Les rabbins veulent tenir les femmes à l’écart des blindés de Tsahal
Les leaders orthodoxes ont déclaré qu’ils se battraient pour maintenir le statu quo et qu’ils donneraient des instructions aux soldats pour qu’ils résistent aux tentatives d’intégration
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Plusieurs éminents rabbins ont décidé d’entrer en campagne contre les initiatives prises par Tsahal afin d’intégrer plus de femmes au sein des unités de combat et prévoient de conseiller aux hommes soldats religieux de se soustraire aux ordres lorsqu’ils concernent des activités mixtes.
Cette décision a été prise après une réunion sur le sujet organisée entre les rabbins, a rapporté la radio militaire mercredi.
Parmi les participants à cette rencontre, Dov Lior, personnalité influente de l’aile droite de la communauté sioniste ultra-orthodoxe, Shmuel Eliyahu, rabbin de la ville de Safed au nord du pays; et Mordechai Sternberg, chef de la yeshiva Har Hamor.
La question de l’autorisation accordée aux femmes soldats d’incorporer des unités de combat a de nouveau été soulevée lorsqu’un brigadier général a révélé lors d’une réunion de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset que l’armée songeait à nouveau à permettre aux femmes d’accéder aux postes de combat dans les Corps de Blindés.
Cette révélation a fait resurgir un débat qui dure depuis des décennies consacré à l’égalité des sexes au sein de l’armée israélienne.
D’anciens généraux et responsables militaires ont depuis fait connaître leur opinion sur leur sujet.
Le chef actuel des Corps des Blindés, le Brigadier-Général Guy Hasson, a fermement exprimé son désaccord sur la perspective d’un élargissement du rôle des femmes au sein des unités de tanks, invoquant des problèmes fondamentaux qui empêchent leur intégration au sein de telles unités, dont des exigences physiques et des préoccupations sociales, invoquant par ailleurs “l’image” du Corps.
Dror Aryeh, rabbin de la Yeshiva Hesder de Sderot, qui s’était rendu à la réunion des religieux organisée mardi, a déclaré à la radio militaire que leur première préoccupation était de maintenir les capacités de combat au cœur de l’armée.
Il a ajouté que l’idée de l’incorporation des femmes avait été encouragée dans le cadre d’un agenda politique « extrémiste ».
“Il est clair que certaines organisations dotées d’un ordre du jour politique extrémiste ont infiltré l’armée et tentent de désorganiser les équilibres très délicats qui ont été mis en place depuis de longues années”, a-t-il expliqué, affirmant que des études réalisées dans d’autres armées avaient révélé que l’intégration des femmes dans les unités de tanks avaient perturbé la cohésion nécessaire des équipages, exigé une réduction des demandes physiques et du professionnalisme des soldats, et que les répercussions sur la santé des femmes avaient été mauvaises.
“Un tel ordre est très contraignant et nuit au concept de l’égalité”, a affirmé Aryeh.

Les commentaires d’Aryeh viennent faire écho aux propos tenus par l’ancien général de Tsahal Yiftach Ron-Tal, qui, au début du mois, avait affirmé que l’initiative visant à intégrer des femmes dans les unités de combat entrait dans le cadre d’un programme de gauche visant à “affaiblir” les forces de Tsahal.
Il avait plus tard présenté des excuses pour les paroles qu’il avait prononcées dans le sillage d’une vague de condamnations émanant de membres de la Knesset et de personnalités publiques.
Les Yeshivas Hesder – il y en a quelques-unes à travers tout le pays – permettent aux soldats religieux de combiner leur service national à l’armée avec des horaires consacrés à l’étude des textes religieux dans les Yeshivas. Les soldats sont généralement intégrés dans des “unités hesder” dans les Corps de tanks et d’infanterie, où ils ont plus de possibilités de maintenir leurs pratiques religieuses comme la prière ou l’observation du Shabbat, le jour du repos.
Aryeh a déclaré que pour les rabbins, une plus grande intégration des femmes au sein des unités de combat est une “ligne rouge” et il a indiqué que des instructions seraient données aux militaires de résister à l’assimilation des femmes. Il n’a pas spécifié toutefois que les soldats seraient encouragés à refuser des ordres.
“C’est un franchissement de limite qui perturbe le statu quo,” a-t-il dit. « Ces ordres endommageront nos valeurs sacrées – nous ne pourrons donc pas les mener à bien. Nous avons la Torah et nous avons la divinité morale… Au nom de l’égalité, ils effacent les différences et les rôles entre les sexes… C’est un problème non seulement pour les soldats religieux mais aussi pour un groupe ou pour l’autre, cela nuit également aux femmes, à l’honneur des femmes ».
Le rapport indique que les rabbins ont l’intention d’en appeler au Grand Rabbin d’Israël pour qu’il intervienne lui aussi contre ces initiatives d’intégration.

Lundi, la deuxième chaîne a rapporté que 86 nouveaux conscrits ont été emprisonnés après avoir refusé de s’inscrire dans différentes unités de combat des Corps Blindés auxquels ils avaient été assignés.
Ofer Shelah, parlementaire et membre de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, a blâmé l’attitude des rabbins, responsables, selon lui, du refus massif de ces appelés de souscrire aux ordres du centre d’admission.
« Il y a une ligne directe et dangereuse entre la guerre que les rabbins ont déclaré contre l’intégration des femmes dans les positions de combat et le refus édicté par des douzaines de soldats d’accepter d’être assignés dans les corps des blindés ».
Shelah a ajouté : « Soyons clairs. Seuls les commandants de l’armée décideront qui sert dans telle unité et quel sera son rôle. Le rabbin et les parents ne remplaceront pas le commandement ».
Judah Ari Gross a contribué à cet article.