Merkel à Dachau pour commémorer sa libération
"Nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d'être sensibles et bien informés sur ce que nous avons perpétré sous le nazisme"
D’anciens déportés et Angela Merkel se retrouvent dimanche à Dachau (sud de l’Allemagne) pour une commémoration de la libération du camp nazi, qui en cette année du 70e anniversaire prend un relief particulier en raison de la participation exceptionnelle de la chancelière allemande.
Durant ces 12 mois de commémorations de la fin de la barbarie nazie, c’est la seule fois où la dirigeante allemande participera à une cérémonie dans un camp de concentration.
En raison du grand âge des rescapés, ce sera également l’une des dernières occasions où la chancelière, en tant que représentante du gouvernement allemand, et les témoins encore en vie se retrouvent dans ce lieu de mémoire.
Angela Merkel doit s’exprimer vers 12h00 locales (10h00 GMT) après un hommage aux victimes devant l’un des deux fours crématoires de ce camp situé à 17 km au nord-ouest de Munich, le premier crée par le régime nazi, en 1933.
Des dépôts de gerbes et une marche vers la Place d’appel du camp, où périrent plus de 43 000 personnes, sont également prévus.
Plus de 130 survivants et leurs proches devraient à nouveau franchir la porte d’entrée du camp en fer forgée sur laquelle est inscrite la sinistre devise des nazis « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre ») pour venir se recueillir sur les lieux de leur calvaire.
Ce portail a été dérobé durant une nuit de novembre par des inconnus. Une copie a été inaugurée jeudi.
Des responsables du Comité international de Dachau, qui rassemble les rescapés, et le dirigeant du Conseil central des juifs d’Allemagne, Josef Schuster, seront également présents.
Ouvert initialement pour y interner les prisonniers politiques, Dachau a servi de modèle d’organisation pour les autres camps de la mort, de Treblinka à Buchenwald.
Le 29 avril 1945, il avait été libéré par les Américains qui avaient alors découvert l’indicible horreur de la Solution finale. Les images d’archives de l’époque montrant les corps enchevétrés et les survivants hagards, malades et amaigris restent insoutenables.
A la veille de cette commémoration, Angela Merkel a insisté sur la « responsabilité particulière » de l’Allemagne, 70 ans après la fin de l’Holocauste, qui a vu six millions de Juifs exterminés dans la plus grande tentative d’élimination d’un peuple sur la terre.
« Nous, les Allemands, avons une responsabilité particulière, celle d’être attentifs, d’être sensibles et bien informés sur ce que nous avons perpétré sous le nazisme », a souligné dans son message vidéo hebdomadaire Merkel, née en 1954, soit neuf ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mais le « Plus jamais ça ! » prôné par l’Allemagne depuis 1945 signifie également aujourd’hui « veiller à ce que nos idéaux et nos valeurs soient réellement respectés », selon Merkel, qui fut la première chef d’un gouvernement allemand à se rendre à Dachau, en août 2013.
Le président américain Barak Obama a salué mercredi la mémoire des personnes assassinées dans cette usine de la mort, citant un des soldats américains libérateurs qui avait écrit à l’époque: « Il est impossible d’imaginer que de telles choses existent dans un monde civilisé ».
La participation d’Angela Merkel à cette commémoration a été saluée par des rescapés. « C’est un signe de l’amitié franco-allemande si importante pour la paix en Europe après la Guerre », a déclaré à l’AFP Clément Quentin, un ancien déporté de 94 ans qui devait faire le voyage de Dachau.
Dans cette paisible cité verdoyante de Bavière, le camp, ouvert le 22 mars 1933 – soit moins de deux mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir– fut installé tout d’abord dans une usine de munitions à l’abandon avant la construction d’un grand complexe de bâtiments à partir de 1937.Il comprenait 34 baraques dont l’une réservée aux expériences médicales, sur la malaria ou la tuberculose par exemple.
Plus de 206 000 prisonniers venus d’une trentaine de pays y ont été détenus dont l’ancien Premier ministre français, Léon Blum, qui était juif. Plus de 41 000 d’entre eux y furent tués, ou moururent d’épuisement, de faim, de froid ou de maladie.
Les commémorations internationales du 70e anniversaire de l’ouverture des camps ont débuté le 27 janvier à Auschwitz, en Pologne occupée par les nazis.