Israël en guerre - Jour 593

Rechercher

Malgré l’attaque fatale, les baigneurs continuent de provoquer les requins à Hadera

Quelques jours après la mort d'un plongeur, les visiteurs cherchent à nouveau à entrer en contact avec les squales - et il est impossible de faire respecter la loi

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un requin passe à côté d'un groupe d'hommes au large de la côte méditerranéenne, dans le parc de Hadera Stream, au centre d'Israël, le 25 avril 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)
Un requin passe à côté d'un groupe d'hommes au large de la côte méditerranéenne, dans le parc de Hadera Stream, au centre d'Israël, le 25 avril 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Quatre jours après la mort d’un plongeur qui avait été attaqué par un requin au large de la côte de Hadera et trois jours après l’annonce, par la police, de la fermeture de la plage, la vie reprend, pendant le week-end, son cours habituel – avec de nombreux curieux qui sont venus pour tenter de voir les squales de plus près, ces derniers ayant afflué dans le secteur.

Ainsi, aux environs de 14 heures 30, vendredi, certaines personnes présentes, de l’eau jusqu’aux cuisses, jettent des poissons morts aux requins afin de les faire se rapprocher de la rive. Pas en seul policier, pas une seule patrouille en vue.

Sergio, venu de Taybé, une ville du centre d’Israël, s’approche à seulement quelques mètres du prédateur, lui lançant un poisson mort. « Vous avez vu quand je lui ai jeté le poisson et qu’il l’a mangé ? », demande-t-il avec enthousiasme à la journaliste que je suis. J’ai pour ma part plongé dans la mer tout habillée (mais à une distance sûre des squales) pour les besoins de ce reportage.

Sergio est venu en compagnie de son épouse et de son jeune enfant. Il déclare n’avoir vu aucune patrouille depuis que la famille est arrivée, vers 11 heures du matin.

« Je n’ai pas peur », commente de son côté Liav, qui est originaire de Givat Olga, une banlieue de Hadera, en quittant le groupe d’hommes qui, dans l’eau, lancent des appâts aux requins. Sortant de la mer, il ajoute : « C’est amusant ! »

Fuad, de Fureidis, confie également ne pas être effrayé – il explique avoir vu le jour dans une famille de pêcheurs et qu’il ne s’est pas aventuré dans les eaux profondes comme l’avait fait Barak Tzach, un plongeur de 45 ans originaire de Petah Tikva, qui était père de quatre enfants et qui a été tué par un ou plusieurs requins dans la journée de lundi.

Un requin passe à côté d’un groupe d’hommes au large de la côte méditerranéenne, dans le parc de Hadera Stream, au centre d’Israël, le 25 avril 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Un adolescent orthodoxe qui est venu accompagné d’un groupe provenant d’une yeshiva voisine refuse de donner son nom. Il explique toutefois qu’il a rejoint les hommes, dans l’eau, parce qu’il « aime la nature ».

Lors de leurs échanges avec le Times of Israel, certains disent avoir vu la vidéo extraite d’un entretien diffusé, dans la soirée de mardi, sur la chaîne d’information N12, une séquence devenue virale – le porte-parole de la police, Aryeh Doron, insiste alors sur la fermeture aux touristes de la plage, avec des badauds qui se promènent précisément en arrière-plan.

Barak Tzach (Facebook)

À 15 heures, une voiture de patrouille en provenance de Hadera fait son arrivée. L’homme qui conduit le véhicule réprimande l’un des individus qui, dans l’eau, jette des poissons aux requins – et il repart ensuite. Quatre policiers se présentent sur la plage à 16 heures – mais tout le monde a alors rejoint le rivage.

La police et l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) ont fait savoir que la plage relevait de la responsabilité territoriale des autorités locales de Hadera, les seules à même d’y faire respecter la loi. Ni la municipalité de Hadera ni la compagnie d’électricité israélienne n’ont répondu à nos demandes de renseignements.

L’attaque – qui a été le premier incident mortel de ce type à avoir été signalé au large de la côte méditerranéenne d’Israël depuis 1946 – a eu lieu dans la journée de lundi, à proximité de l’endroit où la rivière Hadera se jette dans la mer.

Depuis des années, du mois de novembre au mois de mai, des requins gris s’aventurent dans ces eaux aux températures douces – les eaux sont réchauffées par la centrale électrique Orot Rabin, qui est exploitée par la Compagnie israélienne d’électricité (IEC) – ce qui offre un véritable spectacle au public. De nombreux curieux sont tentés d’entrer dans la mer pour mieux interagir avec les animaux.

Si la cause de l’attaque du requin reste indéterminée, il est possible qu’elle ait résulté de plusieurs facteurs.

Des poissons morts dans le ruisseau Hadera, dans le centre d’Israël, le 20 avril 2025. (Crédit : Aviad Sheinin)

Les requins sont attirés vers l’embouchure de la rivière par un réchauffement soudain de l’eau. La hausse de cette température, qui provoque une baisse soudaine de l’oxygène, entraîne une mortalité massive des poissons, offrant un festin aux prédateurs lorsque les poissons morts sont rejetés dans la mer.

Alors que les squales tentent de s’emparer des poissons, les spectateurs les provoquent, leur tirant la queue et allant parfois jusqu’à les frapper pour obtenir de bonnes photos, comme le montrent les vidéos qui sont actuellement diffusées sur les réseaux sociaux. Certains parents laissent même leurs jeunes enfants s’approcher des requins pour les filmer.

Éducation, clôtures ou amendes ?

Adi Barash, spécialiste des requins à la tête de l’organisation Sharks in Israel – elle fait en même temps ses études de postdoctorat au sein du musée d’histoire naturelle Steinhardt de l’université de Tel Aviv – fait remarquer que l’INPA émet chaque année des avertissements déconseillant de pénétrer dans les eaux où se regroupent les squales.

Elle indique que son association intervient dans les écoles et qu’elle dresse son stand d’information sur les pelouses du Hadera Stream Park tous les samedis – quand il fait beau. Elle note que le stand est par ailleurs resté ouvert de 10 heures à 15 heures pendant les cinq jours de la fête de Pessah. Le groupe organise également des visites sur la plage, permettant aux familles d’en savoir davantage sur les requins et de profiter de leur présence sans trop s’en approcher.

Barash note que la quantité de poissons morts, cette année, a été largement inhabituelle. Elle ajoute que le comportement du public à l’égard des requins s’est détérioré, atteignant un niveau sans précédent.

Squales et être humains se sont habitués les uns aux autres au fil des ans, ce qui a enhardi ces derniers, explique-t-elle.

Un couple se rendant à la plage du Hadera Stream Park contourne une clôture et un panneau avertissant des dangers des requins, le 25 avril 2025. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

« Chaque année au mois d’avril, j’ai peur qu’il se passe quelque chose », s’exclame-t-elle. « Les poissons meurent, ce qui attire les requins dans les eaux peu profondes, et c’est à ce moment-là que les gens commencent à venir [après l’hiver]. Tout ce petit monde se retrouve dans les eaux peu profondes ».

« Il y a eu quelques signalements de requins – une espèce habituellement patiente – qui ont mordu les palmes des plongeurs, qui ont montré de l’irritation » – mais l’attaque mortelle a été un cas « très extrême et nous ne nous attendions absolument pas à quelque chose comme ça ».

« C’est le moment où ils mangent avant de partir », explique-t-elle. « Les requins sont toujours moins patients au mois d’avril. Ils ont besoin de manger parce qu’ils doivent partir. Et nous sommes là. Nous leur tirons la queue, nous nous asseyons sur eux, nous les bloquons et nous faisons tout ce qu’il ne faut pas faire avec des animaux sauvages. Ce comportement était, dans le passé, plus marginal. Cette année, c’est devenu un sport », déplore-t-elle.

Des personnes tentent de s’approcher des requins au Hadera Stream Park, dans le centre d’Israël, le 25 avril 2025. (Crédit : Sue Surkes)

Dans la mesure où les Israéliens ont pour pratique de se baigner sur des plages non-autorisées et non-surveillées, comme celle de Hadera, malgré les avertissements, Barash réclame l’adoption d’une loi spécifique qui interdirait l’accès des êtres humains aux eaux qui sont fréquentées par les requins au large de la côte de Hadera, ainsi qu’un renforcement des mesures de répression à l’encontre des contrevenants.

Elle ajoute que les requins étant des poissons – et que dans la mesure où les poissons, en général, sont définis comme étant une « ressource » marine utilisée par l’Homme – les squales, au niveau légal, sont considérés comme des « biens naturels protégés » et non comme des animaux sauvages. Il est illégal de toucher ou d’attraper les espèces considérées comme des biens naturels protégés, rappelle-t-elle. Dans le cas des animaux sauvages, il est seulement interdit de les tuer ou de les détruire, et même dans ce cas, il faut pouvoir prouver qu’il y a eu préjudice devant les juges.

Des requins nagent dans les eaux de la Méditerranée au large de Hadera, dans le centre d’Israël, le 22 avril 2025. (Crédit : JACK GUEZ / AFP)

Yuval Arbel, directeur-général adjoint de l’organisation de protection de l’environnement marin Zalul, estime, pour sa part, que les clôtures sont inutiles et que le meilleur moyen d’empêcher les gens de harceler les requins reste d’imposer une amende de 2 000 shekels à tout individu qui mettrait un pied dans l’eau.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.