Les travailleurs sociaux en Israël en grève illimitée
Le syndicat se plaint depuis très longtemps de la charge de travail déraisonnable, des bas salaires et du danger constant auxquels ils font face durant leur travail
L’Union israélienne des travailleurs sociaux a lancé une grève générale lundi après que des négociations répétées avec le gouvernement se sont soldées par l’échec d’un changement de leurs conditions de travail.
Une réunion de dernière minute sur Zoom entre les représentants de l’Union israélienne des travailleurs sociaux et le ministère des Finances, qui s’est tenue dimanche soir, n’a pas permis d’éviter la menace d’un arrêt du travail, qui interrompra les prestations de services sociaux aux Israéliens vulnérables à court terme.
La présidente du syndicat, Inbal Hermoni, a déclaré la semaine dernière que lors d’une précédente réunion entre les deux parties, les fonctionnaires du ministère avaient refusé d’examiner les diverses propositions faites par l’Union des travailleurs sociaux et que les fonctionnaires du ministère n’avaient fait aucune suggestion de leur côté.
« Nous sommes attaqués avec violence et cruauté », a déclaré Mme Hermoni la semaine dernière sur le site Walla News, en déplorant les « salaires honteux » et la « charge de travail déraisonnable » de ses collègues.
« Le système tout entier a été négligé, réduit à néant et abandonné », a-t-elle poursuivi, ajoutant que « les fonctionnaires des finances veulent détruire les services sociaux et les fermer » et qu’il n’y avait « pas d’autre choix » que de faire grève.
Pendant la grève illimitée, aucune ordonnance de protection ne sera émise pour les enfants et les jeunes en danger, aucune réunion des comités d’avortement, aucun interlocuteur ne sera disponible pour répondre aux demandes des personnes âgées, aucune intervention ne sera effectuée dans les cas de violence domestique (malheureusement nombreux), aucun mineur ne sera placé dans une maison de soins et aucune évaluation des condamnés ou des personnes en état d’arrestation ne sera effectuée.
Les travailleurs sociaux se plaignent depuis longtemps de ce qu’ils décrivent comme une charge de travail déraisonnable, avec des salaires bas et le danger constant des actes de violence.
Ynet a rapporté que l’année dernière, le syndicat a constaté que 83 % des travailleurs sociaux avaient été victimes de violence au travail. Trente pour cent ont subi des violences physiques et 30 % ont subi des menaces à leur vie ou à celle de leurs enfants.
Hermoni affirme qu’il y a 1 000 postes à pourvoir pour les travailleurs sociaux mais que personne ne voulait de ces emplois à cause de « la charge de travail, de la violence et des bas salaires ».
Noga Dekelbaum, l’une des dirigeantes de l’Union des étudiants en travail social, a déclaré à Walla qu’elle était favorable à la grève et que pendant leur formation, les étudiants stagiaires effectuant un travail de terrain « font souvent l’expérience de la charge extrême et impossible des travailleurs sociaux ».
« Il y a environ un millier d’emplois inoccupés et le fossé ne fera que s’agrandir. Nous ne travaillerons pas à n’importe quel prix », a-t-elle déclaré.
Des centaines de travailleurs sociaux ont manifesté à des dizaines de carrefours dans tout le pays jeudi dernier. Des manifestations ont eu lieu dans différentes villes, dont Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa.
À Tel Aviv, des dizaines de travailleurs sociaux ont bloqué le carrefour stratégique Azrieli de la ville pendant environ une heure. Aucune arrestation n’a été signalée lors de ces manifestations.
Efrat, une assistante sociale de Tel Aviv qui n’a été identifiée que par son prénom, a déclaré au site d’information Ynet que les manifestations ne concernaient pas seulement les assistants sociaux, mais également ceux qui bénéficient de leurs services.
« Nous sommes venus ici pour nous battre pour les services sociaux du pays », a-t-elle déclaré. « Il est inacceptable que depuis des années, les budgets soient asséchés et que nous soyons payés en dessous du salaire minimum. »
« Nous sommes là pour chaque citoyen qui, à tout moment de sa vie, a besoin d’un travailleur social disponible et attentif qui puisse s’occuper de lui comme il le mérite », a déclaré Mme Efrat.
Le ministre du Travail et des Affaires sociales, Itzik Shmuli (travailliste), a qualifié les protestations des travailleurs sociaux d’“indéniablement justifiées”, a rapporté Walla.
Stuart Winer a contribué à cet article.