Israël en guerre - Jour 366

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Michaeli s’insurge après des propos très polémiques tenus sur la Quatorzième chaîne

Les critiques ont accusé la chaîne de droite d'avoir laissé entendre que l'incident survenu sur la frontière égyptienne résultait de relations impudiques entre soldats et soldates

La cheffe du parti Avoda Merav Michaeli lors d'une réunion de sa faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 5 juin 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
La cheffe du parti Avoda Merav Michaeli lors d'une réunion de sa faction, à la Knesset, à Jérusalem, le 5 juin 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Merav Michaeli, présidente du parti Avoda, a critiqué une chaîne de droite, lundi, dont un chroniqueur a récemment tenu des propos laissant entendre que le soldat et le soldate qui ont été tués samedi avaient pu avoir un « comportement impudique ».

L’auteur des coups de feu qui ont mortellement touché les deux jeunes militaires était un policier égyptien qui était entré illégalement en Israël, ouvrant le feu en direction d’un poste militaire qu’ils gardaient avant de d’abattre un autre soldat.

L’attaquant a ensuite été tué.

S’exprimant lors d’une réunion de faction de son parti, Michaeli a déclaré que « les chaînes de la coalition voient un jeune homme et une jeune femme seuls, la nuit, pendant une garde et leur seule pensée, c’est le sexe. Ce n’est pas la responsabilité, ce n’est pas le service, ce n’est pas le courage, ce n’est pas la camaraderie… Ce n’est que le sexe. »

« L’immonde machine à poison de la coalition n’éprouve aucune honte à les insulter, à insulter leur mémoire », a dit Michaeli en évoquant la Quatorzième chaîne, très étroitement liée au Premier ministre Benjamin Netanyahu et à son gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieux. « Honte à cette chaîne, honte au pays », a-t-elle ajouté.

La Quatorzième chaîne a été très critiquée, ces derniers jours, pour les propos tenus par son correspondant militaire, Hallel Bitton Rosen, qui a déclaré devant les caméras, samedi, que « laisser seuls deux soldats de combat, un homme et une femme, pendant douze heures, la nuit… est quelque chose de problématique ».

« Ce n’est pas professionnel et c’est un déshonneur pour les valeurs de l’armée ; c’est une initiative justifiée par un agenda de gauche complètement fou », a renchéri le modérateur du plateau, Boaz Golan.

Le sergent Ori Yitzhak Iluz, 20 ans, et la sergente Lia Ben Nun, 19 ans, gardaient le poste militaire, aux premières heures de la journée de samedi, quand ils ont été tués par les balles de l’attaquant – un policier égyptien appelé Mohamed Salah et âgé de 22 ans. Selon l’enquête préliminaire de Tsahal, tous les deux auraient perdu la vie entre 6 heures et 7 heures du matin.

Un officier envoyé sur les lieux a découvert les corps sans vie de Ben Nun et d’Iluz aux environs de 9 heures du matin. Les responsables militaires ont alors fait état d’un acte terroriste dans la zone, lançant des recherches. L’intrus a enfin été remarqué par un drone et les soldats ont convergé dans sa direction.

Les soldats de combat, le sergent-chef Ohad Dahan, 20 ans, à gauche, la sergente Lia Ben Nun, 19 ans, et le sergent-chef Ori Yitzhak Iluz, à droite, du bataillon Bardelas, abattus à la frontière égyptienne, le 3 juin 2023. (Crédit : Armée israélienne)

L’homme a ouvert le feu en direction des militaires qui se trouvaient alors à 200 mètres de lui – touchant mortellement le sergent Ohad Dahan, 20 ans.

Les trois soldats servaient dans les bataillons mixtes d’infanterie Bardelas et Caracal, dont la mission est de protéger les frontières. Ils ont été inhumés dimanche dans les cimetières militaires de leurs villes d’origine respectives, Safed, Rishon Lezion et Ofakim.

Rosen a nié avoir laissé entendre que les militaires avaient pu se rendre coupable de « comportement impudique », accusant les critiques de diffamation. Il a affirmé qu’il avait seulement déploré l’organisation de longs tours de garde nocturne. « C’est irresponsable de faire des choses comme ça », a-t-il ajouté. « Disons qu’il s’agit de deux femmes ou de deux hommes – mais douze heures, seuls, sur la frontière et sans contact, comme ça ? »

Lundi, Rosen a posté sur Twitter une lettre de mise en demeure écrite pour le compte de la Quatorzième chaîne contre un commentateur sur internet qui avait écrit sur le même réseau social que le média de droite « laisse entendre, en gros, que les deux soldats de combat qui se trouvaient au poste étaient probablement en train d’avoir des relations sexuelles et que c’est à cause de ça qu’ils ont pu être tués ». La chaîne a demandé le retrait du tweet et des excuses.

Dans son discours prononcé lundi, Michaeli a aussi critiqué les médias ultra-orthodoxes qui ont censuré le visage de Ben-Nun dans leur couverture de l’attaque pour des raisons religieuses.

Le site d’information haredi JDN a publié des articles sur l’incident qui étaient accompagnés d’une image composite montrant les visages des victimes masculines, mais seulement l’arrière-plan d’une photo montrant les traits de Ben Nun.

Une autre version a montré une bougie éclairée à la place des portraits de la jeune fille qui avaient été mis à disposition des médias par la famille et par ses amis.

« Dans les médias ultra-orthodoxes, on est tellement obsédé par le sexe qu’on ne montre même pas Lia Ben Nun, » a commenté Michaeli.

« Elle est purement et simplement effacée. A la place d’une photo d’elle, on montre l’image d’une clôture ou d’une bougie. Lia était suffisamment bonne pour donner sa vie pour les protéger, pour garantir qu’ils dormiraient bien pendant la nuit mais, Dieu nous en préserve ! Pas question de lui rendre hommage et de montrer sa photo comme ça a été le cas pour les deux autres soldats. Lia était suffisamment bonne pour entrer dans l’armée dans un pays où les jeunes ultra-orthodoxes sont exemptés de service militaire. Où ils n’ont pas l’obligation de défendre le pays. Où ils n’ont pas l’obligation d’assumer leur part du fardeau », a-t-elle ajouté.

Certains Juifs haredim considèrent que montrer des photos de femmes est impudique et les médias dont le public est très religieux censurent ces images, en particulier dans la presse écrite où cette pratique est définitivement ancrée. Les actes de vandalisme à l’encontre des affiches montrant des images de femmes ne sont pas rares, notamment sur les bus qui traversent les quartiers ultra-orthodoxes.

Les groupes de défense des droits des femmes et d’autres protestent souvent contre cette tendance à effacer les femmes dans les cercles haredim particulièrement pieux. Le fait que cet effacement ait aussi concerné une soldate qui a perdu la vie pour défendre la frontière du pays a été particulièrement mal vécu par de nombreux Israéliens qui ont considéré qu’il s’agissait d’un manque de respect pour la jeune fille et d’un signe de radicalisation.

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