L’INPA face aux effets de la guerre sur la nature et à l’invasion de canidés de Gaza
L'Autorité israélienne de la nature a terminé 2023 avec un déficit de 150 M de shekels, un de ses employés est otage du Hamas, 310 sont des réservistes mobilisés et 118 ont été évacués de leur domicile
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Depuis le début de la guerre contre le Hamas, des centaines de chiens sauvages de la bande de Gaza sont entrés en Israël, et l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) a les mains liées, car elle ne peut pratiquement rien faire sans l’aval des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, a indiqué lundi le Dr Yehoshua Shkedy, chercheur en chef de l’INPA.
Le 7 octobre, des milliers de terroristes du Hamas ont pénétré en Israël par la barrière frontalière qui le sépare de la bande de Gaza, tuant près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et en kidnappant 253 autres pour les ramener comme otages dans l’enclave.
Selon Koby Sofer, inspecteur de l’INPA pour la zone frontalière nord de la bande de Gaza, près d’un millier de chiens ont pénétré en Israël depuis cette date. Il a cité des rapports faisant état de meutes poursuivant des gazelles et effrayant des soldats.
Comme il n’y a pas de cas de rage connu à Gaza pour le moment, les chiens ne devraient pas être infectés, a indiqué Shkedy, mais ils pourraient être dangereux.
Il y a quatre ans, un petit enfant bédouin du Neguev, dans le sud d’Israël, où le problème des chiens sauvages est très répandu, est mort des suites d’une morsure d’un chien errant.
L’INPA est autorisé à tuer les chiens sauvages dans les réserves naturelles et dans un rayon de 500 mètres autour de celles-ci.
Cependant, les réserves naturelles sont petites le long de la frontière de Gaza.
L’INPA a donc demandé à la ministre de l’Environnement, Idit Silman, d’obtenir du ministère de l’Agriculture l’autorisation d’abattre les chiens en dehors de ces limites.
Les inspecteurs qui parviennent à attraper des chiens sauvages les remettent à l’autorité locale la plus proche, a ajouté Shkedy.
L’afflux de chiens n’est toutefois qu’une des conséquences négatives de la guerre, comme l’ont souligné les responsables de l’INPA lors d’une conférence de presse tenue lundi.
Raya Shourky, PDG de l’INPA, a révélé que l’un des employés de longue date de l’INPA, Ohad Yahalomi, qui était chargé de patrouiller dans le sud d’Israël, avait été enlevé et se trouve entre les mains du Hamas.

Sur un effectif total de 1 300 personnes, 310 employés ont été mobilisés pour rejoindre les rangs des réservistes de Tsahal, 118 ont été évacués de leur domicile, et 19 sites de l’INPA sont toujours fermés au public.
Près de 80 000 soldats et résidents de communautés évacuées ont été hébergés gratuitement dans des parcs nationaux et des réserves naturelles depuis le début de la guerre, a ajouté Shourky.
Depuis le 7 octobre, les touristes étrangers se font rarissimes.
Shourky a déclaré que l’autorité a terminé 2023 avec un déficit de 150 millions de shekels, la contraignant à geler les appels d’offres, à limiter le paiement des heures supplémentaires et à licencier plus de 500 employés saisonniers.
Shourky et Shkedy ont tous deux déploré les dommages considérables causés aux espaces ouverts dans le nord et le sud du pays par les véhicules militaires de Tsahal, ainsi que par les projectiles tirés depuis Gaza par le groupe terroriste palestinien du Hamas et depuis le Liban par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran.

Dans de nombreux endroits, l’armée a laissé des tas de déchets, même si les choses s’améliorent, ont-ils déclaré. Des projets tels que la construction de nouvelles routes pour les chars le long des rivières Dishon et Aviv, dans le nord d’Israël, ont non seulement endommagé les écosystèmes, mais aussi laissé des tas de décombres. Des zones du mont Hermon, dans l’extrême nord du pays, ont également été endommagées.
Shkedy s’est dit effrayé par les conséquences de la guerre, qui verra l’établissement de nouvelles bases militaires dans le nord et de nouveaux ouvrages militaires le long de la frontière avec Gaza, avec toutes les infrastructures que cela implique.
Il craint de nouvelles constructions sur les espaces ouverts adjacents aux communautés les plus touchées par l’assaut du Hamas le 7 octobre, ainsi que l’augmentation du bruit, de la lumière et l’entrée d’espèces allogènes qui en résulterait.

Depuis le 7 octobre, 16 animaux sauvages sont morts d’empoisonnement, contre six au cours de la même période l’année dernière, a rapporté Shkedy. Parmi les victimes on compte sept gazelles près de la frontière de Gaza, dont cinq femelles enceintes.
L’autorité fait depuis longtemps pression sur le ministère de l’Agriculture pour qu’il impose des règles plus strictes sur les types de poisons que les agriculteurs peuvent acheter et pour qu’il prévoie des sanctions plus sévères pour les auteurs de ces empoisonnements, mais en vain.