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Netanyahu et Saar sollicitent le Likud malgré la pluie ; des fraudes signalées

Des électeurs ont été informés d'heures contradictoires pour le début du vote ; le Premier ministre affirme que des "forces immenses" agissent pour aider son rival

Gideon Sa'ar (L), Israeli Member of Knesset for Likud, accompanied by his wife Geula Even Sa'ar (R), arrive to cast his ballot during a primary election vote to elect the party chairman, in the Israeli coastal city of Tel Aviv, on December 26, 2019. - Sa'ar is the only challenger for incumbent Prime Minister Benjamin Netanyahu for the Likud party leadership ahead of the scheduled general elections in 2020. (Photo by JACK GUEZ / AFP)
Gideon Sa'ar (L), Israeli Member of Knesset for Likud, accompanied by his wife Geula Even Sa'ar (R), arrive to cast his ballot during a primary election vote to elect the party chairman, in the Israeli coastal city of Tel Aviv, on December 26, 2019. - Sa'ar is the only challenger for incumbent Prime Minister Benjamin Netanyahu for the Likud party leadership ahead of the scheduled general elections in 2020. (Photo by JACK GUEZ / AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son adversaire Gideon Saar tentent tous deux de rallier leurs partisans dans les urnes malgré le temps très orageux de jeudi, alors qu’ils s’affrontent pour la direction du Likud, le plus grand défi à la mainmise du Premier ministre sur le parti depuis plus d’une décennie.

Environ 116 000 membres du Likud sont appelés à voter de 9 à 23 heures dans plus de 100 bureaux de vote. Les résultats du scrutin ne devraient pas être dévoilés avant vendredi matin.

Plus de 100 bureaux de vote ont été ouverts à travers le pays à 9 h pour les 116 048 membres cotisants du parti. Craignant que le temps pluvieux et venteux n’affaiblisse le taux de participation, les organisateurs ont déclaré qu’ils laisseraient les bureaux de vote ouverts jusqu’à 23 h. Les résultats sont attendus quelques heures plus tard.

Les deux candidats ont appelé leurs électeurs à se rendre aux bureaux de vote malgré les intempéries, chacun à sa façon.

« C’est un jour fatidique pour le camp de la droite et pour l’État d’Israël », a déclaré Gideon Saar, venu avec sa femme, la journaliste Geula Even-Saar, pour voter à Tel-Aviv. « J’appelle tous les membres du Likud – en dépit des conditions climatiques difficiles – à sortir voter. Je vous demande votre confiance. Nous pouvons ensemble faire en sorte que ce changement se produise et nous engager sur une nouvelle voie qui nous permettra de former un gouvernement fort et stable et d’unir la nation, et c’est ce qui est le plus important en ce moment ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu assiste à un rassemblement de campagne à Jérusalem le 22 décembre 2019, avant les primaires pour la direction du Likud. (Yonatan Sindel/Flash90)

Netanyahu, dans sa déclaration, a poursuivi ses tentatives de faire de Saar un outil de la gauche et des médias et a laissé entendre que son rival faisait partie d’une conspiration de la gauche pour l’évincer.

« Des forces immenses – et pas seulement le mauvais temps – essaient de vous inciter à rester chez vous », a-t-il ainsi accusé. « Pendant des années, j’ai agi en votre nom pour le bien de notre pays bien-aimé. Maintenant, je vous demande votre soutien. Allez voter pour moi et donnez une réponse sans équivoque à la gauche et aux médias : ils ne décideront pas pour nous. Nous seuls déterminerons qui dirige le Likud et le pays. »

Cette primaire, aux allures de référendum sur la popularité de Netanyahu dans ses propres rangs, a peu de chances d’être remportée par le député Saar.

Mais si elle aboutit à un résultat serré, ce sera un coup dur pour le Premier ministre, à la tête du Likud depuis 1993 hormis une parenthèse de six ans lorsque le parti était dirigé par Ariel Sharon.

Mais Netanyahu, 70 ans, est déjà en mauvaise posture. Le Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël a face à lui la perspective des troisièmes élections législatives en moins d’un an, prévues le 2 mars, et il est inculpé pour corruption dans trois affaires.

Le vainqueur de la primaire aura la lourde tâche de mener la campagne électorale du Likud.

Au terme des élections anticipées d’avril, puis de septembre, ni Netanyahu ni le centriste Benny Gantz n’ont réussi à rallier 61 députés, seuil de la majorité parlementaire pour former un gouvernement.

Le président Reuven Rivlin a dû confier cette tâche au Parlement lui-même, qui n’y est pas parvenu non plus.

Le vote a commencé par une certaine confusion quant à l’heure de début du scrutin. Certains électeurs du Likud sont arrivés dans les isoloirs à 8 heures du matin pour constater qu’ils n’ouvraient qu’à 9 heures, malgré ce qu’on leur avait dit. Entre-temps, le camp de Saar s’est plaint que certains endroits étaient ouverts pour le vote avant l’heure annoncée.

Les médias semblent à l’origine de cette confusion. Certains ont annoncé le début du vote à 8 heures, et d’autres à 9 heures.

Certains électeurs qui sont arrivés devant des bureaux fermés à 8 heures du matin ont choisi d’attendre, mais d’autres sont partis. « Je n’attendrai pas une heure. Je dois aller travailler. Je vais peut-être réussir à voter en soirée, mais ce malentendu est assez décevant », a confié un homme identifié comme Meir au site Ynet.

Le ministre de la Justice, Amir Ohana, nommé par Netanyahu et qui soutient l’actuel Premier ministre, a voté à Tel-Aviv et déclaré, « J’aimerais souhaiter à Gideon Saar qu’il perde. »

La plupart des responsables politiques de haut niveau du Likud se sont alignés derrière Netanyahu, mais le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a choisi de n’appuyer publiquement aucun des candidats, malgré les pressions exercées. Mardi, le ministre Gilad Erdan a rompu deux semaines de silence pour soutenir Netanyahu tout en saluant Saar.

Les membres du Likud arrivent pour voter dans un bureau de vote de Jérusalem à l’occasion des primaires à la direction du parti le 26 décembre 2019. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Les députés derrière Saar, ainsi que son équipe de campagne, ont affirmé que des « irrégularités significatives » avaient été observées dans de nombreuses villes, notamment dans des bureaux de vote ayant refusé l’entrée aux inspecteurs de Saar. Cela fait suite à des accusations antérieures selon lesquelles Netanyahu utilisait les institutions du parti pour faire pencher la liste des électeurs habilités en sa faveur.

« C’est une lutte », a commenté la députée Michal Shir, soutien de Saar. « Ce n’est pas une surprise. Nous avons vu récemment que le registre des électeurs a aussi eu des problèmes. Nous nous battons avec tous les moyens dont nous disposons pour assurer un vote propre. »

« Nous sommes imprégnés de l’esprit de la victoire », a fait savoir le député Yoav Kisch, directeur de campagne de Saar, à la radio de l’armée. « Cette candidature est bonne pour le parti, et je crois qu’elle peut aussi apporter le changement et l’espoir d’une révolution au Likud. »

L’ancien député du Likud Carmel Shama Hacohen, aujourd’hui maire de Ramat Gan, a exprimé son soutien à Saar lors d’un entretien avec la radio publique Kan : « Tous les sondages montrent que le bloc de droite sous Netanyahu se rétrécit considérablement. » Il a affirmé que les chefs des partis rivaux centristes Kakhol lavan « prient pour que Netanyahu reste ». Aujourd’hui, il est leur atout, le drapeau qui les maintient unis. »

Le député Yair Lapid à la Fondation des alliés d’Israël, le 9 décembre 2019 (Crédit : Avi Hayun)

Yair Lapid, le n°2 de Kakhol lavan, a raillé le Likud, le présentant comme contrôlé par des partis ultra-orthodoxes dans un tweet : « [Je] félicite [le leader de Yahadout HaTorah] Yaakov Litzman à l’avance pour sa victoire aux primaires du Likud ».

Mais le Likud, ainsi que de nombreux observateurs, ont reproché à Lapid son refus de tenir des primaires au sein de sa faction Yesh Atid, l’une des nombreuses formations qui composent l’alliance Kakhol lavan. L’intéressé a récemment fait voter une résolution le couronnant chef de Yesh Atid jusqu’à la fin de la 25e Knesset – potentiellement jusqu’en 2031.

Le Premier ministre a dépeint son adversaire comme inexpérimenté, tout en se décrivant comme un mordu de la sécurité et un maître de la diplomatie internationale.

Pourtant Netanyahu a dû encore être évacué d’un évènement de campagne après qu’une roquette a été tirée de Gaza, déclenchant une sirène d’alerte à Ashkelon, au sud du pays, mercredi. Un incident similaire s’était déjà produit en septembre, alors que Netanyahu se trouvait dans la ville voisine d’Ashdod pour faire campagne en vue de la deuxième élection générale de l’année.

Un bouleversement semblant peu probable, les alliés de Saar suggèrent désormais que le fait d’obtenir 30 % des voix pourrait encore être considéré comme un succès. « Personne ne s’est encore approché de ce chiffre, et nous parlons du Premier ministre en exercice », a déclaré une source proche de Gideon Saar au Times of Israël cette semaine, modérant les attentes de son camp.

Le vote clôt une course de deux semaines au cours de laquelle les deux candidats ont tous deux sillonné le pays pour rallier leurs partisans à leur cause ; Netanyahu a ignoré l’appel de son rival à des débats en tête-à-tête.

Les membres du Likud arrivent pour voter au bureau de vote de Jérusalem pendant les primaires à la direction du parti le 26 décembre 2019. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Le 21 novembre, Netanyahu a été inculpé pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires. Il a dénoncé de « fausses accusations motivées par des considérations politiques ».

Peu de temps après, des rivaux au sein du Likud, en tête desquels Gideon Saar, ont appelé à la tenue de primaires pour lui désigner un successeur.

Netanyahu a cherché à se dépeindre comme un leader irremplaçable combattant une « chasse aux sorcières » de la police, de l’establishment juridique et des médias, et a prétendu qu’il était le seul à avoir les capacités diplomatiques pour diriger Israël dans les eaux internationales turbulentes, se vantant d’être ami avec le président américain Donald Trump et d’autres.

Cependant, Saar a fait valoir que l’incapacité du Premier ministre intérimaire à former un gouvernement après deux tentatives signifie qu’il faut donner une chance à quelqu’un d’autre. Il a également essayé de le marteler depuis la droite, en mettant en avant des projets d’implantations non construites et en appelant à une position plus dure contre Gaza.

Sans le dire ouvertement, il mise aussi sur le fait qu’il n’est pas inculpé par la justice, le parti Kakhol lavan de Benny Gantz refusant de partager le pouvoir avec un Premier ministre mis en examen.

Une série de sondages au cours des dernières semaines ont indiqué qu’un Likud dirigé par Saar pourrait gagner moins de sièges lors des troisièmes législatives que sous Netanyahu, mais le bloc de droite dans son ensemble pourrait être plus important – ce qui lui permettrait de sortir de l’impasse et de former un gouvernement majoritaire.

L’AFP a contribué à cet article.

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