Un ministre qatari répète que le Hamas est “un mouvement de résistance légitime”
Sous pression pour le soutien que la Qatar apporterait aux terroristes, le ministre des Affaires étrangères de Doha affirme qu'il n'appuie pas spécifiquement les dirigeants de Gaza, mais tous les Palestiniens

Alors que le Qatar fait face à des pressions exacerbées de la part de ses voisins arabes pour rompre les liens avec les groupes terroristes, le ministre des Affaires étrangères qatari, Mohammed ben Abdulrahman Al-Thani, a insisté samedi sur le fait que le groupe terroriste palestinien du Hamas est « un mouvement de résistance légitime ».
Al-Thani, en visite en Russie pour évoquer la crise, a déclaré que « les Etats-Unis considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, mais pour le reste des nations arabes, il s’agit d’un mouvement légitime de résistance. Nous ne soutenons pas le Hamas, nous soutenons le peuple palestinien. »
« Nous coopérons avec l’Autorité palestinienne [AP] », a-t-il dit, ajoutant que Doha considérait la réconciliation palestinienne entre le Hamas et le Fatah de l’AP comme une nécessité absolue. « La présence du Hamas au Qatar ne signifie pas qu’il y a un soutien pour le Hamas au Qatar. La présence du Hamas répond à la représentation politique du mouvement du Hamas. »
Al-Thani a noté que la direction du mouvement « est actuellement en Palestine » et plus dans son pays, dans la mesure où Khaled Meshaal a été remplacé par le Gazaoui Ismail Haniyeh à la tête du bureau politique du groupe.

Malgré les déclarations d’Al-Thani, les médias arabes ont annoncé que le Qatar avait ordonné à de hauts-responsables du Hamas de quitter récemment son territoire en raison de pressions extérieures. Parmi eux, Saleh al-Arouri, chef terroriste qui avait orchestré l’enlèvement et les meurtres de trois adolescents israéliens en 2014.
Le Hamas a salué les déclarations d’Al-Thani. Son porte-parole Fawzi Barhoum a déclaré qu’elles « exprimaient le noble caractère arabe » et le soutien du Qatar au « peuple palestinien et à sa résistance légitime ».
Al-Thani a démenti jeudi que son pays finance l’extrémisme. Il a indiqué que le Qatar, en tant que nation indépendante, avait également le droit de soutenir les Frères musulmans, et ce même si ses voisins ont mis hors la loi cette organisation islamiste sunnite.
L’Arabie saoudite, l’Egypte, le Bahreïn, les Emirats arabes unis et plusieurs autres pays ont rompu les liens diplomatiques qu’ils entretenaient avec le Qatar la semaine dernière et ont mis un terme aux déplacements aériens, maritimes et terrestres vers cette nation péninsulaire.
La Russie a appelé samedi au dialogue entre le Qatar et ses voisins dans le Golfe, promettant d’aider en négociant dans la crise.
« Nous avons observé avec inquiétude les informations sur cette escalade », a dit le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au cours de sa rencontre avec Al-Thani à Moscou. « Nous ne pouvons pas nous réjouir d’une situation dans laquelle les relations entre nos partenaires empirent. Nous sommes favorables à la résolution des désaccords à travers le […] dialogue ».

Alors que Doha est sous pression pour rompre ses liens avec les groupes islamistes et que le Hamas redoute une perte possible de sa principale source de soutien international, un haut responsable du Hamas a expliqué samedi qu’une délégation présidée par le chef du groupe Haniyeh se rendra en Iran dans un avenir proche.
Selon le responsable, Osama Hamdan, la délégation se rendra également dans plusieurs pays, même s’il n’a pas donné de détails, a indiqué le site d’informations Walla.
Si le Qatar devait briser les liens qui l’unissent à Gaza, le résultat pourrait en être désastreux pour la bande dirigée par le Hamas.
Le Qatar a investi des centaines de millions de dollars en routes, en logements et a fait construire un hôpital majeur pour le petit territoire. Ses projets d’infrastructure représentent une source importante d’emplois dans une économie assiégée.
Une source proche du Hamas a fait savoir à la radio israélienne samedi que la direction de l’organisation était également inquiète que cette crise diplomatique vienne nuire aux récents efforts livrés pour amorcer une réconciliation entre l’organisation et le gouvernement égyptien.
Les deux ont été à couteaux tirés en raison du soutien apporté par le Hamas aux Frères musulmans en Egypte, qui ont été démis du pouvoir par l’armée.
Gaza souffre déjà du blocus israélien et égyptien – imposé pour empêcher le groupe d’importer des armes – et subit la misère économique et une pénurie chronique d’électricité. Pour la Hamas, l’argent investi par le Qatar dans l’économie est vitale pour renforcer son pouvoir.
Des liens plus proches entre le Hamas et l’Iran n’aideraient probablement pas à apaiser les états du Golfe et l’Egypte. L’un des principaux facteurs moteurs de cette crise est, outre le lien de proximité entre le Qatar et Téhéran, la crainte de l’expansion de l’influence iranienne, qui déstabiliserait encore davantage la région.
Le Hamas a exprimé mercredi son choc face à la demande de l’Arabie saoudite, qui a réclamé que le Qatar mette un terme à son soutien au groupe terroriste.
Des agences ont contribué à cet article.