Moscou ne rejette pas le plan de Trump pour Gaza ; la Turquie et le Hamas le disent voué à l’échec
Le Kremlin veut davantage de détails, et dit que les 2,2 millions de Gazaouis "pourraient être le problème" ; Erdogan dit qu'Israël devrait payer la reconstruction de Gaza

Le Kremlin a indiqué lundi qu’il souhaitait obtenir davantage de détails sur le projet du président américain Donald Trump visant à acheter la bande de Gaza et à en expulser les habitants.
Cette proposition, annoncée mardi dernier par Trump lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, a suscité l’indignation dans le monde musulman et arabe. Lundi, un haut responsable du Hamas a déclaré qu’elle était vouée à l’échec, et le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé son opposition, ajoutant qu’Israël devrait plutôt payer pour les destructions qu’il a causées à Gaza.
Répondant après l’annonce du plan de Trump, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réitéré l’engagement de Moscou en faveur d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.
Cependant, interrogé lundi sur la position de la Russie face à ce plan, Peskov n’a pas totalement écarté l’idée.
« Il est important d’attendre d’en savoir plus sur certains détails avant de juger s’il s’agit d’un plan d’action cohérent », a dit Peskov, en notant que les 2,2 millions de Gazaouis étaient « probablement le problème principal ».
Les Palestiniens se sont vus « promettre une solution à deux États pour résoudre la question du Moyen-Orient par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et ainsi de suite. Il y a de nombreuses questions en suspens. Nous ne connaissons pas encore les détails, donc nous devons faire preuve de patience », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, pour la deuxième journée consécutive, Peskov n’a ni confirmé ni démenti que le président russe Vladimir Poutine ait eu un échange direct avec Donald Trump. De son côté, le président américain a déclaré dimanche aux journalistes avoir parlé avec Poutine de sa volonté de mettre fin à la guerre en Ukraine.
La Russie maintient des relations diplomatiques avec le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par la plupart des pays occidentaux. Depuis le début de la guerre à Gaza, Moscou a reçu à plusieurs reprises des délégations du Hamas.
Lundi, à l’occasion du 46ᵉ anniversaire de la révolution iranienne à Téhéran, Khalil al-Hayya, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré que le plan de Trump pour Gaza était « voué à l’échec ».
Évoquant Trump, les États-Unis et l’Occident, il a ajouté : « Nous les ferons tomber comme nous avons fait échouer les projets qui les ont précédés ».
Le Hamas a condamné avec véhémence le plan de Trump visant à expulser les habitants de Gaza et affirmé que cela pourrait compromettre le cessez-le-feu et l’accord de libération des otages avec Israël.
De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan, en visite en Malaisie lundi, a réitéré son rejet de « la proposition d’exiler les Palestiniens », appelant plutôt à reconstruire Gaza et à ce qu’Israël assume les coûts de sa destruction.

« La proposition d’exiler les Palestiniens de leurs terres, qu’ils occupent depuis des millénaires, ne saurait être prise au sérieux », a déclaré Erdogan, qui a lui-même accueilli des responsables du Hamas par le passé.
En tournée de quatre jours en Malaisie, Indonésie et Pakistan, Erdogan a affirmé avant son départ dimanche que le plan de Trump « ne méritait même pas d’être discuté », l’accusant d’être imposé à la Maison-Blanche par un « lobby sioniste ».
Lundi, il a ajouté que « personne n’a le mandat d’imposer une seconde Nakba au peuple palestinien», faisant référence au déplacement massif de Palestiniens pendant la guerre d’indépendance d’Israël en 1948.
Erdogan a affirmé qu’Israël avait causé pour 100 milliards de dollars de dégâts dans la bande de Gaza et a estimé que le gouvernement de Benjamin Netanyahu devrait rechercher des fonds pour indemniser ces dommages, plutôt que d’essayer de reloger la population gazaouie ailleurs.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le président turc n’a cessé de critiquer Israël, allant jusqu’à comparer Netanyahu à Adolf Hitler et mettant fin aux relations commerciales privilégiées entre la Turquie et Israël.
Dimanche, Trump a réitéré son engagement à acquérir et contrôler Gaza, tout en déclarant qu’il pourrait laisser certains États du Moyen-Orient reconstruire des parties du territoire dévasté, reprenant ainsi les grandes lignes d’un projet proposé par un économiste basé à Washington.
Trump avait auparavant affirmé qu’après la guerre, Israël transférerait la souveraineté de Gaza aux États-Unis, mais sans qu’un déploiement de troupes américaines ne soit nécessaire. Il avait également suggéré que les habitants de Gaza seraient expulsés définitivement et que Washington transformerait l’enclave en « Riviera du Moyen-Orient ».
Selon un rapport des Nations unies publié l’an dernier, environ deux tiers des bâtiments de Gaza ont été détruits lors de l’offensive israélienne, menée en représailles à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, où quelque 1 200 personnes ont été tuées et 251 otages capturés par des terroristes.