L’extension régionale de la guerre entre Israël et le Hamas « inévitable », selon l’Iran
Hossein Amir-Abdollahian et son homologue qatari discuteraient des moyens de mettre fin aux "attaques brutales du régime israélien contre les civils"
Le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré à son homologue qatari, le cheikh Mohammed Bin Abdulrahman Al Thani, que l’extension de la guerre entre Israël et le Hamas était « inévitable ».
« En raison de l’intensité croissante de la guerre sur les habitants civils de Gaza, l’expansion du champ de la guerre est désormais devenu inévitable », a dit Amir-Abdollahian lors d’un appel téléphonique jeudi, d’après la chaîne de télévision iranienne Press TV.
Selon les informations iraniennes sur l’appel, les deux diplomates auraient fermement condamné « les attaques du régime sioniste contre les civils » et auraient également discuté des moyens de « mettre un terme aux attaques brutales du régime israélien ».
L’Iran et ses mandataires terroristes au Liban, au Yémen, en Syrie et en Irak font planer la menace d’un conflit régional depuis le début de la guerre, qui a été déclenchée par l’assaut brutal du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre, au cours duquel au moins 1 400 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées et 240 prises en otage dans la bande de Gaza.
À la suite de l’assaut lancé par le Hamas, Israël a juré d’éliminer le groupe terroriste de la bande de Gaza, où le groupe règne depuis 2007, et a lancé une opération aérienne, maritime et terrestre.
Quelque 9 500 roquettes auraient été tirées sur Israël depuis le 7 octobre, dont 3 000 au cours du seul premier jour de la guerre. Si la plupart ont été tirées depuis Gaza, le Hezbollah, soutenu par l’Iran, a mené et supervisé des attaques quotidiennes sur la frontière nord d’Israël avec le Liban.
Le vendredi 3 novembre, le chef du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, a prononcé son premier discours depuis le début de la guerre et a exprimé sa solidarité avec les Palestiniens et leurs « martyrs ».
Bien qu’il ait prédit l’échec d’Israël, Nasrallah n’a pas annoncé de plans explicites pour une plus grande implication de son groupe terroriste libanais dans la guerre, déclarant que « certains voudraient que le Hezbollah s’engage dans une guerre totale, mais je peux vous dire : ce qui se passe actuellement le long de la frontière israélo-libanaise est important, et ce n’est pas fini ».
Ailleurs aux frontières d’Israël, un drone aurait été lancé jeudi depuis le sud de la Syrie, traversant Israël via la Jordanie avant de frapper une école à Eilat, la ville la plus au sud d’Israël. En réponse, Tsahal a confirmé avoir mené des frappes aériennes à l’intérieur de la Syrie.
Israël a également été confronté à des tentatives de frappes de missiles lancées par les Houthis, soutenus par l’Iran, au Yémen, mais tous ces tirs ont été interceptés ou ont raté leur cible. Lors du dernier incident en date, jeudi, une roquette tirée depuis le Yémen a été abattue par le système de défense antimissile israélien Arrow 3.
L’avertissement de Abdollahian n’est pas le premier lancé par l’Iran ces dernières semaines. Le 29 octobre, le président iranien Ebrahim Raissi avait affirmé que la poursuite des bombardements israéliens sur Gaza « pourrait bien obliger tout le monde à agir ».
« Les crimes du régime sioniste ont franchi les lignes rouges, et cela pourrait obliger tout le monde à agir », a écrit Raissi sur X, anciennement Twitter. « Washington nous demande de ne rien faire, mais ils continuent à apporter un large soutien à Israël. »
Alors qu’Israël est confronté aux menaces de groupes soutenus par l’Iran, les troupes américaines stationnées au Moyen-Orient ont également essuyé des tirs. Depuis le début de la guerre le mois dernier, une série d’attaques à la roquette et au drone ont visé des bases militaires abritant des forces américaines et celles de la coalition en Irak et en Syrie.
Selon le Pentagone, les forces américaines et celles de la coalition en Irak et en Syrie ont été la cible de 38 attaques de drones ou de roquettes depuis le 17 octobre, qui ont fait 45 blessés parmi le personnel américain.
Les États-Unis ont déployé deux porte-avions et un sous-marin à propulsion nucléaire dans la région dans un effort visant à dissuader Téhéran et le Hezbollah.
Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a ordonné le déploiement de l’USS Ford et de ses navires de guerre associés en Méditerranée orientale le 9 octobre, avant d’ordonner le déploiement de l’USS Eisenhower le 15 octobre.
Parallèlement aux deux groupes tactiques de porte-avions, le Commandement du centre des États-Unis a annoncé le 6 novembre qu’un sous-marin à propulsion nucléaire de classe Ohio, capable de transporter des armes nucléaires, avait aussi été déployé dans la région.
Les États-Unis auraient en outre averti le Hezbollah et l’Iran qu’ils étaient prêts à intervenir militairement contre eux en cas d’escalade du conflit avec Israël. Le message a été transmis au groupe terroriste et à la République islamique par l’intermédiaire de leurs partenaires dans la région, dont la Turquie, selon un article du New York Times.
Le Qatar, auquel Abdollahian a communiqué ses avertissements, entretient des liens étroits avec le Hamas et collabore avec les États-Unis pour tenter de négocier un cessez-le-feu et un accord de libération des otages avec Israël.
Ces derniers jours, le Qatar aurait participé à des négociations en vue de la libération éventuelle de 10 à 15 otages détenus à Gaza, en échange d’une pause humanitaire dans les combats.
Une source proche du Hamas a corroboré cette information mercredi soir, affirmant que des pourparlers étaient en cours en vue de la libération d’une dizaine d’otages détenus par le Hamas, dont six Américains, en échange d’un cessez-le-feu de trois jours dans la bande de Gaza.
Depuis quelques années, le Qatar paie les salaires des fonctionnaires de la bande de Gaza, fournit une aide humanitaire aux Palestiniens de Gaza et maintient des canaux de communication ouverts avec le Hamas.
Cela fait plus de dix ans que le Qatar est le siège du bureau politique du Hamas dans sa capitale, Doha, et qu’y sont basés d’anciens dirigeants du Hamas, tels que l’ancien et l’actuel chef du Hamas, Khaled Mashaal, et Ismail Haniyeh.
Parallèlement, le riche émirat du Golfe entretient depuis longtemps de bonnes relations avec les États-Unis et abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.