Macron dénonce un antisémitisme qui essaime à « l’extrême-gauche » en remettant un prix à Arthur et Sophia Aram
L'animateur a appelé à ne pas céder face à l'antisémitisme « parce que ça commence toujours par les Juifs, et puis ça déborde, ça engloutit, ça emporte tout », tandis que Sophia Aram a rappelé que « la République ne se divise pas »

Emmanuel Macron a dénoncé mercredi un antisémitisme qui a « essaimé » de l’extrême-droite jusqu’à « certains rangs de l’extrême-gauche et de la gauche », en remettant le Prix Jean Pierre-Bloch de la Licra à l’humoriste Sophia Aram et l’animateur Arthur.
« Le poison antisémite n’est constitué que d’un seul ingrédient, la haine […] une haine née à l’extrême-droite, qui a prospéré à l’extrême-droite et qui a su essaimer au-delà de l’extrême-droite », a-t-il lancé lors de la remise du prix, dédié à la lutte contre l’antisémitisme, à l’Élysée.
« Et aujourd’hui malheureusement jusqu’à certains rangs de l’extrême-gauche et de la gauche pour qui l’antisionisme fait office d’alibi à l’expression de l’antisémitisme », a-t-il ajouté.
La France insoumise (LFI) est régulièrement accusée d’ambiguïtés sur cette question, notamment depuis le 7 octobre 2023. Dernière en date : les propos de Jean-Luc Mélenchon, chef du parti, qui estime que les patrons de presse « vous couperaient les cheveux pour en faire des édredons s’ils le pouvaient », une phrase que beaucoup ont perçue comme une référence à la pratique nazie qui consistait à tondre les cheveux des Juifs dans les camps.
Depuis le 12 mars, LFI est aussi critiqué à cause d’un visuel présentant le visage de Cyril Hanouna, Juif d’origine tunisienne et animateur proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
Cette représentation, qui reprend les codes de certaines affiches antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie, a valu au parti une condamnation en référé pour « atteinte [au] droit à l’image ».

« Il ne suffit pas d’être contre l’extrême-droite pour être pour la République lorsqu’on propage des propos antisionistes et antisémites, de la même façon qu’il ne suffit pas d’être contre l’extrême-gauche pour protéger les Juifs quand on va au secours de ceux qui ont eux-mêmes servi le négationnisme », a martelé Emmanuel Macron, pointant aussi du doigt le Rassemblement national.
Le chef de l’État a salué en Sophia Aram et Arthur deux visages de la « fraternité française ». « Être Français aujourd’hui […] ce n’est ni votre sang, ni votre origine, ni votre religion […] C’est une volonté ! », a-t-il dit.
« Comme tous les Juifs de France, je vis désormais avec une peur qui ne me quitte plus », a lancé Arthur, dénonçant « le silence » de ceux qui « se levaient [autrefois] pour toutes les causes ».
« Depuis le 7 octobre, j’ai parlé. Fort. Parfois avec maladresse, souvent avec colère », a poursuivi l’animateur. « Mais j’ai parlé pour rester debout, pour ne pas tomber, pour ne pas devenir fou […] Je parle pour ne pas
m’éteindre. »

Arthur, qui s’est souvent exprimé sur le regain d’antisémitisme en France depuis l’attaque du Hamas, a appelé dans son discours à tenir « la ligne ». « Tenez la ligne avant que les dernières digues ne cessent, tenez-la comme on tient les mains d’un enfant, tenez-la comme on tient une promesse qu’on ne peut pas trahir. Parce que ça commence toujours par les Juifs, et puis ça déborde, ça engloutit, ça emporte tout. »
« L’humanisme ne se divise pas en races et la République ne se divise pas en communautés parce que la République ne se divise pas », a renchéri Sophia Aram, fervente défenseure de la laïcité.
« Je suis née dans un monde où Jean-Marie Le Pen était déjà antisémite, et Jean-Luc Mélenchon ne l’était pas encore […] Personne à l’époque n’aurait pu confondre l’extrême-droite avec un rempart contre quoique ce soit, ni considérer le hijab [voile islamique] comme un embellissement. »

« Pour ceux qui se demandent où peut bien nous conduire un monde dans lequel on mêle de plus en plus politique, race et religion… et bien, ouvre un livre d’histoire et vous aurez la réponse », a-t-elle conclu.