Netanyahu à Paris dimanche pour « un déjeuner de travail » avec Macron
Le président français a qualifié de "regrettable" la décision de son homologue américain au sujet de Jérusalem
Emmanuel Macron recevra dimanche à l’Elysée le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour un « déjeuner de travail », dans un contexte marqué par la décision de Donald Trump de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël.
M. Netanyahu arrivera à 14H00 au palais de l’Elysée, où un échange bilatéral avec Emmanuel Macron est prévu avant de laisser place à un déjeuner de travail, puis à une déclaration commune à 15H45, a précisé l’Elysée vendredi dans un communiqué.
Cette visite intervient dans la foulée de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale officielle de l’Etat hébreu, par le président américain.
Une décision qualifiée de « regrettable » par le chef de l’Etat français et condamnée par l’ensemble des pays arabes.
Macron et le président turc Recep Tayyip Erdogan se seraient accordés sur la nécessité de contrer l’initiative prise par Trump et de demander instamment à Washington de reprendre en considération sa reconnaissance de Jérusalem.
Cette visite en France du chef du gouvernement israélien sera la deuxième depuis l’élection d’Emmanuel Macron. M. Netanyahu avait été invité à Paris en juillet pour commémorer la rafle du Vel d’hiv, arrestation massive de juifs par la police française en 1942.
Au-delà de la reconnaissance de Jérusalem qui a entraîné des manifestations violentes à travers la Cisjordanie pendant le week-end, leurs entretiens, dimanche, devraient porter en grande partie sur le Liban et sur les efforts menés par l’Iran qui tente de s’établir militairement en Syrie.
La France a bloqué l’initiative israélienne qui tentait de faire accepter à l’UE une nouvelle convocation du Conseil d’association UE-Israël, un forum ministériel qui a été organisé pour la dernière fois en 2012, selon des responsables de l’Etat juif.
Netanyahu devrait également essayer de convaincre Macron de revoir son soutien à l’accord sur le nucléaire passé en 2015 avec l’Iran.
Netanyahu invité à Bruxelles sur fond de tensions UE-Israël
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été convié à une rencontre « informelle » avec les 28 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne le 11 décembre à Bruxelles, sur fond de vives tensions sur la construction d’implantation, selon une porte-parole de l’UE.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a critiqué samedi une « hypocrisie » et un « système à deux poids, deux mesures » de la part de l’Union européenne alors qu’il décollait dans la soirée pour un voyage de deux jours en Europe.
A Bruxelles, un groupe de 67 membres du Parlement européen a écrit à Mogherini en lui demandant de « faire pression sur Israël concernant les violations aux droits de l’Homme à l’encontre des Palestiniens avec la pratique notamment de la détention administrative, des expulsions systématiques des communautés palestiniennes et le blocus de Gaza ».
Il rencontrera également Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.
Montant à bord de l’avion qui l’emmenait à Paris, il a dénoncé le gouvernement européen qui a condamné la reconnaissance par l’administration américaine de Jérusalem en tant que capitale d’Israël tout en s’abstenant de tout commentaire de réprobation face aux tirs de roquettes lancés sur l’Etat juif depuis Gaza.
« Je donne une grande importance à l’Europe. Je respecte l’Europe. Mais je ne souhaite pas accepter de sa part un système à deux poids, deux mesures », a-t-il dit aux journalistes alors qu’il montait dans son avion.
« J’entends d’ici les propos condamnant la déclaration historique faite par le président Trump. Mais je n’entends pas les condamnations des tirs de roquettes depuis Gaza contre Israël qui ont suivi, et des incitations terribles à notre encontre. Je ne souhaite pas accepter cette hypocrisie ».
Il n’a pas répondu à une question concernant la gigantesque manifestation anti-corruption qui a eu lieu samedi soir à Tel Aviv.
La diplomate en chef de l’UE, Federica Mogherini, « a décidé d’inviter le Premier ministre israélien Netanyahu à un échange de vues informel avec les ministres en marge du conseil des Affaires étrangères » prévu le 11 décembre à Bruxelles, a indiqué une porte-parole à l’AFP.
Cette rencontre intervient alors que plusieurs Etats membres de l’UE, dont la France, refusent depuis des mois de donner leur feu vert à l’organisation d’une réunion formelle avec le gouvernement israélien, faute d’unanimité à 28 sur la façon de condamner la construction d’implantation dans les Territoires palestiniens et d’exprimer leurs frustrations concernant le blocage total du processus de paix.
La dernière réunion du « conseil d’association » — prévu dans un accord de coopération approfondie conclu il y a 17 ans par l’UE et Israël — remonte à 2012.
« L’échange de vues informel sera l’occasion pour les ministres et le Premier ministre (israélien) de discuter ensemble de l’état des lieux et des perspectives du processus de paix au Proche-Orient, des relations bilatérales et des questions régionales d’intérêt commun », a précisé la porte-parole de Mme Mogherini.
« Une invitation similaire a été adressée au président (palestinien Mahmoud) Abbas pour un tel échange de vues le plus tôt possible », a-t-elle précisé.
La relance en octobre de projets de construction de milliers de logements dans les implantations, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, a été condamnée par l’UE, qui a demandé à Israël de « reconsidérer » ces décisions.
Certains Etats membres de l’UE veulent demander à Israël des compensations après la destruction l’été dernier de salles de classe en préfabriqué et de panneaux solaires qu’ils avaient financés en Cisjordanie.
Israël a récemment accusé l’Union européenne de « cracher au visage » des Israéliens pour dénoncer la participation de l’ambassadeur de l’UE à une exposition sur les Palestiniens organisée par une ONG bête noire des autorités.
« Les responsables de l’UE croient que pour toucher le cœur des Israéliens, il faut leur cracher au visage », avait dit le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon. Des propos cités dans le quotidien Haaretz et confirmés à l’AFP.
M. Nahshon réagissait à la présence de l’ambassadeur de l’UE en Israël, Emanuele Giaufret, jeudi à une exposition de 50 portraits photos de Palestiniens nés en 1967, date du début de l’occupation israélienne des Territoires palestiniens.
L’ambassadeur de l’UE en Israël Emanuele Giaufret a participé à une réception organisée dans le cadre cette exposition, en dépit des protestations officielles israélienne d’une rare violence, a indiqué un porte-parole de l’ONG.
Interrogée par l’AFP, une responsable de l’UE à Tel-Aviv a refusé de réagir et s’est contentée de souligner que l’UE participe à « plusieurs autres événements » liés à la Journée internationale des droits de l’Homme.
Cette exposition à Tel-Aviv est organisée par l’ONG israélienne B’Tselem, qui documente les supposées violations des droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens.
Interrogée par l’AFP, une représentante de l’UE à Tel-Aviv a confirmé que M. Giaufret prévoyait « de se rendre à cette exposition organisée à l’occasion de la journée internationale des droits de l’Homme ».
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« Nous constatons de nouveau la même approche dédaigneuse qui consiste à prêcher une morale hypocrite et condescendante, ce qui ne fait que nous éloigner les uns des autres au lieu de nous rapprocher », a dit le porte-parole israélien.
B’Tselem est une ONG controversée en Israël.
Par ailleurs, vingt-deux Palestiniens qui avaient préparé l’exposition soutenue par l’Union européenne de photos de Palestiniens nés en 1967 s’en sont vu interdire l’accès à Tel-Aviv, a annonce jeudi l’ONG BTselem.
Ces Palestiniens, qui n’ont pas été autorisés à se rendre à Tel-Aviv, sont originaires de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Certains d’entre eux sont ceux qui figurent sur les portraits photos, d’autres des photographes et des assistants de BTselem.
« L’interdiction faite à 22 Palestiniens de venir à cette exposition, qui montre les visages de gens dont on nie les droits élémentaires, traduit parfaitement la routine de l’occupation israélienne et son arbitraire », a affirmé à l’AFP Amit Gilutz, porte-parole de B’Tselem.