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Le sultan Qabous, monarque absolu qui a modernisé Oman

Le sultan qui, selon des diplomates, a souffert d'un cancer du colon, n'a pas d'héritier et c'est son cousin Haitham ben Tarek qui lui a succédé samedi

Le sultan d'Oman Qabous bin Said lors d'une réunion avec le secrétaire d'État américain Mike Pompeo au palais royal de Beit Al Baraka à Mascate, Oman, le 14 janvier 2019. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds / Pool Photo via AP)
Le sultan d'Oman Qabous bin Said lors d'une réunion avec le secrétaire d'État américain Mike Pompeo au palais royal de Beit Al Baraka à Mascate, Oman, le 14 janvier 2019. (Crédit : Andrew Caballero-Reynolds / Pool Photo via AP)

Le sultan Qabous, décédé vendredi après avoir dirigé Oman sans partage pendant près de 50 ans, a modernisé son pays et forgé son statut de médiateur régional, neutre et respecté dans le Golfe et sur la scène internationale.

Le sultan qui, selon des diplomates, a souffert d’un cancer du colon nécessitant de fréquentes hospitalisations en Europe, n’a pas d’héritier et c’est son cousin Haitham ben Tarek qui lui a succédé samedi.

Situé entre l’Iran et l’Arabie saoudite, le sultanat d’Oman est l’une des rares pétromonarchies du Golfe à entretenir de bonnes relations avec Téhéran, ce qui a conduit de grands pays occidentaux à le solliciter sur le dossier nucléaire ou pour des libérations d’otages, notamment au Yémen voisin.

Né le 18 novembre 1940 à Salalah, dans la province du Dhofar (sud), où il a été à l’école, Qabous ben Saïd entre à 20 ans à la Royal Military Academy de Sandhurst, en Grande-Bretagne, d’où il sort lieutenant après deux ans d’études. Il passe ensuite un an au sein d’un bataillon de l’armée britannique basé en Allemagne.

De retour au pays en 1964, il se voit contrôler de près par son père, très conservateur, qui redoutait toute modernisation du pays.

Le 23 juillet 1970, il accède au trône après avoir renversé son père et entreprend de moderniser ce qui est alors le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, mais qui commence à exporter du pétrole.

Devenu le 8e souverain Al Bou Saïd, une dynastie au pouvoir depuis 1749, il proclame le « sultanat d’Oman », et non plus « le sultanat d’Oman et Mascate », terminologie qui rappelait l’éternelle division de son pays, et change le drapeau et la monnaie.

Il fait appel aux rares diplômés locaux et exhorte les Omanais en exil à rentrer pour mettre en place un gouvernement et engager le développement du pays, qui manquait alors de routes, d’écoles et d’hôpitaux.

Le sultan d’Oman, Qabous Bin Said, lors d’une réunion du cabinet au palais royal de Mascate, Oman, le 1er novembre 2015. (Crédit : Stringer / AFP)

« De village en village »

« Dans les premières années, il allait de village en village et s’exprimait chaque semaine à la radio, c’était le seul moyen à l’époque d’atteindre toute la population », explique à l’AFP l’analyste omanais Ahmed al-Mukhaini.

Le début de son règne est marqué par la rébellion du mouvement marxiste du Dhofar qu’il a matée en 1975 avec l’aide notamment du chah d’Iran, Mohammed Reza Pahlavi, lequel envoya quelque 3 000 militaires à Oman.

Par la suite, le sultan conservera de bons rapports avec la République islamique d’Iran, qui se trouve juste en face de ses côtes, de l’autre côté du détroit stratégique d’Ormuz. Il adopte notamment, contrairement aux autres dirigeants arabes, une position de neutralité dans le conflit Iran-Irak (1980-88).

Ces relations avec Téhéran lui permettent d’offrir sa médiation, comme celle ayant consisté à accueillir des contacts secrets entre l’Iran et les Etats-Unis, qui ont conduit à l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien.

En 1994, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin se rend à Mascate à l’invitation du sultan. Cette initiative est suivie en 1996 par l’échange avec Israël de bureaux commerciaux à Mascate et Tel Aviv. Ils seront cependant fermés en 2000 au début de la deuxième Intifada.

Le sultan reçoit également à Mascate en octobre 2018 le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sans que cela ne débouche sur la réouverture de ces bureaux.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche) s’entretient avec le sultan Qabous bin Said à Oman, le 26 octobre 2018. (Publié avec autorisation)

Printemps arabe

Le sultan, à l’élégance naturelle et au teint cuivré, était un grand mélomane. Il a fait construire un somptueux opéra à Mascate.

En dépit de sa relative prospérité, Oman, grâce à ses ressources pétrolières, n’a pas été épargné par la contestation dans le sillage du Printemps arabe. 

Qabous y a réagi en 2012 en procédant à un important remaniement ministériel, écartant notamment des ministres accusés de corruption.

Cumulant tous les pouvoirs, il était à la fois chef de l’Etat et chef du gouvernement, ministre des Affaires étrangères, de la Défense et des Finances. Il nommait les autres membres du gouvernement.

Un « Majlis al-Choura » (Conseil consultatif) a été élu au suffrage universel direct, pour la première fois en 2003.

Le sultan Qabous, brièvement marié en 1976 à une cousine, n’a pas eu d’enfant, posant le problème de la succession.

Selon la loi fondamentale adoptée en 1996, la famille régnante doit se réunir en cas de vacance du pouvoir pour choisir un successeur dans un délai de trois jours.

En cas de désaccord, le Conseil d’Oman, formé du Majlis al-Choura et du Conseil d’Etat, confirme la personne que le sultan aura proposé dans son testament.

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