Israël en guerre - Jour 492

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Analyse

Le terrorisme suicide revient, mais il a changé

L’encouragement idéologique du Hamas se révèle meurtrier et entraîne une nouvelle vague d'attentats

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Des agents de la police des frontières dans la Vieille Ville de Jérusalem (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90))
Des agents de la police des frontières dans la Vieille Ville de Jérusalem (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90))

Les Hiérosolymitains qui ont vécu la Seconde Intifada se souviennent tous trop bien de ces années, de 2000 à 2003. Ces années où rester dans les rues pouvait être un pari.

Presque chaque mois, parfois chaque semaine, les attentats-suicides frappaient la ville, et détruisaient tout sentiment de sécurité ici. Jérusalem a été la plus touchée, mais elle ne représentait pas un cas unique : presque chaque ville israélienne était ciblée.

Les attaques de ces dernières semaines ont marqué le retour des terroristes responsables d’attentats-suicides. Mais il existe des différences cette fois. Ce ne sont pas des assaillants aux ceintures d’explosifs ou qui conduisent des voitures transportant des bombes. Ils utilisent « simplement » leurs voitures et leurs tracteurs comme des armes. Et ils sont majoritairement concentrés dans Jérusalem.

Une autre différence est que les attentats-suicides de la seconde Intifada ont été orchestrés en grande partie par l’infrastructure terroriste du Hamas. Cette fois, il semble que les instructions générales de la direction du Hamas, sans une infrastructure militaire organisée, soient suffisantes pour susciter une vague d’attentats et mettre à mal la sécurité de Jérusalem.

Les forces de sécurité israéliennes ont souvent essayé au cours de la deuxième Intifada de mettre sur pied un profil « typique » de celui qui commet un attentat-suicide afin d’empêcher les attaques.

Et ils ne le pouvaient pas. Parfois, ils étaient très jeunes, d’autres fois moins, il y a eu des femmes mariées, divorcées, parfois des veuves. Bref, il n’y a pas de profil terroriste typique. La notion que les attentats suicides étaient majoritairement le fait de jeunes hommes célibataires et pauvres reste une idée reçue.

La situation demeure aujourd’hui. Il est difficile de trouver des dénominateurs communs entre les auteurs des attentats récents, y compris la tentative d’assassinat mercredi soir dernier de Yehuda Glick, mis à part que les terroristes s’identifient avec les organisations islamistes, en particulier le Hamas.

Le terroriste de mercredi sur la route 1 à Jérusalem, Ibrahim al-Akary, avait 48 ans, et était père de cinq enfants ; il était issu d’une famille étroitement liée au Hamas. Donc pas le terroriste « typique » auquel vous pensez. Mutaz Hijazi qui a tiré sur Glick était beaucoup plus jeune, comme l’étaient les auteurs des deux attaques précédentes dans lesquelles des piétons ont été ciblés par des attaques à la voiture bélier à Jérusalem, en août et octobre.

Ce qui est commun aux terroristes de 2014 et à ceux de la deuxième Intifada c’est que leur motivation à tuer des Israéliens l’emporte sur leur désir de vivre.

Le ministre de la Sécurité intérieure Yitzhak Aharonovitch a peut-être raison de dire que ce n’est pas une nouvelle Intifada. En effet, cela ne ressemble pas à l’insurrection généralisée de la première Intifada (1987-1993), pas plus que cela ne reflète la deuxième Intifada. Mais on ne peut nier qu’un phénomène nouveau est en train d’ensanglanter Jérusalem, et qu’il peut nécessiter un nouveau nom.

Peut-être pas une Intifada. Peut-être pas un « soulèvement »ni une
« explosion de violence ». Mais, plutôt, un nom qui reflète la combinaison des voitures béliers et des tracteurs avec des émeutes de rue.

À l’heure actuelle, les émeutes dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est attirent des dizaines et parfois des centaines de personnes ; mais le nombre n’est pas comparable aux masses qui s’étaient confrontées aux forces de sécurité israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie dans les premiers jours des deux Intifadas.

Ce nouveau mélange n’est pas en train de disparaître. Les semaines passent et la violence à Jérusalem continue. Parfois, elle reflue pendant quelques jours, puis elle repart.

Les responsables israéliens ont tendance, presque instinctivement, à pointer du doigt Mahmoud Abbas, et à affirmer qu’il est responsable de cette violence.

C’est pourtant le Hamas qui encourage les attaques terroristes et les émeutes. Et cela signifie que le gouvernement israélien doit affronter ceux qui en sont vraiment responsables : la direction du Hamas à Gaza. Mais personne en Israël – ni même, d’ailleurs, à la direction du Hamas à Gaza – ne veut une autre escalade de la violence.

Un autre facteur qu’il est plus commode d’ignorer est aussi le rôle d’Israël dans la détérioration actuelle des événements. Le gouvernement n’a pas fait assez par rapport aux organisations d’extrême-droite qui, parfois, peuvent faire exploser cette bombe à retardement qu’est le mont du Temple.

Troisième intifada ou pas, et en l’absence de tout processus diplomatique de fond avec Abbas, il est difficile d’imaginer que la nouvelle forme de violence à Jérusalem puisse se terminer de sitôt.

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