L’Iran progresse dans la quantité d’uranium enrichi
Un porte-parole indique aussi que Téhéran a amassé 108 kg d'uranium enrichi à une pureté de 20 %, se rapprochant de l'arme nucléaire et violant encore une fois l'accord de 2015
L’Iran a expliqué mardi avoir produit 6,5 kilogrammes d’uranium enrichi à un degré de pureté de 60 % et 108 kilogrammes d’uranium enrichi à un degré de pureté de 20 % en l’espace de cinq mois, autrement dit le régime islamique est très en avance sur le calendrier qui avait été établi dans une loi adoptée en début d’année par Téhéran.
Ces résultats rapprochent la république islamique du niveau requis de 90 % de pureté, nécessaire pour la fabrication d’une arme nucléaire.
Cette annonce a lieu alors que des négociations sont actuellement en cours, à Vienne, afin de remettre sur les rails l’accord du nucléaire de 2015 qui réduisait le programme nucléaire iranien en échange d’une diminution des sanctions appliquées au régime islamique. L’Iran n’a cessé de violer les règles initiales de l’accord depuis que l’administration Trump s’en est retirée unilatéralement en 2018.
« En vertu de la loi parlementaire… L’organisation de l’énergie atomique était supposée produire 120 kilogrammes d’uranium enrichi en un an. Selon les dernières informations, nous avons dorénavant produit 108 kilogrammes d’uranium enrichi à 20 % au cours des cinq derniers mois », aurait déclaré Ali Rabiei, porte-parole du gouvernement, aux médias d’État, cité par l’agence Reuters.
« En ce qui concerne la production d’uranium à 60 %, pendant la courte période qui vient de se dérouler… environ 6,5 kilos ont été produits », a-t-il ajouté.
L’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA) a fait savoir, le mois dernier, qu’il n’avait pas été en mesure d’accéder à des données importantes pour le contrôle du programme nucléaire de l’Iran depuis fin février dernier, lorsque la république islamique avait commencé à restreindre les inspections internationales de ses structures.
L’AIEA a tenu ces propos dans un rapport qui avait estimé qu’en date du 22 mai, le stock de la république islamique incluait 62,8 kilogrammes d’uranium enrichi à 20 % et 2,4 kilos d’uranium enrichi à 60 % – soit bien au-delà du degré de pureté de 3,67 % autorisé dans l’accord.
Dans le même rapport, l’Agence avait, pour la première fois, retransmis des estimations sur les stocks iraniens plutôt que de donner des chiffres précis, affirmant que le stock total était de 3 241 kilos – contre 273 kilos dans le précédent bulletin trimestriel.
Ce dernier chiffre avait marqué une baisse par rapport au rapport trimestriel encore antérieur, où le stock avait presque atteint les 525 kilogrammes.
Même si les raisons qui avaient entraîné cette baisse n’avaient pas été déterminées, elle avait eu lieu alors qu’une explosion, au mois d’avril, s’était produite dans la structure nucléaire souterraine de Natanz, détruisant des centrifugeuses. L’Iran n’a jamais expliqué précisément ce qu’il s’était passé dans cette attaque que la république islamique avait qualifiée « d’acte de terrorisme nucléaire ». L’État d’Israël, soupçonné d’être à l’origine de l’agression ayant entraîné cette explosion, n’a jamais commenté publiquement cet événement.
L’accord nucléaire qui a été signé en 2015 avec les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie n’autorise l’Iran qu’à conserver un stock total de 202,8 kilogrammes d’uranium enrichi.
Les leaders du G7 et les membres de l’OTAN ont réaffirmé lundi leur engagement à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire. Les diplomates n’appartenant pas à l’Union européenne ont averti que les négociations avec Téhéran visant à sauver l’accord sur le nucléaire de 2015 nécessiteraient plus de temps.
Le diplomate de l’Union européenne Enrique Mora, qui chapeaute les discussions sur le nucléaire iranien à Vienne, a par ailleurs démenti mardi soir avoir sollicité l’intervention de la police pour déloger des manifestants de l’opposition au régime de Téhéran, jugés trop bruyants.
« A deux reprises, des délégations se sont plaintes de la présence de manifestants près du lieu » des négociations, a expliqué M. Mora aux journalistes réunis devant l’hôtel de luxe de la capitale autrichienne où se tiennent les pourparlers depuis début avril.
« L’utilisation de haut-parleurs à pleine puissance tout la journée, avec de la musique et des slogans », agaçait certains représentants des Etats participants (Iran, Chine, Russie, France, Allemagne, Royaume-Uni). « A deux occasions, j’ai signalé ces plaintes aux autorités autrichiennes, ce qui est mon devoir en tant que coordinateur des discussions », a poursuivi le diplomate européen.
Dans la foulée, la police a demandé aux protestataires de se déplacer lors de la reprise des pourparlers samedi dernier. « Je n’ai jamais été informé de ces mesures (…) je n’ai pas été impliqué dans ce qui s’est passé », a assuré Enrique Mora, insistant sur « son respect du droit de manifester ».
Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, opposition en exil) avait auparavant dénoncé dans un communiqué l’action des forces de l’ordre.
« Nous estimons qu’il s’agit d’une violation de la liberté d’expression », a réagi mardi leur porte-parole Ehsan Ayatollahi, contacté par l’AFP.
Toutefois, « nous avons accepté de tenir notre manifestation un peu plus loin », a-t-il dit. « Nous avons un ennemi : le régime iranien et nous n’avons attaqué personne de l’UE ou des autorités autrichiennes », a-t-il poursuivi, tout en précisant que « d’autres organisations » ne souhaitaient pas obtempérer.