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Liban : le Hezbollah cherche des soutiens lors du vote local

Avec des appels au désarmement qui se multiplient, le groupe terroriste, fortement affaibli par la guerre avec Israël, conserve un soutien fort chez les chiites

Dans le quartier de Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth, des automobilistes passent devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre, à l'occasion du premier tour des élections municipales, le 4 mai 2025. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)
Dans le quartier de Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth, des automobilistes passent devant des portraits du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et des bâtiments endommagés par les frappes israéliennes lors de la récente guerre, à l'occasion du premier tour des élections municipales, le 4 mai 2025. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)

NABATIEH, Liban – Au beau milieu des décombres laissés par les bombardements de l’armée de l’air israélienne sur le sud du Liban, des affiches de campagne appellent à soutenir le Hezbollah lors des élections de samedi. Le groupe s’efforce de montrer qu’il conserve un poids politique malgré les coups qu’il a pu subir lors de la guerre, l’année dernière.

Pour le Hezbollah, le scrutin local est plus important que jamais. Il faut dire qu’il coïncide avec des appels de plus en plus nombreux en faveur de son désarmement et avec des frappes israéliennes qui se poursuivent. De plus, un grand nombre de ses électeurs, des chiites musulmans, subissent encore les répercussions du conflit.

Les trois tours de scrutin qui ont d’ores et déjà été organisés, ce mois-ci, ont été favorables au groupe terroriste soutenu par l’Iran. Dans le sud, de nombreux votes ne seront pas contestés, ce qui permettra au Hezbollah et à ses alliés de remporter des victoires rondement menées.

« Nous voterons avec notre sang », s’exclame Ali Tabaja, 21 ans, des propos qui témoignent de sa loyauté sans faille à l’égard du Hezbollah. Il glissera un bulletin dans l’urne dans la ville de Nabatieh et non dans son village d’Adaisseh, qui a été détruit.

« C’est un désert », explique-t-il.

Le paysage du sud du Liban, un paysage de ruines, reflète l’impact dévastateur qu’a eu la guerre – une guerre qui avait débuté lorsque le Hezbollah avait commencé à lancer des attaques régulières en direction d’Israël dès le lendemain du pogrom du 7 octobre 2023. Des frappes, avait-il expliqué, qui venaient en signe de soutien au Hamas.

Après presque un an de fortes hostilités, Israël avait lancé une offensive majeure contre le Hezbollah. Et ce dernier n’est plus que l’ombre de lui-même : ses chefs et des milliers d’hommes armés ont été tués ; son influence sur l’État libanais a diminué de manière considérable et ses opposants libanais ont gagné du terrain.

Une mesure en particulier reflète l’ampleur de ces changements : le nouveau gouvernement a déclaré vouloir que l’État ait le monopole des armes – ce qui implique que le Hezbollah devra déposer les siennes.

Dans ce contexte, les résultats des élections semblent toutefois indiquer que « la guerre n’est pas parvenue à réduire la popularité du Hezbollah au sein de la communauté », indique Mohanad Hage Ali, du Carnegie Middle East Center, un think-tank. « Au contraire, de nombreux chiites ont désormais le sentiment que leur destinée est liée au sort qui sera réservé au Hezbollah ».

Des personnes assistent aux funérailles de terroristes du Hezbollah tués avant le cessez-le-feu du 27 novembre avec Israël, dans le village d’al-Taybeh, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 6 avril 2025. (Crédit : Rabih DAHER / AFP)

Les résultats qui sont enregistrés par le Hezbollah lors du scrutin « sont vraiment importants », ajoute Hage Ali. « Il montre qu’il représente toujours la grande majorité des chiites et il souligne que toutes les tentatives, de la part des autres Libanais, de le désarmer par la force risqueraient d’être perçues comme des actions entreprises à l’encontre de la communauté toute entière, mettant mettre en péril la paix civile ».

Les armes du Hezbollah sont depuis longtemps une source de division au Liban et elles avaient été à l’origine d’un bref conflit civil en 2008. Ses détracteurs affirment que le Hezbollah a unilatéralement décidé d’impliquer le Liban dans des conflits plus larges au Moyen-Orient.

Le président libanais Joseph Aoun a appelé au dialogue avec le Hezbollah concernant la mise en place d’une stratégie de défense nationale – ce qui implique une discussion sur son armement – mais les pourparlers n’ont pas encore débuté.

Mercredi, les présidents libanais et de l’Autorité palestinienne se sont accordées sur la nécessité de faire en sorte que les factions palestiniennes n’utilisent plus le Liban comme base de lancement d’attaques à l’encontre d’Israël. Ils ont également convenu de faire disparaître toutes les armes qui ne sont pas placées sous l’autorité de l’État libanais.

Le ministre des Affaires étrangères Youssef Raji, un opposant au Hezbollah, a indiqué que le Liban avait été informé qu’il n’y aurait pas d’aide à la reconstruction de la part des donateurs étrangers tant que l’État n’aurait pas établi un monopole sur les armes.

Le Hezbollah, de son côté, a déclaré que la reconstruction était de la responsabilité du gouvernement et il l’accuse de ne pas prendre de mesures sur ce sujet – malgré les engagements qui ont été pris par l’État dans ce sens.

Des automobilistes passent devant un panneau récemment installé arborant le drapeau libanais et le slogan en arabe « Le Liban, une nouvelle ère », remplaçant une affiche du Hezbollah, sur la route menant à l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, le 10 avril 2025. (Crédit : Joseph Eid/AFP)

Un porte-parole du département d’État américain a déclaré que Washington s’était engagé à soutenir une reconstruction durable au Liban – sous réserve que le Hezbollah dépose les armes.

« Nous avons également clairement établi que la transparence et les réformes économiques sont la seule voie qui permettra d’accroître les investissements et le redressement économique du pays », a dit le porte-parole en réponse à une question de Reuters.

Le Hezbollah affirme qu’il n’y a plus d’armes dans le sud – mais il associe toutes les discussions qu’il pourrait y avoir sur l’arsenal qui lui reste au retrait d’Israël des cinq positions que l’État juif occupe encore, réclamant aussi la fin des frappes israéliennes.

Israël affirme que le Hezbollah dispose toujours d’infrastructures de combat – y compris de lance-roquettes dans le sud du Liban – et qualifie cet état de fait de « violation flagrante des accords entre Israël et le Liban ». Le pays affirme que les cinq positions conservées par les soldats de Tsahal sont nécessaires pour assurer la défense du nord d’Israël contre la menace du Hezbollah – qui avait planifié une attaque similaire à celle qui avait été menée par le Hamas, le 7 octobre 2023, contre les communautés du nord.

Une source française proche des services diplomatiques a fait savoir que la reconstruction ne se concrétiserait pas si Israël continuait ses bombardements et si le gouvernement libanais n’agissait pas assez rapidement en matière de désarmement.

Les donateurs souhaitent également que Beyrouth adopte des réformes économiques.

Hashem Haidar, chef du Conseil gouvernemental pour le Sud, dit que l’État ne dispose pas des fonds nécessaires à la reconstruction, mais il fait état de progrès dans le déblaiement des décombres. La Banque mondiale estime qu’il faudra une enveloppe de 11 milliards de dollars pour financer la reconstruction et le redressement du pays du Cèdre.

Des gens posent pour une photo sur un lance-roquettes du Hezbollah brûlé dans le village de Kfar Tibnit, au sud du Liban, le 27 novembre 2024. (Crédit : Mahmoud Zayat/AFP)

À Nabatieh, un tas de décombres marque l’endroit où se trouvait autrefois le magasin de Khalil Tarhini, 71 ans. Un commerce qui fait partie des dizaines de magasins qui ont été détruits par les bombardements israéliens sur le marché situé au centre de la ville.

L’homme n’a reçu aucune indemnisation, et il ne voit guère l’intérêt de voter. Il exprime un sentiment d’abandon en déclarant : « L’État ne nous a pas soutenus ».

La situation était très différente en 2006, après une guerre antérieure qui avait opposé le Hezbollah et Israël. L’Iran et les États arabes du Golfe avaient alors apporté leur aide.

Le Hezbollah avait affirmé avoir aidé 400 000 personnes – en payant des loyers, du mobilier ou des travaux de rénovation. Mais les fonds dont il dispose dorénavant semblent bien inférieurs à ceux de 2006, selon ses bénéficiaires directs.

Le Hezbollah explique que les autorités de l’État entravent dorénavant l’arrivée des fonds en provenance d’Iran – même si Téhéran est également plus à court d’argent qu’il ne l’était il y a vingt ans – avec le durcissement des sanctions américaines et la réimposition d’une politique de « pressions maximales » de la part de Washington.

En ce qui concerne les États du Golfe, leurs dépenses en faveur du Liban se sont taries au fur et à mesure de l’implication du groupe terroriste dans un plus grand nombre de conflits régionaux. Emboîtant le pas aux États-Unis, ils l’ont inscrit sur la liste noire des organisations terroristes en 2016. L’Arabie saoudite, pour sa part, a épousé le même positionnement que celui du gouvernement libanais en faveur dun monopole de l’État sur les armes.

Hassan Fadlallah, un député du Hezbollah, déclare qu’il incombe au gouvernement d’assurer le financement de la reconstruction et que ce dernier ne semble guère déterminé à prendre des « mesures sérieuses » pour lancer le processus.

Il avertit que le problème risque d’aggraver les divisions au Liban. « Comment une partie de la nation peut-elle être stable alors qu’une autre souffre ? », interroge-t-il en faisant référence aux communautés chiites du sud et d’autres régions du pays qui ont été durement touchées par Israël – y compris en ce qui concerne la banlieue sud de Beyrouth, qui est dominée par le Hezbollah.

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