Israël en guerre - Jour 342

Rechercher

Mont du Temple: Ben Gvir accusé de « compromettre la sécurité d’Israël par ses actes irréfléchis »

Netanyahu assure que le statu quo reste inaltéré après les propos du ministre d'extrême droite disant qu'il construirait une synagogue sur le mont Temple ; des élus exigent son limogeage

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir après sa visite au mont du Temple, à l’occasion de Tisha BeAv, au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 13 août 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir après sa visite au mont du Temple, à l’occasion de Tisha BeAv, au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 13 août 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a déclenché un tollé lundi matin après avoir réaffirmé que les Juifs pratiquants avaient les mêmes droits que les musulmans pratiquants sur le mont du Temple, et admis que s’il le pouvait, il installerait une synagogue au sommet de ce site emblématique.

Le ministre d’extrême droite, qui a effectué de nombreuses visites controversées sur le site depuis son entrée au gouvernement, a déclaré lundi à la radio de l’armée que la loi israélienne ne faisait aucune distinction entre les droits religieux des juifs et des musulmans sur le mont du Temple, considéré comme le site le plus sacré du judaïsme et le troisième site le plus sacré de l’islam.

« Les politiques sur le mont du Temple permettent la prière, point », a affirmé Ben Gvir. « Vous avez le droit de prier ; il est illégal de vous empêcher de prier. »

« Pourquoi un Juif devrait-il avoir peur de prier ? » a-t-il demandé de manière rhétorique. Parce que cela risque de contrarier le Hamas ? »

« Le Premier ministre sait que lorsque j’ai rejoint le gouvernement, j’ai fait savoir de la manière la plus claire qu’il n’y aurait pas de discrimination sur le mont du Temple, tout comme les musulmans peuvent prier au mur Occidental », a ajouté Ben Gvir.

« Ce n’est pas comme si je faisais tout ce que je veux sur le mont du Temple », a-t-il ajouté. « Si je faisais tout ce que je veux sur le mont du Temple, le drapeau israélien y flotterait depuis longtemps. »

À la question de savoir s’il construirait une synagogue sur le site sacré si cela était possible, le ministre ultranationaliste a répondu par l’affirmative.

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, face à la caméra, lors d’une cérémonie pour le nouveau chef de la police Daniel Levy, à Jérusalem, le 25 août 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’interview fait suite à un incident survenu plus tôt dans le mois, lorsque des Juifs visitant le site ont été filmés (notamment en arrière-plan d’images partagées par Ben Gvir) priant et se prosternant, en violation des instructions de la police et du statu quo implicite régissant l’enceinte, qui abrite la mosquée Al-Aqsa.

Une prière publique similaire a été organisée dimanche sur le mont du Temple, à laquelle Ben Gvir n’a pas participé.

Les fidèles ont été filmés se prosternant et priant à haute voix.

Le statu quo ambigu qui prévaut sur le site autorise les musulmans à prier et à entrer dans l’enceinte de la Vieille Ville de Jérusalem avec peu de restrictions, contrairement aux non-musulmans, y compris les Juifs, qui ne sont pas censés y prier et n’y ont accès que pendant des créneaux horaires limités, en passant par une porte unique.

Les responsables israéliens de la sécurité craignent que ces violations du statu quo ne déclenchent des troubles importants, car le mont du Temple a été souvent le théâtre de violents affrontements entre manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes, et les tensions dans l’enceinte contestée ont déjà déclenché des vagues de violence par le passé.

En réponse aux propos de Ben Gvir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publié un communiqué réitérant qu’il n’y avait « aucun changement au statu quo officiel sur le mont du Temple ». Il a toutefois soigneusement évité de mentionner nommément son partenaire de coalition ultranationaliste.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, saluant le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, à la Knesset, à Jérusalem, le 23 mai 2023. (Crédit : Gil Cohen-Magen/AFP)

Les propos de Ben Gvir ont aussitôt provoqué la colère tant au sein de la coalition que parmi ses opposants politiques.

Le ministre de l’Intérieur, Moshe Arbel, a appelé Netanyahu à démettre le ministre de ses fonctions à la tête de la police israélienne, avertissant que le « manque de réflexion » du leader d’Otzma Yehudit « pourrait coûter des vies ».

Les « déclarations irresponsables de Ben Gvir compromettent les alliances stratégiques d’Israël avec les États musulmans dans le cadre de la coalition contre l’axe iranien », a-t-il déclaré.

Arbel, membre du parti Shas, l’une des deux factions ultra-orthodoxes de la coalition, a réagi aux tentatives de Ben Gvir d’accentuer la présence juive sur le mont du Temple. De nombreux ultra-orthodoxes respectent l’interdiction rabbinique imposée depuis longtemps d’accéder à ce site sacré, lieu des anciens temples juifs.

Illustration : Le ministre de l’Intérieur Moshe Arbel assistant à une réunion d’une commission de la Knesset, à Jérusalem, le 1er avril 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Suite à la visite précédente de Ben Gvir sur le site – où il a filmé des fidèles juifs se prosterner – la rencontre entre le chef du parti Shas, Aryeh Deri, et celui de l’opposition, Yair Lapid, pour la première fois depuis plus de dix ans, a été largement rapportée dans la presse. Les deux hommes ont discuté de la possibilité de coopérer sur une résolution qui confirmerait un arrêt de 1967 de la loi juive du Grand Rabbinat, selon lequel les Juifs n’ont pas le droit de monter sur le lieu saint.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, dont les tensions avec Ben Gvir se sont accrues ces derniers mois concernant la conduite de la guerre d’Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas et des affrontements avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, dans le nord du pays, a accusé le ministre de mettre Israël en danger par ses commentaires.

Bien que Gallant n’ait pas appelé ouvertement à la destitution de Ben Gvir, malgré la tentative du législateur d’extrême droite d’obtenir le limogeage de Gallant l’année dernière. Il a toutefois précisé que le fait de maintenir le politicien au pouvoir risquait de nuire à Israël et a noté que la remise en cause du statu quo était « dangereuse, inutile et imprudente ».

« Les actions de Ben Gvir menacent la sécurité nationale d’Israël et sa position internationale », a écrit Gallant sur X.  »L’opération de Tsahal hier pour contrecarrer une attaque du Hezbollah a renforcé Israël, les propos de Ben Gvir l’affaiblissent. »

Le ministre de la Défense Yoav Gallant s’adressant à des officiers dans la salle de commandement du Directorat des Opérations, le 25 août 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

En réponse, Ben Gvir a accusé Gallant de « céder au Hamas et de mener l’État d’Israël dans un accord irréfléchi ».

Gallant, a-t-il ajouté sur X, « choisit de maintenir une politique défaitiste contre le Hezbollah au nord », tout en renouvelant son appel pour une « guerre décisive » contre le Hezbollah.

Le ministre de l’Éducation Yoav Kisch (Likud) a également critiqué le leader d’Otzma Yehudit, affirmant que « tout changement dans le statu quo sur le mont du Temple, en particulier en temps de guerre, doit être décidé de manière professionnelle au sein du cabinet, en tenant compte de toutes les implications et conséquences. »

«  La déclaration irresponsable du ministre Ben Gvir aux médias sur cette question relève d’un populisme stupide et inutile », a ajouté Kisch.

Des Juifs orthodoxes se prosternant et priant sur le mont du Temple, à Jérusalem, le 13 août 2024. (Crédit : Capture d’écran vidéo)

De l’autre côté de l’échiquier politique, Lapid et les chefs de l’opposition ont rapidement ajouté leurs voix au cœur des condamnations, mais se sont surtout concentrés sur Netanyahu et la coalition, qu’ils accusent de permettre à Ben Gvir de rester au pouvoir.

« Le monde entier assiste à l’incapacité de Netanyahu à contrôler son propre gouvernement face à Ben Gvir », a écrit Lapid sur X. « Il ne peut même pas empêcher des tentatives flagrantes de déstabilisation de la sécurité nationale. »

Benny Gantz, chef du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti, a dit ne pas trop attendre de Netanyahu, « qui a permis à un pyromane irresponsable de nous faire tomber dans un gouffre en échange d’une tranquillité politique. »

« Cependant, il y a des parties responsables au sein du gouvernement et de la coalition qui devraient agir », a ajouté Gantz, un ancien ministre du cabinet de guerre.  « Les condamnations et les belles paroles ne suffiront pas, et vous serez jugés par l’Histoire pour votre participation à cette entreprise dangereuse. »

L’Autorité palestinienne a déclaré que les propos du ministre en faveur de l’installation d’une synagogue au sommet du mont du Temple, à Jérusalem, étaient un appel explicite à la destruction de la mosquée Al-Aqsa et à son remplacement par un lieu de culte juif.

Par voie de communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a demandé à ses alliés étrangers de « faire en sorte qu’Israël mette un terme aux pratiques, déclarations et positions provocatrices de Ben Gvir ».

Le Hamas a pour sa part déclaré que Ben Gvir avait annoncé son intention de « construire une synagogue à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa », exhortant les Palestiniens à se rassembler sur place « pour s’opposer aux projets de l’occupant ».

Le mufti de Jérusalem a dit son opposition à « la menace d’une synagogue » en ce lieu et à la venue de Juifs pour y prier ou y danser.

Ce sont de telles déclarations qui « poussent la région vers une explosion qui affectera le monde entier », a-t-il dit.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.