Nouvelle agression d’une famille de Palestiniens cueilleurs d’olives
Des Israéliens d’une implantation voisine avaient été vus en train de se quereller avec le père et ses 3 fils en Cisjordanie, peu de temps avant l’agression

Un père palestinien et trois de ses fils ont déclaré avoir été violemment agressés par des résidents d’implantations israéliens alors qu’ils cueillaient des olives, dans le sud de la Cisjordanie, hier jeudi.
Il s’agit de la dernière agression en date contre des cueilleurs d’olives palestiniens.
Ayad Hamid Halayka, 60 ans, et ses fils Muhammad, Hamid et Omar ont été transportés d’urgence à l’hôpital de Hébron avec des blessures ne mettant toutefois pas leur vie en danger, a fait savoir le Croissant-Rouge, suite à l’attaque survenue aux abords du village d’ash-Shuyukh, dans le nord-est d’Hébron.
Des images fournies de B’Tselem, ONG israélienne de gauche qui suit de près les violations des droits de l’homme envers les Palestiniens, semblent montrer plusieurs résidents d’implantations, dont une personne armée d’une matraque, qui s’approche des cueilleurs d’olives palestiniens.
On voit ensuite le groupe se planter devant Halayka et lui demander en hébreu « Pourquoi venez-vous ici créer des problèmes ? ».
Halayka leur répond qu’il ne parlait que l’arabe et une dispute s’ensuit.
L’homme pousse Halayka, qui attrape le bras du résident d’implantation israélien et une bagarre semble éclater avant que les images ne soient coupées.
This morning a group of settlers attacked a Palestinian family that was harvesting olives in their land near Dura, in the Hebron region. After family members refused to leave their land, the settlers beat the Palestinians with sticks and set dogs on them. > pic.twitter.com/WXSXVJBU6H
— B'Tselem בצלם بتسيلم (@btselem) November 3, 2022
Selon B’Tselem, le groupe a également lâché des chiens sur les Palestiniens et l’on déplore un bras cassé, des blessures à la tête ayant nécessité des points de suture et une blessure à l’œil.
La police n’a pas répondu à notre demande de commentaire.
Selon le média palestinien Maan, les Israéliens venaient de Metzad, une implantation située de l’autre côté de la vallée d’Ash-Shukhyun, qui jouxte des champs appartenant aux habitants de la ville.
Les heurts sont fréquents en octobre et novembre, au moment où les Palestiniens se rendent sur leurs terres pour la cueillette des olives.
Il arrive que ces terres soient proches des endroits où les Israéliens ont établi leurs implantations.
Pendant la récolte, il y a « beaucoup plus d’affrontements entre résidents d’implantations juifs et Arabes » qu’à tout autre moment de l’année, explique Michael Milshtein, expert en affaires palestiniennes à l’Université de Tel Aviv.
« La plupart de ces terres sont très proches des implantations et il y a de nombreux sujets de frictions, parfois même des affaires judiciaires relatives à [la propriété des] terres », précise-t-il.

Selon la Banque mondiale, la production d’olives représente 4.8 pour cent du PIB palestinien en Cisjordanie et fournit un moyen de subsistance à quelque 80 000 à 100 000 familles palestiniennes, précise le Centre pour le Commerce Palestinien.
Abbas Milhem, directeur exécutif de l’Union des agriculteurs palestiniens, explique au Times of Israel que la proximité des oliveraies palestiniennes des implantations israéliennes est « un gros problème pour les familles palestiniennes ».
« Les résidents d’implantations n’hésitent pas à agresser brutalement les familles palestiniennes et il n’est pas rare qu’ils arrachent les oliviers ou leur tirent dessus », confie-t-il.
Ces dernières semaines ont été marquées par des dizaines d’autres attaques contre des cueilleurs d’olives palestiniens, ainsi que contre des militants israéliens qui se joignent parfois aux récoltes pour protéger les familles ou témoigner des violations commises à cette occasion.

Dror Sadot, porte-parole de B’Tselem, se dit préoccupé par la performance de l’extrême droite lors des dernières élections de mardi, craignant qu’elle n’encourage les résidents d’implantations à redoubler de violence contre les Palestiniens.
« Les implantations ont toujours bénéficié des autorisations et financements du gouvernement », rappelle Sadot.
« Mais il est certain qu’avec un gouvernement d’extrême droite à la botte des résidents d’implantations, nous nous attendons à une augmentation des violences de la part des résidents d’implantations, qui penseront pouvoir agir en toute impunité. »