L’enquête sur le drame de Meron est une « arme politique » contre Netanyahu, dit le Likud
Le parti du Premier ministre s'en prend aux critiques qui établissent un lien entre la catastrophe de 2021 et le 7 octobre, Lapid dénonçant un "modèle de négligence"
Le Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a cherché mercredi à discréditer une commission d’enquête d’État qui a identifié le Premier ministre comme l’un des responsables de la catastrophe du mont Meron en 2021, au cours de laquelle 45 Israéliens ont été piétinés à mort lors d’un pèlerinage sur la tombe d’un rabbin vénéré du IIe siècle.
Si la commission n’a imposé aucune sanction à Netanyahu, elle a en revanche dressé un bilan cinglant du Premier ministre, estimant qu’il était raisonnable de supposer qu’il était conscient des risques inhérents au site du Mont Meron, ayant été mis en garde par de nombreux organismes officiels depuis des années.
Dans son communiqué répondant aux conclusions de la commission, le Likud a réfuté le mandat de la commission au motif qu’elle avait été mise en place par ses rivaux politiques, les anciens Premiers ministres Naftali Bennett et Yair Lapid, et qu’elle avait été chargée d’enquêter sur un événement qui n’a pas eu lieu pendant leur mandat.
Il a également affirmé que l’ancien chef de la planification de Tsahal, le général de division (Rés.) Shlomo Yanai, qui était membre de la commission d’enquête, est un proche collaborateur de l’actuel chef de l’opposition Lapid et « a reçu une offre de [Lapid] pour une place sur la liste de Yesh Atid à la Knesset. »
« La tentative cynique et délibérée de Lapid de transformer le désastre de Meron en arme politique ne réussira pas », a déclaré le Likud, qui a simplement balayé les conclusions du panel tout en reconnaisant que l’incident de 2021 était une « tragédie ». Il a également exprimé sa sympathie pour les victimes et affirmé que les leçons du mouvement de foule qui a causé tant de morts avaient déjà été appliquées, citant pour preuve le fait que le pèlerinage de l’année dernière s’est déroulé sans accroc.
« Le gouvernement étudiera la nécessité de tirer des leçons opérationnelles supplémentaires pour éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise », a clarifié le Likud.
Le communiqué du Likud contrastait fortement avec celui du président de la Knesset, Amir Ohana, également membre du Likud, qui occupait le poste de ministre de la Sécurité intérieure au moment de la catastrophe et qui a également été cité comme l’une des personnes portant une responsabilité personnelle par la commission.
« Depuis la tragédie de Meron, je porte en moi le chagrin des familles », a affirmé Ohana, admettant que, bien que « l’organisation de l’événement et l’infrastructure du lieu étaient défaillants depuis longtemps », la catastrophe a eu lieu « sous ma garde… et que j’en suis donc responsable ».
Avant même que le parti de Netanyahu ne publie sa réponse, Lapid et d’autres rivaux politiques avaient attaqué le Premier ministre, suggérant que sa conduite avant le désastre de Meron préfigurait son incapacité à éviter l’attaque brutale du Hamas le 7 octobre.
« Ce qui s’est passé à Meron n’est pas une coïncidence ou un accident. Il s’agit d’un schéma répétitif de négligence, d’incurie et d’irresponsabilité dangereuse. Comme l’a établi la commission, cette catastrophe aurait pu et aurait dû être évitée », a affirmé Lapid lors d’une conférence de presse à la Knesset, après la présentation des conclusions de la commission d’enquête.
« La catastrophe de Meron a été la pire catastrophe civile de l’histoire du pays. La catastrophe du 7 octobre a été la pire catastrophe qui ait frappé le peuple juif depuis la Shoah », a poursuivi le chef de l’opposition, ajoutant : « Elle aussi aurait dû être évitée par Netanyahu. »
« Si Netanyahu était un citoyen ordinaire, il serait jugé aujourd’hui pour avoir causé la mort par négligence et serait envoyé en prison », a déclaré Lapid.
Le dirigeant de Yesh Atid a publié un communiqué de suivi après la publication de la réponse du Likud, dans laquelle il critiquait la réaction de ce dernier qu’il considérait comme « une honte et une insulte à la mémoire des victimes de Meron. »
« La tentative de discréditer le général Yanai, récipiendaire de la médaille des services distingués de Tsahal, et le rabbin Mordechai Karlitz, ancien maire de Bnei Brak, en tentant de faire croire que leurs considérations sont de nature politique, ne fait que prouver le niveau de bassesse à laquelle Netanyahu est arrivé », a affirmé Lapid. « Tout cela pour tenter de l’exonérer de la responsabilité d’un désastre pour lequel la commission d’enquête de l’État a catégoriquement déterminé qu’il était coupable. »
Dans un autre communiqué, Lapid a ajouté qu’il n’avait pas parlé à Yanai depuis dix ans et que si le gouvernement qu’il a aidé à diriger a bien voté la création de la commission, il n’était pas responsable du choix de ses membres, qui comprenaient également Karlitz, un membre d’une faction de Yahout HaTorah, membre de l’actuel et des précédents gouvernements de Netanyahu.
La dirigeante du parti Avoda, Merav Michaeli, s’est fait l’écho du chef de l’opposition. « Les mensonges et les esquives ne suffisent pas à cacher la réalité : Netanyahu est personnellement responsable du désastre. C’était vrai pour Meron, et ça l’est un million de fois plus pour le 7 octobre », a écrit Michaeli sur X.
Avoda a par la suite soumis une motion de défiance contre Netanyahu
« La Commission d’enquête de l’État concernant la catastrophe du mont Meron a placé une responsabilité personnelle, directe et claire sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affirmant qu’il était au courant du danger, qu’il a ignoré les nombreux avertissements qui lui ont été envoyés et qu’il n’a pas supervisé la mise en œuvre des décisions du gouvernement à ce sujet », a déclaré le parti dans un communiqué affirmant que le gouvernement « doit être remplacé immédiatement. »
« C’est un gouvernement dangereux pour l’État d’Israël, qui ne sait pas prendre ses responsabilités, ni pour la catastrophe du Mont Meron, ni pour celle du 7 octobre », a ajouté le communiqué.
Yair Golan, un ancien chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne qui se présente pour remplacer Michaeli à la tête du parti travailliste, a également fait le lien, écrivant sur X que « 45 hommes et garçons ont payé de leur vie lors de l’événement de Meron, un pays entier paie le prix de la négligence du 7 octobre, et beaucoup d’autres pourraient continuer à payer un lourd tribut si nous ne remplaçons pas immédiatement ce gouvernement désastreux. »
Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, qui, en tant que ministre de la Défense en 2022, a soutenu la création de la commission d’enquête, a réagi aux conclusions du groupe d’experts de manière plus optimiste, déclarant sur X que ces conclusions étaient « avant tout un rapport destiné à sauver des vies, qui doit être étudié par tous les organes gouvernementaux et les services d’urgence ».
« Nous ne pouvons pas ramener les 45 victimes du pèlerinage de Meron à leurs familles, mais nous pouvons empêcher de telles catastrophes dévastatrices à l’avenir », a ajouté Gantz, que les sondages présentent comme le plus sérieux rival de Netanyahu pour le poste de Premier ministre.
Le bureau de Meir Porush, député de Yahadout HaTorah, qui, en tant que ministre des Affaires de Jérusalem, est chargé d’assurer la sécurité du prochain pèlerinage de Meron en mai, a déclaré qu’il appliquerait les conclusions de la commission d’enquête.
Le chef de la police, Kobi Shabtaï, a accepté les conclusions du rapport, qui le désignait comme l’un des responsables personnels du mouvement de foule meurtrier de 2021, et a déclaré qu’il était prêt à démissionner quand le gouvernement le déciderait.
« Le commissaire Shabtaï, comme il l’a toujours fait dans tous ses rôles, accepte l’entière responsabilité », a déclaré un communiqué de la police.
Les conclusions de la commission ont amené la procureure générale Gali Baharav-Miara à relancer mercredi une enquête criminelle sur la catastrophe de Meron, après que son prédécesseur, Avichai Mandelblit, a gelé les enquêtes criminelles en juillet 2021 afin de donner à la commission d’État la priorité pour enquêter sur la tragédie.
Le rapport de la commission a expressément demandé la réouverture des enquêtes, notant que son enquête « ne remplace pas le travail des organes d’enquête criminelle ».
45 hommes et jeunes garçons avaient été tués, le 30 avril 2021, dans un mouvement de foule survenu lors d’une bousculade géante qui avait également fait plus de 150 blessés sur le site où se trouve la dernière demeure du rabbin Shimon Bar Yochai sur le mont Meron, dans le nord d’Israël, pendant la fête annuelle de Lag BaOmer. 100 000 fidèles, des membres de la communauté ultra-orthodoxe en majorité, étaient entrés dans lieu saint malgré les mises en garde de longue date sur le manque de sécurité du complexe.