« Nous sommes un », déclare Abbas au roi de Jordanie lors de sa visite en Cisjordanie
Après avoir décliné l'invitation au sommet des diplomates arabes au Neguev, le roi Abdallah II s'est rendu à Ramallah à la veille de la fête du Ramadan qui risque d’être explosive
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le roi de Jordanie Abdallah II se sont rencontrés à Ramallah lors d’une rare visite du monarque jordanien lundi après-midi, sur fond de tensions croissantes entre Israël et les Palestiniens.
Dans une vidéo publiée par la Cour royale jordanienne, on peut voir M. Abbas dire à M. Abdallah que « nous et la Jordanie ne faisons qu’un ».
« Nos intérêts, nos préoccupations, notre douleur et notre espoir sont les mêmes », a déclaré M. Abbas.
Le roi de Jordanie effectuait sa première visite dans la région depuis près de cinq ans. Il est arrivé au lendemain d’une attaque terroriste qui a coûté la vie à deux policiers israéliens et à la veille du mois sacré du Ramadan, un mois potentiellement tendu.
Simultanément, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a tenu un sommet historique dans le désert du Neguev, dans le sud d’Israël, aux côtés des ministres des Affaires étrangères du Maroc, de l’Égypte, des Émirats arabes unis et de Bahreïn. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken était également présent.
Les responsables jordaniens avaient aussi été invités au sommet, mais Amman a décliné l’invitation. Au lieu de cela, les deux réunions ont eu lieu presque en même temps, lundi en début d’après-midi.
À Ramallah, Abdallah a déclaré à Abbas que les Jordaniens étaient là pour « vous écouter et entendre de vous ce que vous attendez des Jordaniens. » Le monarque a en outre décrit la Jordanie, dont un grand nombre de citoyens sont des descendants de réfugiés palestiniens, comme étant « la plus proche » de la cause palestinienne.
Il a ajouté que les parties israélienne et palestinienne doivent cesser les « mesures unilatérales » qui menacent la paix.
« Toutes les mesures unilatérales, en particulier celles qui concernent Jérusalem et le Noble Sanctuaire, doivent cesser », a déclaré M. Abdullah, faisant référence au site sacré du mont du Temple, qui abrite la mosquée Al-Aqsa.
La Jordanie a longtemps revendiqué un rôle de gardien spécial à Jérusalem. Un organisme religieux soutenu par la Jordanie, le Waqf, administre le complexe d’Al-Aqsa. Mais Israël n’a jamais reconnu la garde autoproclamée des lieux saints de la ville par la Jordanie.
Les responsables israéliens de la sécurité ont prévenu que le mois sacré du Ramadan – qui doit commencer samedi – pourrait envenimer une situation déjà tendue entre Israël et les Palestiniens.
Six Israéliens ont été tués dans des attaques terroristes en Israël cette dernière semaine. Deux ont été tués dans l’attaque de dimanche soir à Hadera et quatre autres ont été tués dans une attaque dans un centre commercial à Beer Sheva. Les deux attaques ont apparemment été inspirées par l’organisation extrémiste de l’État islamique.
Dix Palestiniens ont été tués lors de violentes confrontations avec les troupes israéliennes depuis le début du mois de mars. Certains sont morts dans des échanges de coups de feu avec des soldats israéliens en Cisjordanie, d’autres lors de tentatives d’attentats, et d’autres encore dans des circonstances contestées.
Lors du sommet dans le Neguev de lundi, les ministres arabes des Affaires étrangères étaient unanimes dans leur désir de voir le Ramadan se dérouler dans le calme en Israël, en Cisjordanie et à Gaza.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a souligné la nécessité de « limiter toute activité unilatérale qui pourrait agiter la situation actuelle et avoir un impact sur la tranquillité pendant cette période très critique et importante ».
« Nous espérons tous diriger notre attention vers une cause supérieure, plutôt que de devoir gérer des crises », a déclaré Shoukry.