Municipales : Les Israéliens votent enfin après deux reports dus à la guerre
Avec les votes par correspondance, les résultats ne seront connus que mercredi ; dans certaines zones frontalières, le vote aura lieu en novembre
Les bureaux de vote ont ouvert, ce mardi, dans une grande partie du pays. Les Israéliens peuvent enfin voter pour élire leurs représentants municipaux et régionaux lors d’un scrutin deux fois reporté à cause de la guerre.
Aucun problème majeur n’a été signalé depuis l’ouverture des bureaux de vote, à 7 heures ce matin, au bénéfice des plus de 7 millions d’Israéliens autorisés à voter pour élire maires et membres des conseils locaux de quelque 197 villes et villages, sans oublier les membres de 45 conseils régionaux. Dans la plupart des localités, les bureaux de vote seront ouverts jusqu’à 22 h, mais dans certaines communautés et bases militaires, ils fermeront plus tôt.
Onze municipalités et conseils régionaux situés le long de la frontière nord et à proximité de Gaza, d’où quelque 180 000 habitants ont été évacués en raison des combats avec les groupes terroristes du Hezbollah et du Hamas, organiseront un scrutin spécifique dans neuf mois, soit le 19 novembre prochain.
Deux candidats aux élections ont été tués dans l’attaque menée le 7 octobre dans le sud d’Israël par des terroristes du Hamas venus de Gaza, qui a entraîné la mort d’au moins 1 160 personnes, en majorité des civils.
S’il fallait un rappel que le pays est en guerre, des sirènes ont retenti dans plusieurs villages évacués du nord d’Israël peu après l’ouverture des bureaux de vote à 7 heures du matin, suite au tir de dizaines de missiles par le Hezbollah, manifestement dirigés sur une base militaire sensible du mont Meron.
Selon les données du ministère de l’Intérieur, le taux de participation était de 45 % à 20 heures – soit 3,2 millions d’électeurs -, ce qui représente une baisse significative par rapport à 2018.
Lors des élections municipales de 2018, 53 % des électeurs admissibles avaient voté à la même heure.
Dans le système pénitentiaire israélien, 48 % des électeurs auraient voté.
On ignore à ce stade si ce différentiel est imputable à la guerre et au grand nombre de personnes déplacées ou aux averses et orages qui ont balayé une grande partie du pays en fin de matinée et en début d’après-midi.
Ces élections municipales, les premières à l’échelle nationale depuis 2018, auraient dû se tenir le 31 octobre dernier, mais elles ont été reportées au 31 janvier en raison de l’attaque dévastatrice du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre. Elles ont été reportées une seconde fois en raison du nombre de réservistes encore au combat.
De nombreux soldats devaient encore voter par correspondance depuis des bases militaires, y compris des urnes spéciales installées dans Gaza pour les soldats déployés dans la bande de Gaza.
400 000 résidents déplacés qui ne sont pas encore rentrés chez eux pourront voter où ils résident.
En temps normal, Israël tente de limiter le vote par correspondance, plus long à décompter que le vote classique. En 2018, seuls 95 000 bulletins de vote dits à double enveloppe avaient été déposés.
L’armée israélienne a annoncé le déploiement de 570 bureaux de vote tout au long de la journée, dont un tiers sont ouverts depuis le 20 février dernier pour les soldats affectés dans la bande de Gaza, en Cisjordanie ou le long de la frontière libanaise.
En raison d’un nombre plus important que d’habitude de votes par correspondance, les autorités électorales annonceront les résultats au plus tôt mercredi .
Il y a 24 910 candidats en lice pour un total de 4 500 listes et 801 candidats à la mairie – parmi lesquels 83 femmes seulement. Les électeurs déposent deux bulletins de vote – un pour le chef du conseil et un autre pour les conseillers.
Les forces de l’ordre ont prévu de faire un point toutes les deux heures, tout au long de la journée, pour assurer la sécurité des électeurs. Un communiqué de la police publié mardi matin indiquait que 19 000 policiers, aidés d’agents de sécurité et de bénévoles, patrouilleraient dans les bureaux de vote, sur les autoroutes et dans les lieux publics les plus fréquentés tout au long de la journée.
Le directeur général du ministère de l’Intérieur, Ronen Peretz, avait déclaré à l’occasion d’un briefing préélectoral, ce mois-ci, que si des attaques du Hamas ou du Hezbollah venaient troubler le scrutin, le ministère donnerait des instructions aux citoyens pour voter malgré tout, et pourrait même arrêter le vote et le reporter à une date ultérieure le cas échéant.
Il n’y aura pas aujourd’hui de scrutin dans les villes de Kiryat Shmona, Shlomi et les conseils régionaux de Haute-Galilée, Mevoot Hermon, Marom Galil et Maaleh Yosef dans le nord d’Israël, ainsi que dans les conseils régionaux de Sderot, Eshkol, Shaar Hanegev, Sdot Negev et Hof Ashkelon, dans le sud, dont les élections se tiendront le 19 novembre prochain.
Jusqu’à l’attaque du Hamas du 7 octobre, au cours de laquelle des terroristes ont assassiné près de 1 200 personnes et fait 253 otages, toute l’attention était tournée vers le projet de refonte judiciaire radicale du gouvernement.
Les événements du 7 octobre et la guerre qui a suivi ont tout changé ou presque, et désormais, le principal problème des Israéliens, y compris de ceux qui ne vivent pas à proximité d’une frontière, est la sécurité et les attentes que cela suscite envers l’armée et les dirigeants.
Les experts estiment que ce vote aura valeur de baromètre sur ce que la population pense des performances de ses dirigeants, avant comme après le 7 octobre.
L’une des élections les plus regardées est celle de Tel Aviv, où le maire plusieurs fois réélu, Ron Huldai, affronte la nouvelle challenger Orna Barbivai, ex-responsable de la main-d’œuvre de Tsahal et ministre de l’Economie.
À Jérusalem, la plus grande ville du pays, le maire Moshe Lion devrait décrocher un nouveau mandat de cinq ans sans véritable challenger, bien qu’il y ait d’âpres luttes en ce qui concerne la composition du conseil municipal.
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Selon les sondages, à Haïfa, la maire Einat Kalisch Rotem aurait d’ores et déjà perdu face à l’ex-maire Yonah Yahav.
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Le taux de participation aux élections municipales tourne normalement autour de 59 % dans les zones à majorité juive, et les électeurs arabes sont souvent très nombreux à se rendre aux urnes, ce d’autant que les élections municipales ont pris une importance accrue en raison du refus des partis politiques arabes de participer à des coalitions à la Knesset.
En Israël, les municipalités interviennent dans les domaines de l’enseignement et la santé, l’économie locale, les transports, les infrastructures, la construction et la culture. Toutefois, le pouvoir politique est fortement centralisé au sein du gouvernement, les décisions des autorités locales étant subordonnées au respect d’une réglementation nationale des plus contraignantes.
Même si certains scrutins constituent des tremplins pour des responsables politiques aux ambitions nationales, l’élection des maires et conseillers municipaux, qui a lieu tous les cinq ans, est largement considérée comme une affaire locale.
Le second tour était prévu le 12 mars, mais a été avancé au 10 en raison du début du ramadan, mois du jeûne musulman, qui doit commencer le 10 au soir ou le 11.
L’AFP a contribué à cet article.