M. Habib: « Quand la colère des gilets jaunes est récupérée par les antisémites »
Le député a fait l'objet d'une longue vidéo antisémite dont le thème est "pourquoi les sionistes en veulent-ils aux gilets jaunes"

Le député des Français de l’étranger de la 8e circonscription, et ancien vice-président du Crif, Meyer Habib, s’est inquiété de voir le mouvement des « gilets jaunes » phagocyté par « les antisémites de tous bords ».
« Au-delà des revendications souvent légitimes des ‘Gilets jaunes’, je suis inquiet de la dérive antisémite d’une petite fraction qui se revendique du mouvement, » a écrit le député via son compte Facebook en produisant de nombreuses affiches au contenu antisémite.
Il évoque également une « vidéo anonyme délirante de 41.54 minutes publiée sur YouTube sous le titre ‘pourquoi les sionistes en veulent aux gilets jaunes ?' »
« Cette publication, suintant la haine et l’obsession antisioniste, est intégralement dirigée contre ma personne et comporte des menaces directes, » s’inquiète-t-il.
Autre exemple de message retrouvé au fil du net:
Lors de la dernière manifestation du samedi 8 décembre, les synagogues à proximité des Champs Elysées ont jugé plus prudent de fermer leurs portes aux fidèles par craintes d’actions violentes. Le Grand Rabbin de France a appelé à cette occasion à « réciter la prière pour la République Française avec une intensité singulière ».
« Ces héritiers du poujadisme, continue Meyer Habib, profitent de ce mouvement au départ spontané et des angoisses populaires pour recycler une bonne vieille recette antisémite, mère de tous les pogroms ».
Au delà des affiches et des contenus diffusés sur différentes plate-formes, plusieurs personnalités antisémites ont battu le pavé en arborant le gilet jaune.
L’un d’entre eux, le négationniste Hervé Ryssen s’est même retrouvé en Une du dernier numéro de Paris Match.
L’hebdomadaire l’a mis en Une jeudi 6 décembre, sans savoir qui il était, face à un gendarme mobile, une couverture « consternante » pour la Licra.
Sur la photo prise par une photographe d’agence pendant la manifestation parisienne de samedi, le militant d’extrême droite en « gilet jaune », de profil, porte un drapeau tricolore et discute avec un gendarme mobile casqué devant l’Arc de Triomphe.
« Les gilets jaunes auront donc permis à un négationniste antisémite, admirateur de Faurisson, de faire la couverture de Paris-Match par effraction », a regretté de son côté la reporter du Monde Ariane Chemin.
Hervé Lalin (dit Ryssen), ex-membre du Front National, a été condamné à de la prison à plusieurs reprises pour des messages antisémites, sur les réseaux sociaux, son blog ou dans ses livres.
« La photographie a été choisie comme emblématique de la journée violente du samedi 1er décembre », a répondu le directeur de la rédaction de Paris Match, Olivier Royant dans un communiqué.
« Cette photographie fortuite révèle néanmoins l’infiltration du mouvement des gilets jaunes par les extrémistes, notamment, de l’ultra-droite. C’est ainsi que cet individu s’est retrouvé en couverture de notre magazine », poursuit Olivier Royant, rappelant que le magazine du groupe Lagardère combat « sans ambiguïté (…) toutes les formes de racisme et d’antisémitisme ».
« Tout le monde l’avait identifié, sauf Paris Match, apparemment », a condamné l’historien de la presse Christian Delporte sur Twitter. » En toute responsabilité, (…) ce numéro devrait aller au pilon ».
Avant Ryssen, d’autres militants d’extrême-droite s’étaient fait remarquer dans de précédentes manifestations des ‘gilets jaunes’.
On a noté à plusieurs reprises la présence de Dieudonné, le polémiste jugé coupable à plusieurs reprises d’incitations à la haine et à la violence contre les juifs.
#Giletsjaunes : à Paris, des groupuscules d’extrême droite s’affichent: GUD ; catholiques traditionalistes de la fraternité Saint Pie X ; royalistes ; Yvan Benedetti l’ex-président de l’Œuvre française https://t.co/6gpoIhdQwG
— Marine Turchi (@marineturchi) 1 décembre 2018
héhervé
Lors des manifestations parisiennes du 1er décembre, le quotidien Libération a ainsi repéré « aux abords de la place de l’Etoile Yvan Benedetti, ancien président du groupe ultranationaliste ‘L’œuvre française’, dissous en 2013 après la mort de Clément Méric. Place des Ternes, de nombreux graffitis du GUD (Groupe Union Défense), une organisation étudiante d’extrême droite, ont été réalisés sur les devantures de commerces et sur le mobilier urbain ».
L’Oeuvre française n’est pas seulement ultranationaliste, il regroupe aussi des nostalgiques du maréchal Pétain et des antisémites. Ce groupe, très proche du Front National (FN, aujourd’hui RN) avant son changement de dénomination, se présente comme « à la pointe du combat nationaliste, de l’action anti-sioniste et anti-marxiste au sein de la nation française ».
Marianne signale également la présence d’Axel Lousteau conseiller régional du Rassemblement national (RN), proche de Marine Le Pen et ancien membre du GUD. L’hebdomadaire évoque aussi la présence de plusieurs formations d’extrême-gauche comme les Black Blocs.
Plusieurs groupuscules catholiques intégristes, « notamment de la fraternité Saint Pie X, de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet sont aussi présents, » note également Libération. La fraternité sacerdotale Saint Pie X, dont le fondateur Mgr Marcel Lefebvre a été excommunié en 1988, a été épinglée à plusieurs reprises pour la diffusion de propos antisémites.