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Analyse

Netanyahu et la vallée du Jourdain : présage d’un soutien US ou d’un échec ?

La droite, la gauche et les médias qualifient le Premier ministre de girouette concernant la souveraineté ; quid des électeurs ? Et de la véritable position des États-Unis ?

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant une carte de la vallée du Jourdain fait une déclaration dans laquelle il promet d'étendre la souveraineté israélienne à la vallée du Jourdain et au nord de la mer Morte, à Ramat Gan, le 10 septembre 2019. (Menahem KAHANA / AFP)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant une carte de la vallée du Jourdain fait une déclaration dans laquelle il promet d'étendre la souveraineté israélienne à la vallée du Jourdain et au nord de la mer Morte, à Ramat Gan, le 10 septembre 2019. (Menahem KAHANA / AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, par sa promesse « historique » mardi soir d’appliquer la souveraineté israélienne à la vallée du Jourdain et au nord de la mer Morte dès qu’il aura formé le prochain gouvernement israélien, le cas échéant, a été accueilli avec un cynisme spectaculaire sur les deux principales chaînes de télévision israéliennes. Deux chaînes, la Douzième et la Treizième, ont interrompu la diffusion de son discours en plein milieu, – son apparition s’apparentait davantage à un discours politique de campagne, soigneusement organisé à une semaine des élections, plutôt qu’à l’annonce diplomatique « spectaculaire » qui avait été annoncée.

En effet, il s’agissait d’une émission politique soigneusement chronométrée, à laquelle le Premier ministre avait demandé à tous ses collègues du Likud à la Knesset d’assister, et avec d’incessants appels de Netanyahu aux électeurs israéliens pour qu’ils lui accordent un mandat afin de tenir ses promesses. Et cela a immédiatement suscité des critiques politiques, ses rivaux de gauche et de droite l’ayant unanimement qualifié de « girouette » ; Yamina, à sa droite, a déclaré qu’il avait refusé de discuter de cette question lors des négociations de coalition précédentes ; Yair Lapid, de Kakhol lavan, a noté que « Netanyahu a été Premier ministre pendant 13 ans, et personne ne l’a empêché d’appliquer la souveraineté dans la vallée du Jourdain. C’est une pirouette électorale et pas très impressionnante parce qu’elle est cousue de fil blanc. Il ne veut pas annexer un territoire, il veut annexer les voix de Smotrich. »

Néanmoins, il s’agissait également d’une apparition aux implications diplomatiques potentiellement graves.

M. Netanyahu a commencé par répéter sa promesse – maintes fois ressassée – d’appliquer la souveraineté israélienne à toutes les implantations en Cisjordanie, où vivent quelque 450 000 Juifs israéliens, ce qui, selon lui, serait en « coordination maximale » avec l’administration Trump.

Mais il s’est ensuite engagé à étendre la souveraineté à la vallée du Jourdain et au nord de la mer Morte, et à le faire dès que sa prochaine coalition sera établie, s’il remporte les élections du 17 septembre, sans attendre l’approbation des États-Unis. Ces derniers jours, a-t-il dit sans plus de détails, les « conditions ont mûri » pour lui permettre de prendre un tel engagement.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite), le conseiller américain pour la sécurité nationale John Bolton (C) et l’ambassadeur américain en Israël David Friedman visitent la vallée du Jourdain, le 23 juin 2019. (Kobi Gideon/GPO)

Il y a quelques semaines à peine, fin juin, Netanyahu a visité la région de la vallée du Jourdain en compagnie de l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, et du conseiller de Trump à la sécurité nationale, John Bolton (licencié par Trump mardi soir), et a déclaré qu’Israël ne la quitterait jamais. « La région à l’ouest du Jourdain sera toujours entre nos mains », jura-t-il. « Si nous abandonnons la vallée du Jourdain, nous pouvons être sûrs qu’il y aura une guerre. »

Il n’a peut-être pas réussi à obtenir le soutien formel de la Maison Blanche avant sa conférence de presse, mais il a assuré que l’administration américaine y était largement favorable. (L’administration Trump aurait été informée à l’avance de l’annonce de Netanyahu, et, de toute évidence, ne l’a pas considérée comme inacceptable).

Inutile de dire que si les choses se déroulent dans ce sens et que les États-Unis approuvent formellement l’idée, cela représenterait un autre coup dur pour les Palestiniens, les États-Unis retirant de façon déclarative une autre question centrale du processus de paix de la table après la reconnaissance par Trump de la souveraineté israélienne à Jérusalem et dans le plateau du Golan.

La signification politique de sa promesse de la vallée du Jourdain est évidente : Netanyahu l’a dévoilé comme preuve de sa capacité ostensiblement unique à construire le genre de relations avec des leaders comme Trump qui peuvent permettre une telle démarche. Fait révélateur, il s’est concentré sur la vallée du Jourdain parce qu’il s’agit davantage d’une question de consensus que d’une démarche d’implantation. De nombreux habitants des petites implantations de la vallée sont des sympathisants traditionnels du Parti travailliste, qui vivent depuis des décennies dans des communautés agricoles relativement isolées et se considèrent comme assurant une fonction vitale de sécurité, protégeant la frontière est d’Israël.

Netanyahu espère qu’en se concentrant sur cette région, il gagnera un soutien extérieur à la droite et qu’il siphonnera également les voix des petits partis de droite en faveur du Likud.

Son principal rival Benny Gantz, chef du parti centriste Kakhol lavan, a également visité récemment la vallée du Jourdain, décrivant la région comme « le bouclier défensif de l’État d’Israël à l’est » et jurant de la conserver, quel que soit l’accord de paix adopté. En effet, Netanyahu s’est donné beaucoup de mal mardi pour assurer à ses partisans actuels et à ceux qu’il espère attirer que son projet n’impliquera pas d’annexer « un seul Palestinien ».

À cette étape de son discours, les caméras de la Douzième et de la Treizième chaîne avaient interrompu la retransmission en estimant qu’il s’agissait de propagande électorale. Dans une semaine, nous verrons à quel point cela aura été efficace.

Tôt ou tard, nous découvrirons peut-être aussi à quel point l’administration américaine, quelque peu imprévisible, est favorable à cette idée. Imprévisible, dans le contexte spécifique de Netanyahu, car Trump manifeste sa volonté de rencontrer le président iranien Hassan Rouhani alors même que le Premier ministre, avec sa révélation lundi dernier sur le « site d’armes » en Iran, s’efforce de souligner les ambitions et la duplicité nucléaires de Téhéran. Imprévisible, aussi, cette nouvelle qui a éclaté alors que Netanyahu terminait sa prestation mardi, à savoir que son récent invité dans la vallée du Jourdain, John Bolton, avait été limogé.

Nous attendons maintenant de voir si l’apparition de Netanyahu mardi dernier était le signe avant-coureur d’un véritable drame diplomatique à venir soutenu par les Etats-Unis. Ou si le Premier ministre tentait de dissimuler le fait qu’il n’avait pas réussi à obtenir un engagement spécifique de soutien de sa décision par les États-Unis – quelque chose qui aurait vraiment renforcé ses espoirs de réélection, et qu’aucune chaîne de télévision israélienne n’aurait interrompu.

Le président américain Donald Trump présente un décret signé reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, sous le regard du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans la salle de réception diplomatique de la Maison Blanche à Washington, le 25 mars 2019. (Saul Loeb/AFP)

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