Israël en guerre - Jour 433

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Obama reçoit ses alliés du Golfe à Camp David

L'invitation devrait être tout sauf une promenade bucolique pour le président américain

John Kerry, alors secrétaire d'Etat américain,à droite,  avec le prince Mohammed ben Salmane (2e à gauche), le fils du roi Salmane d'Arabie saoudite, et d'autres fonctionnaires de la Cour royale, à Riyad, en Arabie Saoudite, le 7 mai 2015. (Crédit : Andrew Harnik/Pool/AFP)
John Kerry, alors secrétaire d'Etat américain,à droite, avec le prince Mohammed ben Salmane (2e à gauche), le fils du roi Salmane d'Arabie saoudite, et d'autres fonctionnaires de la Cour royale, à Riyad, en Arabie Saoudite, le 7 mai 2015. (Crédit : Andrew Harnik/Pool/AFP)

Barack Obama a choisi le cadre champêtre et chargé d’histoire de Camp David pour recevoir les monarchies du Golfe, avec un objectif : les rassurer, tout en défendant le bien-fondé de son approche avec l’Iran.

L’invitation, « bienvenue » et attendue « de très longue date » selon des diplomates de la région, devrait être tout sauf une promenade bucolique pour le président américain.

Au-delà des inquiétudes sur le programme nucléaire iranien, et la crainte que Téhéran ne se dote in fine de la bombe atomique tout en ayant obtenu la levée des sanctions qui étranglent son économie, les monarchies ont aussi le sentiment très net d’un désengagement américain dans la région.

Les six dirigeants du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) seront accueillis à la Maison Blanche mercredi avant de se retrouver le lendemain dans la résidence présidentielle de Camp David, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale fédérale.

De Ryad à Abou Dhabi en passant par Manama, la découverte, il y a deux ans, de discussions secrètes entre Washington et Téhéran a eu un impact retentissant. Si l’existence des négociations n’est plus secrète, les discussions n’ont pas pour autant lieu en pleine lumière.

« Nous avons un appel de Wendy Sherman (négociatrice en chef des Etats-Unis, NDLR) une fois de temps en temps », explique un diplomate du Golfe. « Mais ce n’est pas assez, » ajoute-t-il, évoquant « deux années qui ont nourri la défiance ».

La Maison Blanche insiste sur les bienfaits d’un possible accord sur le nucléaire iranien mais martèle qu’elle n’est aucunement engagée dans un processus plus large de normalisation avec le régime iranien.

Mais les dirigeants du Golfe voient une réelle évolution dans l’approche américaine. Rappelant les propos d’Obama sur la « ligne rouge » des armes chimiques en Syrie qui n’ont jamais été suivis d’effets, ils s’inquiètent de l’influence grandissante de l’Iran dans la région, en Syrie, mais aussi en Irak, au Yémen ou encore au Liban. « Au cours des deux dernières années, l’Iran a pris une place de plus en plus importante, nous voyons plus d’envois d’armes, plus d’argent… », souligne un diplomate.

‘Besoin l’un de l’autre’

« Nos alliés du Golfe n’attendent plus désormais que les Etats-Unis passent à l’action », relève Lori Plotkin Boghardt, ancienne analyste de la CIA qui travaille aujourd’hui au Washington Institute for Near East Policy. « Ils pensent que la réaction américaine, quand elle existe, n’est pas assez rapide, ni assez forte. »

Et nombre de responsables de la région soulignent que l’intervention au Yémen, où une coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite mène depuis le 26 mars des frappes contre les rebelles chiites houthis soutenus par l’Iran, pourrait préfigurer un nouveau mode de fonctionnement.

« Le Yémen montre que nous n’avons plus besoin d’une permission pour agir, » souligne un diplomate du Golfe.

Cela place l’administration Obama dans une position délicate. Si elle soutient militairement et pour la logistique l’intervention arabe au Yémen, elle entend peser sur la suite. Face à une situation humanitaire qualifiée de « catastrophique » par l’ONU, le secrétaire d’Etat John Kerry a pressé cette semaine le royaume saoudien de faire une pause dans les raids.

La rencontre de Camp David pourrait permettre à Obama d’offrir au nouveau roi saoudien Salmane une porte de sortie avec la perspective de négociations. Car si les bombardements aériens ont réduit les moyens militaires des houthis, ils n’ont toutefois pas réussi à briser leur résistance.

Les leaders du Golfe devraient aussi arriver à Camp David avec une liste d’armements qu’ils souhaitent obtenir pour contrer l’Iran chiite, auquel la Russie vient de vendre des batteries sol-air S-300.

Au total, ce sommet d’une journée s’annonce délicat pour le président américain, dont la stratégie sur l’Iran est par ailleurs dénoncée avec virulence par ses adversaires républicains au Congrès.

« Les Etats-Unis et les monarchies du Golfe ont besoin l’un de l’autre », résume Lori Plotkin Boghardt, tout en mettant en garde contre les attentes démesurées que ce sommet pourrait générer.

« Les actes seront plus importants que les mots pour les Etats du Golfe. En l’absence d’initiatives américaines en Syrie et ailleurs, l’inquiétude sur la position américaine vis-à-vis de l’Iran demeurera. »

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