L’Égypte propose d’alimenter le Hamas en électricité en échange de 17 hommes
Le Caire estime qu’il a davantage de marge de manœuvre maintenant que les chefs du groupe terroriste de Gaza sont dans le viseur politique des pays du Golfe
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
L’Égypte a proposé au Hamas de lui octroyer davantage de liberté à sa frontière, et de les alimenter en électricité, alors que le groupe terroriste souffre d’une importante pénurie de courant. En échange, le Hamas doit céder à une liste d’exigences sécuritaires, selon les médias arabes mardi.
La liste inclut notamment un point dans lequel le Hamas doit livrer 17 hommes recherchés par Le Caire pour terrorisme ; davantage de protection de la part du Hamas aux frontières ; la fin de la contrebande d’armes aux Sinaï, et des informations sur les déplacements des militants vers Gaza via les tunnels souterrains, a indiqué le quotidien arabe de Londres Asharq al-Awsat.
La liste a été remise au chef du Hamas à Gaza Yahya Sinwar par les responsables de la sécurité en Égypte durant son séjour de 9 jours au Caire, dont il est revenu lundi.
Le cabinet israélien a décidé dimanche soir qu’il réduirait la quantité d’énergie délivrée à Gaza à la demande du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui cherche à intensifier la pression sur le Hamas, l’ennemi juré de son parti, le Fatah.
En avril, l’AP a déclaré à Israël qu’elle ne payerait que 25 millions de shekels sur les 40 millions de shekels de sa facture mensuelle. Israël fournit actuellement 125 mégawatts à Gaza, soit 30 % de ce qui est nécessaire pour alimenter Gaza en énergie pendant 24 heures
Actuellement, Gaza bénéficie de courant pendant 4 à 6 heures par jour.
Les coupures de courant impactent sérieusement les services médicaux de Gaza et la Banque mondiale a signalé que l’enclave est en proie à un désastre humanitaire
Cependant, on ne sait pas exactement dans quelle mesure l’Égypte peut endiguer la crise de l’électricité à Gaza. Les lignes de courant électriques, quand elles fonctionnent, fournissent 25 mégawatts, soit 6,25 % des besoins en électricité sur une journée à Gaza.
Cependant, selon l’armée israélienne, les lignes de courant égyptiennes n’ont fourni aucun courant ces derniers temps, en raison de défaillances, et les lignes de courant israéliennes sont devenues les seules sources d’énergie de Gaza. Gaza dispose d’une centrale électrique mais elle a cessé de fonctionner en avril, quand le Hamas a épuisé ses réserves de fioul et qu’il a refusé d’en acheter à l’AP, en raison de taxes jugées trop élevées.
Lundi, le réseau national d’électricité égyptien a informé la compagnie d’électricité de Gaza qu’il déconnecterait ses câbles, selon les médias palestiniens. On ne sait pas s’il s’agit d’une opération de réparation.
Le Hamas et l’Égypte entretiennent des relations glaciales depuis que le président islamiste égyptien Mohammed Morsi, a été renversé par l’armée en 2013. Morsi provenait du groupe-parent du Hamas, les Frères musulmans.
Des délégations du Hamas vont et viennent du Caire ces dernières années, mais ne sont pas parvenues à améliorer les relations bilatérales. Le poste-frontière de Rafah, destiné aux Gazaouis qui veulent quitter la bande de Gaza, n’est ouvert qu’occasionnellement.
L’Égypte accuserait le Hamas d’aider les militants de l’État islamique à se battre dans la région du Sinaï.
Le Hamas, de son côté, tente de convaincre l’Égypte qu’il est un partenaire de sécurité fiable. Il a déployé davantage de troupes le long des frontières avec le Sinaï.
Le Hamas a également fait un geste envers l’Égypte le mois dernier, avec un document évoquant une nouvelle politique. Le groupe annonce avoir mis fin à ses liens avec les Frères musulmans, et s’identifiait en tant que mouvement palestinien qui n’avait pour seul ennemi Israël.
Mais pour le moment, livrer des hommes au Caire a été une limite que le Hamas a refusé de franchir.
Selon l’article paru dans Asharq al-Awsat, l’Égypte estime désormais qu’elle a davantage de marge de manœuvre sur le Hamas, parce que son chef à Gaza, Sinwar, et son chef international Ismail Haniyeh, résident tous deux actuellement dans la bande de Gaza et ne peuvent la quitter qu’avec la permission de l’Égypte.
Le Hamas est également en terrain miné avec son soutien le plus important, après que 4 puissances sunnites – l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte – ont brusquement rompu les liens avec le riche pays du Golfe au début du mois de juin, en raison de son soutien à l’extrémisme dans la région.
L’Arabie saoudite a spécifiquement mentionné le Hamas comme groupe extrémiste soutenu par le Qatar.
Cinq dirigeants de la branche armée du Hamas ont dû quitter le Qatar, à la demande de leur hôte, bien que des membres du bureau politique du groupe terroriste ont été autorisés à prolonger leur séjour.
En dépit de cette opposition, le ministère des Affaires étrangères qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, a annoncé samedi que le Hamas était un « mouvement de résistance légitime. »
Israël et l’AP ont accusé le Hamas d’avoir les fonds nécessaires pour alimenter Gaza en électricité, si le groupe ne dépensait pas tant d’argent dans son armement et sa préparation au conflit futur avec l’État hébreu.
Le Hamas a mis Israël en garde lundi, que ce dernier appliquait sa décision de réduire son approvisionnement en électricité à Gaza, cela pourrait causer une « explosion » de la situation.
L’AFP a contribué à cet article.