L’Égypte et la Jordanie rejettent la proposition de Trump de déplacer les Gazaouis
Sissi déclare que le Caire « ne peut pas prendre part » à l'émigration forcée en raison de sa « position historique » sur la cause palestinienne ; le roi de Jordanie souligne « la nécessité de maintenir les Palestiniens sur leurs terres »

Les dirigeants égyptien et jordanien ont déclaré mercredi que le déplacement forcé des habitants de Gaza était une « injustice à laquelle nous ne pouvons pas prendre part », après que le président américain Donald Trump a suggéré un plan visant à déplacer les Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie, en insistant sur le fait que les deux pays arabes accepteraient.
« Les constantes de la position historique de l’Égypte sur la cause palestinienne […] ne pourront jamais être compromises », a déclaré le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi lors d’une conférence de presse avec le président kényan William Ruto, au Caire.
« En ce qui concerne les propos sur le déplacement des Palestiniens, ils ne pourront jamais être tolérés ou autorisés en raison de leur impact sur la sécurité nationale égyptienne », a déclaré Sissi.
Sissi a rappelé que l’Égypte soutenait « la création d’un État palestinien et la préservation de ses capacités, en particulier de son peuple et de son territoire ».
Il a ajouté que l’Égypte était « déterminée à travailler avec le président Trump, qui cherche à atteindre la paix souhaitée sur la base de la solution à deux États. Nous pensons que le président Trump est capable de réaliser cet objectif tant attendu d’établir une paix juste et durable au Moyen-Orient. »
Quelques heures plus tard, le roi Abdallah II de Jordanie a déclaré que les Palestiniens devaient rester sur leurs terres.
Selon le palais royal, le roi a souligné, lors de réunions à Bruxelles, « la position ferme de la Jordanie sur la nécessité de maintenir les Palestiniens sur leurs terres et de garantir leurs droits légitimes, conformément à la solution à deux États – israélien et palestinien ».
Le président américain a lancé samedi l’idée de « nettoyer » Gaza après plus de 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, qui ont réduit la bande de Gaza à ce qu’il a qualifié de « chantier de démolition ».

Interrogé sur ses propos, Trump est revenu dessus, déclarant aux journalistes à bord de l’Air Force One, lundi soir, qu’il « aimerait qu’ils vivent dans une zone où ils peuvent vivre sans perturbations, sans révolution et sans violence ».
« Quand vous regardez la bande de Gaza, c’est l’enfer depuis tant d’années », a déclaré Trump. « Il y a eu plusieurs civilisations sur cette bande de terre. Cela n’a pas commencé là. Cela a commencé il y a des milliers d’années, et il y a toujours eu de la violence. Les gens pourraient vivre dans des zones beaucoup plus sûres et peut-être beaucoup plus agréables. »
L’Égypte et la Jordanie se sont toutes deux fermement opposées à l’idée de Trump, affirmant que les Palestiniens devraient être autorisés à rester à Gaza et soulignant que les Palestiniens qui quittent la région pour se mettre en sécurité risquent de ne jamais être autorisés à y retourner. Mais les propos de Sissi et d’Abdallah ont été les plus explicites dans leur rejet de l’initiative à ce jour.

Trump a également déclaré que la question serait discutée avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors de leur prochaine rencontre, tandis que des personnes en Israël spéculent sur le fait que l’initiative qui a été prise par Trump a été coordonnée avec Jérusalem.
S’exprimant sous couvert d’anonymat, un ministre du cabinet de sécurité, chargé de prendre les décisions, a déclaré au Times of Israel que les déclarations de Trump avaient probablement été en partie conçues pour aider Netanyahu à conserver le soutien de ses alliés d’extrême-droite qui ont déstabilisé sa coalition en protestant contre la libération des otages et contre l’accord de cessez-le-feu qui a été accepté par son gouvernement, ce mois-ci, sous la forte pression des États-Unis.
Le cabinet du Premier ministre a annoncé que Netanyahu se rendrait à Washington la semaine prochaine et qu’il rencontrerait Trump mardi.
Jacob Magid a contribué à ce rapport.