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Liban : Les hôpitaux au bord de l’explosion alors que le mécontentement gronde contre le Hezbollah

Le camp hostile au Hezbollah s'élève contre l'escalade, appelant Hassan Nasrallah à "redescendre"

Des secouristes libanais transportant un blessé après l'explosion de son biper portatif lors d'une attaque imputée à Israël contre les terroristes du Hezbollah, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP)
Des secouristes libanais transportant un blessé après l'explosion de son biper portatif lors d'une attaque imputée à Israël contre les terroristes du Hezbollah, dans la ville portuaire de Sidon, au sud du Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP)

Les cliniques privées du Liban – qui accueillent 85 % de tous les lits d’hôpitaux du pays – n’ont plus aucune place après les attaques qui, la semaine dernière, ont pris pour cible les appareils de communication des membres du Hezbollah, a annoncé Sleiman Haroun, qui est le président du Syndicat des hôpitaux privés au Liban.

Haroun a ainsi déclaré, ce week-end, à un média défavorable au Hezbollah, C’est Beyrouth, que les hôpitaux ne seraient pas en mesure de faire face à des pressions supplémentaires pendant au moins trois semaines, de nombreux blessés nécessitant des soins intensifs et diverses interventions chirurgicales.

De son côté, la chaîne d’information israélienne N12 a repris des propos tenus par des sources proches de services de sécurité étrangers qui, sous couvert d’anonymat, ont indiqué que ces attaques étaient considérées comme « réussies » en raison du grand nombre de blessés – ce qui a mis à rude épreuve le système de santé libanais, renforçant ainsi les pressions intérieures qui sont exercées sur le Hezbollah.

Israël n’a pas revendiqué ces attaques, mais leur origine est largement attribuée à l’État juif.

L’impact de cette attaque sur le système de santé libanais est indéniable.

Haroun a prévenu que si les tensions à la frontière israélo-libanaise devaient aboutir à un véritable conflit, les hôpitaux libanais auraient du mal à prendre en charge un nouvel afflux de blessés.

Il a comparé la situation actuelle aux conséquences de l’explosion survenue en 2020 dans le port de Beyrouth qui avait fait plus de 200 morts et 7 000 blessés. Il a néanmoins précisé que les blessures causées par les attaques récentes étaient, de manière générale, beaucoup plus graves et que la plupart des victimes avaient dû être hospitalisées après leur passage aux urgences, où elles avaient reçu les premiers soins.

Des personnes donnent leur sang pour lés personnes blessées lors de l’explosion de leurs bipeurs dans un centre de la Croix-Rouge, au sein de la ville portuaire de Sidon, au Liban, le 17 septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Mohammed Zaatari)

Le ministère de la Santé de Beyrouth s’est engagé à couvrir les frais nécessaires pour la prise en charge de tous les blessés, promettant de débourser les 11 millions de dollars alloués par le gouvernement pour faire face aux conséquences des attaques. Toutefois, le média libanais a souligné que le gouvernement, qui est à court d’argent, avait fait des promesses similaires dans le sillage de l’explosion du port mais que les factures n’ont toujours pas été payées.

Le personnel, dans les hôpitaux libanais, se heurterait à la gravité de nombreuses blessures, pratiquant des opérations chirurgicales complexes visant à reconstituer des visages ou à sauver des membres de l’amputation. C’est Beyrouth a évoqué des scènes difficiles à l’intérieur des salles d’opération, avec des professionnels de la santé « qui reconstruisent des visages défigurés, qui sauvent des yeux, qui reconstituent des lèvres, des nez et qui réparent des peaux et des muscles déchiquetés ».

« Dans certains cas, tout le visage avait disparu » a commenté un ophtalmologiste qui témoignait sous couvert d’anonymat et qui a ajouté que les « victimes collatérales » étaient souvent aussi grièvement touchées que les propriétaires des appareils qui ont explosé.

Les informations faisant état de défigurations effrayantes ont été confirmées par des médecins libanais qui ont été interrogés par le New York Times. Ils ont ainsi décrit « des yeux qui sont sortis de leurs orbites. Des visages déchiquetés par des tessons de plastique brûlants. Des mains et des doigts tellement mutilés que les médecins n’ont eu d’autre choix que de les amputer ».

Pierre Mardelli, un ophtalmologiste qui a été cité par le journal, a raconté qu’il avait été placé dans l’obligation de suturer des plaies à l’œil, sans anesthésie. Selon lui, l’explosion semble avoir visé les yeux des propriétaires des appareils car les bipeurs ont envoyé des messages d’erreur pendant de longs moments, encourageant leurs propriétaires à les examiner avant qu’ils n’explosent.

Un appareil de communication radio qui a explosé dans la ville de Baalbek, au Liban, le 18 septembre 2024. (Crédit : Suleiman Amhaz/Anadolu/Reuters)

Le Hezbollah sous pression

Depuis le 8 octobre, les forces placées sous la direction du Hezbollah attaquent presque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires stationnés le long de la frontière avec le Liban – des attaques qui, selon le groupe terroriste, viennent en soutien à Gaza dans un contexte de guerre opposant Israël au Hamas au sein de l’enclave côtière.

Jeudi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que les deux attaques commises pendant la semaine contre les appareils de communication de l’organisation « pourraient être considérées comme une déclaration de guerre ». Il a accusé Israël d’avoir utilisé ces opérations pour masquer son incapacité à réaliser une percée militaire contre le groupe terroriste.

Vendredi, une importante frappe israélienne à Beyrouth a permis d’éliminer de nombreux hauts-commandants du Hezbollah – ce qui a entraîné des inquiétudes croissantes, au sein de de la communauté internationale, concernant l’éventualité d’un conflit de grande ampleur.

Au Liban, nombreux sont ceux qui reprochent à Nasrallah d’avoir entraîné le pays dans la guerre.

Dans une tribune cinglante qui a été publiée dans le journal libéral libanais L’Orient-Le Jour, le rédacteur en chef Anthony Samrani a affirmé que Nasrallah avait amené le Liban « au bord du gouffre ».

Samrani a soutenu que les récents revers essuyés par le Hezbollah ont considérablement affaibli les capacités opérationnelles du groupe et qu’ils ont compromis sa chaîne de commandement.

« Sa paranoïa est plus forte que jamais. Comment ses membres communiquent-ils maintenant ? Comment se réunissent-ils sans risquer d’être visés par une nouvelle frappe ? Comment ne pas voir des espions partout ? », s’est-il interrogé.

Des personnes réagissent après l’explosion d’un appareil de communication lors des funérailles de terroristes tuées par l’explosion de centaines de bipeurs au Liban la veille, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 18 septembre 2024. (Crédit : Fadel ITANI / AFP)

« En ouvrant un ‘front de soutien’ à Gaza le 8 octobre, Nasrallah a conduit le Liban au bord du gouffre. Mais c’est Netanyahu qui veut maintenant nous pousser dans le gouffre », a affirmé Samrani. « Israël détruira le Liban avant de détruire le Hezbollah ».

L’ancien rédacteur en chef de L’Orient-Le Jour, Issa Goraieb, a exprimé des sentiments similaires, exhortant le chef terroriste à consentir à la désescalade. « Grimper à un arbre demande de l’audace et de l’habileté. Mais lorsque c’est nécessaire, il faut aussi avoir le courage de redescendre », a-t-il déclaré.

Le journaliste franco-libanais Marc Saikali s’est fait l’écho de ces propos. Dans une tribune publiée dans C’est Beyrouth, Saikali a écrit : « il est difficile de comprendre en quoi le fait d’entraîner le Liban dans la guerre et dans les effusions de sang bénéficie à la population de Gaza ».

« Le chef du Hezbollah est réticent à l’idée de s’engager dans une guerre totale, car il considère qu’il s’agirait d’un suicide militaire et politique. Il a besoin d’une stratégie de sortie pour préserver son influence, mais Benjamin Netanyahu refuse obstinément de lui en fournir une », a-t-il ajouté.

A LIRE – Gebran Bassil : le Liban n’a pas grand-chose à gagner à rentrer en conflit avec Israël

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