawi Sadiq a expliqué plus tard qu’il avait confirmé les discussions avec Israël parce qu’aucun haut responsable du gouvernement ne s’était donné la peine de démentir une prédiction du ministre israélien des renseignements Eli Cohen selon laquelle les liens avec le Soudan pourraient être convenus dans les mois à venir.
M. Cohen a insisté mercredi sur le fait que les pourparlers de paix entre Jérusalem et Khartoum étaient en cours. Il a affirmé qu’ils comprenaient une disposition pour le retour des demandeurs d’asile soudanais actuellement dans le pays.
Ce n’est pas la première fois que les contacts soudanais avec Israël s’enlisent dans la controverse, mettant en évidence les divisions entre les dirigeants militaires et civils de Khartoum. En février, le leader de la transition soudanaise, le lieutenant général Abdel Fattah al-Burhan, a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu en Ouganda, une rencontre rapidement désavouée par le Premier ministre du pays, Abdalla Hamdok. À l’époque, un haut fonctionnaire israélien avait déclaré au Times of Israel que les deux parties avaient convenu de normaliser progressivement les relations entre les deux nations, qui restent techniquement en guerre.
Les responsables israéliens ont longtemps exprimé le souhait d’améliorer les liens avec Khartoum, en citant son importance dans la région ainsi que sa situation géographique.
Un responsable du gouvernement soudanais a déclaré mardi à l’Associated Press que des délibérations entre les responsables soudanais et israéliens se poursuivent depuis des mois, avec l’aide de l’Égypte, des Émirats arabes Unis et des États-Unis.
« C’est une question de temps. Nous sommes en train de tout finaliser. L’initiative des Émirats nous a encouragés et a contribué à calmer certaines voix au sein du gouvernement qui craignaient une réaction hostile de la part du public soudanais », a-t-il commenté, sous couvert d’anonymat, car il n’était pas autorisé à informer les médias.
Washington a annoncé jeudi qu’Israël et les Émirats arabes unis avaient convenu de normaliser leurs liens, consolidant ainsi une relation longtemps secrète, et les responsables ont prédit que des liens avec Bahreïn, Oman, le Soudan et d’autres pays pourraient suivre.