Israël en guerre - Jour 346

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Gebran Bassil : le Liban n’a pas grand-chose à gagner à rentrer en conflit avec Israël

L'allié majeur du Hezbollah affirme aussi "qu'aucun pays arabe ne souhaite que le Hamas gagne la guerre”

Gebran Bassil, alors ministre des Affaires étrangères du Liban, en une conférence de presse après une cérémonie de signature d'un accord de coopération diplomatique à Budapest, en Hongrie, le 26 novembre 2019. (Crédit : Attila Kisbenedek/AFP)
Gebran Bassil, alors ministre des Affaires étrangères du Liban, en une conférence de presse après une cérémonie de signature d'un accord de coopération diplomatique à Budapest, en Hongrie, le 26 novembre 2019. (Crédit : Attila Kisbenedek/AFP)

« Pour être honnête, aucun pays arabe ne souhaite que le Hamas gagne la guerre, mais ils ne peuvent pas se permettre de perdre la Palestine et le peuple palestinien de cette façon », a déclaré Gebran Bassil dans une interview accordée début mai à Russia Today et dont les propos ont été traduits par Memri.

L’ancien chef de la diplomatie libanaise, très influent au pays du Cèdre, y affirme aussi que le Liban n’a pas grand-chose à gagner à rentrer en conflit avec l’État hébreu.

Le président du Courant patriotique libre explique qu’il soutient la défense de la frontière libanaise, mais pas une attaque contre Israël.

« Le Liban doit entrer en guerre s’il est attaqué ou quand nous sommes en mesure d’accomplir réellement quelque chose – comme le résultat que nous avions obtenu sur la frontière sud. Mais entrer dans une guerre où le Liban ne prend pas de décision… Le Hezbollah n’a pas décidé quand commencer la guerre et ce n’est pas lui qui décidera du moment choisi pour la terminer. Quand terminer la guerre, c’est quelque chose qui sera décidé par le Hamas et Israël, et ils sont en train de négocier un cessez-le-feu. Le Liban attend, mais il ne se contente pas d’observer les choses en se tenant à la marge. Chaque jour, il y a des martyrs libanais, la ruine, la destruction. Le Liban attend qu’Israël et le Hamas finalisent un accord par l’intermédiaire des médiateurs qataris et égyptiens, et avec l’implication directe des États-Unis. Nous ne soutenons pas cela, » souligne cet allié majeur du groupe terroriste chiite pro-Iran du Hezbollah.

Depuis le lendemain des attaques barbares et sadiques commises par le Hamas palestinien aidé par des civils palestiniens complices, le Hezbollah attaque quotidiennement les communautés israéliennes et les postes militaires le long de la frontière avec des roquettes, des drones, des missiles antichars et d’autres moyens.

Côté israélien, au moins 14 soldats et 11 civils ont été tués dans ces affrontements, selon les autorités. Plusieurs attaques ont également été lancées depuis la Syrie, sans faire de blessés. Selon l’AFP, le Hezbollah a signalé que 313 de ses membres ont été tués par Israël depuis le 8 octobre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 71 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.

Israël a menacé d’entrer en guerre pour forcer le Hezbollah à s’éloigner de la frontière s’il ne recule pas et continue de menacer les communautés du nord, d’où quelque 70 000 personnes ont été évacuées pour échapper aux combats.

Illustration : Un immeuble de Shtula touché par un missile antichar en provenance du Liban, le 8 janvier 2024. (Crédit : Capture d’écran de la Douzième chaîne)

Un organisme du ministère israélien de la Défense, responsable de la reconstruction du nord d’Israël, a déclaré avoir reçu 930 rapports de dommages dans cette zone, dont environ un tiers classés comme modérés à critiques. La majorité concerne des bâtiments résidentiels. Selon un haut responsable de l’establishment de la Défense, qui a requis l’anonymat, la reconstruction dans les endroits les plus touchés pourrait prendre entre plusieurs mois et un an.

Selon la Treizième chaîne israélienne, le conseiller à la sécurité nationale Tzahi Hanegbi a récemment déclaré aux députés que « le gouvernement n’a défini aucun objectif clair concernant le nord, ni dates, ni cibles, ni objectifs stratégiques ».

La semaine dernière, quelques centaines de personnes ont érigé un campement dans le nord d’Israël, appelant à une action urgente pour rétablir la sécurité et permettre aux déplacés de rentrer chez eux.

Le président libanais Michel Aoun prononçant un discours sur l’accord sur la frontière maritime avec Israël au palais présidentiel, à Baabda, à l’est de Beyrouth, au Liban, le 13 octobre 2022. (Crédit : Dalati Nohra via AP)

À la question de comprendre ce qui se passe dans le sud-Liban, le gendre du général et dernier président du Liban, Michel Aoun, répond : « C’est la moitié d’une guerre. Nous sommes au beau milieu de la moitié d’une guerre. Le Hezbollah croit qu’il est en train de réussir quelque chose avec cette guerre, avec son soutien à Gaza. Nous sommes en désaccord avec ces actions. Nous pensons que nous ne devons pas revenir à la situation qui était celle de la veille du 7 octobre. Nous reviendrons à l’équation de 2006. En conséquence, je ne pense pas que cette guerre amènera le Liban à regagner les Fermes de Chebba [mont Dov, ndT], à obtenir des garanties concernant le pétrole et le gaz, à assurer le retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres ou à assurer le retour des déplacés syriens sur les terres qui sont les leurs. Les Libanais ne rétabliront aucun droit avec cette guerre. La démarcation de la frontière terrestre n’est pas un accomplissement réel. Il aurait pu être obtenu par voie diplomatique à n’importe quel moment, sans pour autant recourir à la guerre. »

« Il ne peut pas y avoir une situation où nous, les résidents de la Galilée, payons le prix de l’échec des accords diplomatiques qui n’ont pas été appliqués », a déclaré un kibboutznik à l’AFP, faisant référence à la fameuse résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Celle-ci avait mis fin à la Seconde Guerre du Liban en 2006 et appelle au désarmement de toutes les forces armées non étatiques au Liban, ainsi qu’à la libération de la région située entre la frontière israélo-libanaise et le fleuve Litani de toutes les forces armées autres que l’armée libanaise et la mission de maintien de la paix de l’ONU, la FINUL.

Ces clauses de la résolution n’ont jamais été appliquées et le Hezbollah est devenu un groupe terroriste lourdement armé. Il affirme disposer de dizaines de milliers de terroristes et posséderait un arsenal de quelque 150 000 roquettes et missiles de différents types.

A LIRE : Un Libanais sur trois vit dans la pauvreté – Banque Mondiale

« Nous soutenons la défense du Liban mais nous ne soutenons pas l’attaque lancée contre Israël parce que nous ne pensons pas que ce soit quelque chose de profitable de voir le Liban assumer la charge de tout le fardeau, seul. Il y a d’autres fronts. Le front irakien n’est plus actif, n’est-ce pas ? Dès le début, le président Al-Assad s’est abstenu d’impliquer la Syrie dans la guerre. L’Égypte et la Jordanie ne sont pas entrés en guerre. Pourquoi le Liban veut-il entrer en guerre, même s’il ne s’agit que de la moitié d’une guerre ?, » interroge celui qui est à la tête de la principale formation chrétienne libanaise.

Le Hezbollah a annoncé être prêt à continuer la guerre jusqu’à l’élection présidentielle américaine de novembre. Dans un discours prononcé à la mémoire du président iranien Ebrahim Raissi, décédé dans un crash d’hélicoptère le 19 mai dernier, Hassan Nasrallah, le chef de l’organisation terroriste, a aussi promis de nouvelles surprises au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d’un discours télévisé à la fin de la période de deuil après la mort de sa mère, à Beyrouth, le 28 mai 2024. (Crédit : Capture d’écran ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Le président, Joe Biden, a annoncé vendredi une feuille de route israélienne en vue d’un cessez-le-feu qui a été transmise au Hamas par le Qatar.

Le bureau du Premier ministre israélien a cependant déclaré que les conditions d’Israël pour stopper la guerre n’ont pas changé : “la destruction des capacités armées et gouvernementales du Hamas, la libération de tous les otages et l’assurance que Gaza ne posera plus de menace à Israël.”

Le secrétaire américain Mike Pompeo avait accusé en novembre 2020 Bassil, l’homme surnommé à l’époque de la présidence d’Aoun, « le président de l’ombre », d’avoir « contribué au système de corruption et de favoritisme politique qui sévit au Liban, qui a aidé et encouragé les activités déstabilisatrices du Hezbollah, » ce qui lui vaut de faire l’objet de sanctions financières par l’administration de Donald Trump.

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