L’exposition à la pollution de Haïfa augmente les risques de cancer – étude
Des données de 1967 à 2012 ont révélé un risque de cancer de 6 à 17% plus élevé pour les résidents de la baie de Haïfa exposés à des niveaux de pollution élevés dans leur jeunesse
Une étude financée par les ministères de l’Environnement et de la Santé a établi un lien entre l’exposition à la pollution chez les enfants vivant dans la région de la baie de Haïfa et un risque plus élevé de développer différents types de cancer.
Selon l’étude, citée par le quotidien Haaretz lundi, le risque de cancer est corrélé aux niveaux de pollution auxquels les personnes ont été exposées et peut être de 6 à 17 % plus élevé que celui des personnes non exposées.
L’étude a révélé des incidences plus élevées de cancer du sein chez les femmes, de cancers du système nerveux central, de la tête et du cou, et de la thyroïde, ainsi que de leucémies et de mélanomes.
Le cancer du poumon, qui résulte souvent de l’exposition à des environnements contaminés, ne s’est pas démarqué, ce que les chercheurs attribuent au fait qu’il se développe généralement à un âge plus avancé.
L’étude s’est concentrée sur la baie de Haïfa, longtemps considérée comme l’une des zones les plus polluées d’Israël, où se trouvent de grandes raffineries de pétrole et de nombreuses usines.
L’étude a également révélé une incidence plus élevée d’asthme et d’allergies chez les résidents de la baie de Haïfa par rapport aux habitants d’autres régions, mais a expliqué que cela n’était pas nécessairement lié à l’exposition à la pollution ; il n’y avait pas de différence dans l’incidence des allergies et de l’asthme entre ceux qui ont été exposés à des niveaux de pollution plus élevés et ceux qui ont été exposés à des niveaux plus faibles dans la région.
L’étude a été menée par le Dr Raanan Raz de l’Université hébraïque de Jérusalem, et le Dr David Brodai, du Technion – l’Institut israélien de technologie avec des chercheurs du corps médical de Tsahal, de l’Université de Haïfa et du Centre national de contrôle des maladies du ministère de la Santé.
L’étude s’est appuyée sur les données recueillies par le corps médical de Tsahal, qui ont évalué la santé des jeunes avant leur incorporation dans l’armée, entre 1967 et 2012. Les données de plus de 2 millions de jeunes ont été étudiées, dont 59 % d’hommes.
Le suivi a pris fin lorsqu’un cancer leur a été diagnostiqué, lorsqu’ils sont décédés ou à la fin de la période de suivi, le 31 décembre 2012, a rapporté la Douzième chaîne.
Les niveaux d’exposition à la pollution étaient basés sur un modèle qui a mesuré le dioxyde de soufre dans la baie entre 2002 et 2004. Le dioxyde de soufre est un sous-produit de la combustion des carburants utilisés par la centrale électrique de la baie et par d’autres usines, selon Haaretz.
Les chercheurs ont noté que les données peuvent être incomplètes parce que l’étude n’a pas pris en compte les facteurs de risque extérieurs pour les cancers, tels que le tabagisme, et en raison de l’incapacité à localiser avec précision les sources et les concentrations de pollution.
Les données analysées sont également quelque peu dépassées, et des progrès ont été réalisés pour réduire les émissions de polluants nocifs dans ces zones depuis 2012. Entre 2015 et 2020, les émissions dans la zone industrielle ont chuté de 56 % dans le cadre d’un effort plus large de réduction de la pollution dans la région, par lequel les usines ont fait la transition vers l’utilisation du gaz naturel, a indiqué le ministère de l’Environnement.
Néanmoins, le risque de cancer existe toujours en raison des émissions des différentes usines de la baie. Des études menées dans le monde entier ont suggéré que l’exposition à des substances organiques et à des métaux émis dans l’environnement peut provoquer des cancers, a rapporté Haaretz, et il est actuellement prévu de déplacer les usines de la baie de Haïfa vers des zones moins densément peuplées d’ici 2032.
En réponse à l’étude, le conglomérat de raffinage de pétrole et de pétrochimie Bazan Group, a déclaré que « toute tentative du gouvernement de lier la pollution aux activités de Bazen depuis qu’elle est devenue une entreprise publique serait infondée. L’étude se concentre sur une période où les raffineries étaient détenues par le gouvernement, avec tout ce que cela implique. »
Bazan Group est partiellement propriétaire de la société pétrochimique Carmel Olefins dans la baie de Haïfa depuis 1991 et a acheté la société Gadiv Petrochemicals, qui opère également dans la baie, en 1994. En 2010, Bazan est devenu propriétaire à part entière de Haifa Basic Oils, qui exploite la raffinerie de la baie.
L’entreprise a été condamnée à de nombreuses reprises à des amendes pour avoir enfreint les réglementations environnementales, la dernière fois en 2021 pour un incendie provoqué par une fuite de naphte hautement toxique et cancérigène, un mélange d’hydrocarbures liquides inflammables utilisé pour diluer le pétrole brut lourd, en 2018.
« Le groupe a investi plus de 1,5 milliard de shekels, ce qui a entraîné une amélioration environnementale sans précédent tout en réduisant les émissions dans l’air jusqu’à 96 % depuis 2009. Comme en atteste la réalité mondiale, toute transformation du secteur de l’énergie doit se faire progressivement et avec une planification des plus minutieuses. Bazan constituera un pont vers l’avenir du secteur de l’énergie pour les transports, et sa vision est conforme à celle du gouvernement concernant l’arrêt des émissions de dioxyde de carbone en 2050 », a été notifié.
L’entreprise a également été condamnée à une amende pour un incendie supplémentaire qui a provoqué la formation de nuages noirs toxiques au-dessus de la ville en 2016.
« Cette étude confirme ce que nous savions déjà – les habitants de la baie de Haïfa ont été, pendant des décennies, contraints de subir les usines polluantes et cancérigènes », a déclaré l’organisation environnementale israélienne Green Course dans un communiqué.
« Malheureusement, le plan d’évacuation des usines polluantes approuvé par le gouvernement est plein de failles. Dans les faits, il ne comprend pas de calendriers concrets ni de sources budgétaires – et surtout il continue de mettre en danger la santé de centaines de milliers de résidents de la zone », a-t-elle ajouté.