Les députés envisagent la suppression d’une formalité jugée « nuisible »
Il s'agit d'une base de données de critiques supposée assurer la pluralité des opinions lors de l'attribution de fonds aux projets cinématographiques israéliens
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Le ministre de la Culture, Miki Zohar, a fait part mercredi de son désir de se débarrasser d’une base de données établie pour garantir la représentation d’une pluralité de voix lors de l’examen des projets de films demandeurs de fonds cinématographiques soutenus par l’État.
« Cette base de données a fait bien des dégâts », a déclaré Zohar lors d’une réunion de la commission de l’Éducation, de la Culture et des Sports de la Knesset. « C’est à la population israélienne de décider de ce qui mérite d’être subventionné. »
Le ministre a tenu ces propos lors de l’examen d’un amendement à la loi sur le cinéma qui aurait pour conséquence, une fois adopté par la Knesset, d’abolir la base de données.
Créée par l’amendement n° 5 à la loi sur le cinéma par l’ex-ministre de la Culture, Miri Regev, cette base de données exige que le Conseil du film gère une base de données de critiques titulaires d’un diplôme universitaire en théâtre, en littérature ou en communication, afin d’assurer la représentation de la pluralité des voix au sein de la société israélienne. La base de données comprend actuellement 1 300 noms de critiques dont le travail consiste à examiner et évaluer les scénarios demandeurs de subventions publiques.
Selon les chiffres avancés lors de cette discussion, 86,5 millions de shekels auraient été distribués en 2024 par le biais de 11 fonds cinématographiques au profit de 328 films israéliens, dont 37 longs métrages.
Le projet de loi vise à abolir la base de données et de permettre aux fonds cinématographiques sollicités pour l’octroi de subventions de faire appel aux critiques de leur choix.
« La réforme que nous voulons pour le milieu du cinéma fera que ce sera au public israélien de donner son avis aux fonds cinématographiques – plus il verra un film, plus la note du fonds sera élevée et au final, il n’y aura plus besoin de critiques », a expliqué Zohar. « Il n’y aura plus à craindre que les fonds soient biaisés ou qu’ils soutiennent des scénarios destinés à une fraction du public. S’ils financent une oeuvre que le public n’aime pas, alors leurs budgets diminueront, voire disparaîtront. »
Un représentant du Conseil israélien du cinéma, Kifna Kifnis, s’est dit favorable à l’abolition de cette base de données de critiques, comme Yoav Abramovich, PDG de la Fondation Ravinovitch pour les arts, l’un des grands fonds cinématographiques, persuadé que cela allègera les formalités administratives.
« Il y a six ans, lorsque Miri Regev était ministre de la Culture, elle a changé la loi et mis en place cette base de données des critiques, alors que nous étions contre », a rappelé Lior Tamam, président de la guile des scénaristes.
« Mais en réalité, cette base de données n’a nui à personne et n’a rien ajouté : c’est juste une formalité administrative de plus. Nous sommes assez indifférents à l’idée de sa disparition parce que le marché s’y est déjà habitué. L’amendement actuel ramène simplement les choses à ce qu’elles étaient avant les amendements Regev. »