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Moldavie : Un rabbin sauve une vie et remporte des matzot pour sa communauté

Mendy Axelrod a procuré un respirateur et des soins à un malade de la COVID-19 - et s'est assuré une livraison de matzah par l'avion sanitaire qui ramènera le patient chez lui

Une vue de la synagogue 'Habad de Chisinau, dans la capitale de Moldavie. (Crédit : Isabelle Ligner/AFP via Getty Images, JTA)
Une vue de la synagogue 'Habad de Chisinau, dans la capitale de Moldavie. (Crédit : Isabelle Ligner/AFP via Getty Images, JTA)

JTA — La semaine dernière, Mendy Axelrod œuvrait à être sûr que sa communauté juive de Moldavie pourrait avoir un approvisionnement suffisant de matzah, à la veille de Pessah. Ce qui n’est pas une tâche facile, cette année, alors que le trafic aérien et terrestre vers ce petit pays de l’est de l’Europe a été suspendu pour cause de coronavirus.

C’est alors que la (quasi) tragédie est survenue.

Axelrod, un rabbin ‘Habad qui officie dans la capitale de Chisinau, a dû abandonner toutes ses activités pour sauver la vie d’un touriste israélien, un homme âgé d’une quarantaine d’années atteint par une forme grave de la COVID-19 – qui avait mis en jeu son pronostic vital – dans un pays pauvre, doté d’un système de soins fragile qui a été rapidement dépassé par la pandémie de coronavirus.

Le moment n’aurait pas pu être pire. Mais Axelrod, qui s’est installé en Moldavie il y a quatre ans après avoir quitté son pays natal, Israël, a finalement résolu les deux problèmes à la fois, a-t-il raconté à la JTA.

Dimanche, il a obtenu de la firme MedAssis l’assurance que des boîtes de matzot seraient embarquées dans l’avion sanitaire qui s’est envolé de l’Etat juif pour ramener le patient qui est en train de se remettre.

« Les soins administrés au malade ont réclamé beaucoup d’efforts », a expliqué Axelrod. « Nous avons fini par lui acheter un respirateur et par nous occuper de lui dans un appartement loué pour l’occasion » pour éviter l’hospitalisation de l’homme dans le pays. En effet, les hôpitaux publics, là-bas, sont des foyers de propagation des infections et ils manquent de matériel médical.

Axelrod a réussi à s’approvisionner en matzot « shmura », une version plus croustillante et plus chère de pain sans levain qui exige un travail manuel pour s’assurer qu’il ne lèvera pas – une idée trouvée dans un verset de l’Exode qui dit : « vous devez garder les matzot » (« shmurah » signifie « gardée »).

Certains – et c’est notamment le cas du mouvement hassidique ‘Habad-Loubavitch d’Axelrod – considèrent comme une mitzvah, ou un commandement, de consommer de la matzah shmura, car cela permet de respecter le commandement donné de consacrer une attention particulière à la surveillance du pain sans levain.

Axelrod, son épouse Chaya Mushka et d’autres émissaires ‘Habad négocient actuellement l’importation de matzah en Moldavie à travers la frontière avec l’Ukraine, où la communauté juive est au moins dix fois plus importante que celle de Moldavie, qui compte 5 000 Juifs.

Des employés préparent la matzah, le pain sans levain mangé pendant la fête juive de huit jours de Pessah, à l’usine Aviv Matzah à Bnei Brak le 14 avril 2019. (Crédit: Flash 90)

Au cours de Pessah, l’année dernière, de la matzah traditionnelle avait pu être distribuée à la majorité – si ce n’est à la totalité – des communautés européennes qui en avaient demandé grâce aux efforts conjoints livrés par le mouvement ‘Habad, l’AJC (American Jewish Joint Distribution Committee) et d’autres groupes. Mais la matzah shmurah, qui n’est que peu commercialisée en Europe, avait manqué sur tout le continent.

Avec 4 000 décès des suites de la COVID-19 sur une population de 2,6 millions d’habitants, la Moldavie présente le quatrième taux le plus important de morts de la maladie par million d’habitants suite à une vague de l’épidémie qui aurait été à son apogée la semaine dernière.

A court de liquidités, le gouvernement moldave n’a commencé sa campagne de vaccination contre le virus que mardi – soit presque trois mois après le début des campagnes menées, par exemple, aux Etats-Unis, en Israël ou au Royaume-Uni.

La famille Axelrod et de nombreuses autres se sont soumises volontairement à un auto-confinement pour pouvoir échapper au coronavirus qui, selon certains tests, aurait déjà infecté la majorité des Moldaves.

Ce qui rend les célébrations de la fête de Pessah improbables, dit Axelrod. Mais ce qui rend aussi l’approvisionnement en matzah, au sein des familles juives, particulièrement important dans un pays qui se trouvait à l’est du rideau de fer, et où l’alimentation représentait, dans le passé, un lien fort entretenu avec le judaïsme.

« A cause du communisme, l’attachement à la matzah est immense ici », a commenté Axelrod. « C’est comme si tous ceux qui vivaient sous le communisme avaient une histoire à raconter sur la manière dont ils s’approvisionnaient en matzah — en faisant la queue devant une boulangerie secrète, en recevant un colis envoyé par des amis »

A une époque où le culte religieux était mal vu, en particulier celui des Juifs, « la matzah était un moyen facile de se lier au judaïsme. Ce n’était qu’un morceau de pain », a-t-il continué. « Ce n’était pas le même risque que d’aller à la synagogue ou d’organiser une cérémonie religieuse ».

A ce jour, les Juifs de Moldavie sont plus attachés aux célébrations de Pessah qu’à celles de Yom Kippour qui, pour de nombreux membres de la communauté, est néanmoins le jour le plus saint de l’année.

« En arrivant d’Israël, j’ai été surpris de voir plus de Juifs dans les synagogues à Pessah que lors de Yom Kippour », a déclaré Axelrod. « Mais cela fait partie de l’histoire spécifique de ce pays ».

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