Netanyahu soutient Itamar Ben Gvir et affirme qu’il a « modifié » ses opinions
Dans une interview accordée à la National Public Radio, le Premier ministre désigné a insisté sur le fait que c'est bien lui qui mènera la barque dans la future coalition
Le Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi à un média américain que le député d’extrême-droite Itamar Ben Gvir a « modifié » beaucoup de ses opinions ces dernières années, et que, de toute façon, il ne sera pas la force motrice du prochain gouvernement.
Dans une interview accordée à la National Public Radio (NPR) basée à Washington, Netanyahu a laissé entendre que Ben Gvir – qui a été désigné comme prochain ministre de la Sécurité nationale avec un portefeuille élargi – s’est modéré par rapport à son passé extrémiste.
« Tout d’abord, son éligibilité [à être un législateur] a été décidée par la Cour suprême », a déclaré Netanyahu à la NPR, faisant référence à la décision de la Cour en 2019 d’autoriser Ben Gvir à se présenter à la Knesset malgré son passé notoirement extrémiste.
« Deuxièmement, il a modifié beaucoup de ses opinions depuis lors », a déclaré Netanyahu. « Et je dois dire qu’avec le pouvoir vient la responsabilité. Pas toujours ; parfois, c’est l’inverse », a-t-il ajouté, faisant vraisemblablement référence au gouvernement sortant.
Faisant référence à Ben Gvir, Netanyahu a déclaré que c’était une chose de parler lors « des campagnes électorales il y a 15 ans, et que c’en est une autre d’être réellement dans une position de responsabilité dans la gouvernance, et je vais évidemment m’assurer que ce sera bien le cas ».
Ben Gvir ne s’est pas présenté aux élections il y a 15 ans ; sa première candidature remonte à 2019. Le chef du parti Otzma Yehudit a des antécédents d’activité d’extrême-droite et de multiples condamnations pour incitation à la violence, au racisme et au terrorisme.
Dans l’interview, Netanyahu a insisté sur le fait qu’il sera à la tête du gouvernement entrant, qui devrait compter 64 sièges.
« Les coalitions font des compagnons intéressants », a-t-il déclaré à propos de ses futurs partenaires. « Ils se joignent à moi. Je ne me joins pas à eux. »
Le leader du Likud a défendu le fait de confier à Ben Gvir le contrôle des forces de police ainsi que de certains éléments de l’armée dans un rôle élargi controversé.
« Je pense que l’une des choses que nous avons observées, c’est l’érosion de la sécurité intérieure en Israël. C’est une question très importante. Je dois dire que son parti a fait campagne sur ce thème », a déclaré Netanyahu à propos de Ben Gvir.
« Ben Gvir a dit vouloir être testé. ‘Je pense que je peux apporter la sécurité aux Arabes, aux citoyens arabes et aux Juifs, aux citoyens tout court’. Telle était sa promesse de campagne. Maintenant que nous avons une coalition, j’ai dit que je lui donnerai une chance. ‘On vous donnera les outils. Vous ferez de votre mieux’. Et je pense que le temps nous le dira. »
Interrogé sur les déclarations passées de Ben Gvir appelant à l’expulsion des citoyens arabes d’Israël, Netanyahu a répondu qu’il ne parle « plus de cette façon ».
Ces dernières années, Ben Gvir a appelé à encourager les Israéliens arabes à quitter le pays, et a promis d’expulser les « terroristes », bien qu’il utilise cette étiquette de manière large, notamment contre la plupart des législateurs arabes de l’ancienne faction de la Liste arabe unie.
Interrogé sur une résolution du conflit israélo-palestinien, Netanyahu a exposé un plan prévoyant une souveraineté limitée pour l’Autorité palestinienne (AP).
« La seule paix qui tiendra est celle que nous pourrons défendre », a-t-il dit. « Et celle que nous pourrons défendre est une paix dans laquelle les Palestiniens auront tous les pouvoirs pour se gouverner eux-mêmes, mais aucun des pouvoirs pour menacer notre vie, ce qui signifie que la sécurité, quels que soient les arrangements politiques que nous aurons, devra de manière réaliste rester entre les mains d’Israël. »
Le Premier ministre désigné a également laissé entendre qu’un retour à l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien (JCPOA) semble encore moins probable.
« J’en doute actuellement, en raison du déroulement des événements, des événements dramatiques en Iran. J’ai clairement le sentiment qu’aujourd’hui à Washington, les gens comprennent que la voie à suivre n’est pas de revenir à un accord nucléaire imparfait, mais au contraire, d’adopter une attitude bien plus ferme », a déclaré Netanyahu.