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Objectif Tokyo : les athlètes demandeurs d’asile d’Israël ont tout donné à Doha

Jamal Abdelmaji Eisa Mohammed du Darfour et l'Érythréen Eritrean Teklewini Melake Gebreyesus ont participé au 5 000 mètres, espérant être sélectionnés pour les JO de 2020

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

Le demandeur d'asile installé en Israël, Jamal Abdelmaji Eisa Mohammed, au Qatar, le 26 septembre 2019. (Autorisation)
Le demandeur d'asile installé en Israël, Jamal Abdelmaji Eisa Mohammed, au Qatar, le 26 septembre 2019. (Autorisation)

Deux demandeurs d’asile résidant en Israël ont tenté vendredi de se qualifier pour la finale du 5 000 mètres aux championnats du monde d’athlétisme de Doha, au Qatar, dans l’espoir ultime d’être sélectionnés dans l’équipe olympique des réfugiés aux Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Jamal Abdelmaji Eisa Mohammed, originaire du Darfour, au Soudan, et Teklewini Melake Gebreyesus, d’Érythrée, ont tous les deux participé aux tours qualificatifs pour la finale du 5 000 mètres de la compétition biannuelle. C’était là la première fois que des demandeurs d’asile d’Israël prenaient part aux mondiaux d’athlétisme.

Un bon chrono pouvait leur permettre de prétendre à une place dans l’équipe olympique des réfugiés pour Tokyo. Ils ne sont malheureusement pas parvenus à atteindre la finale : Jamal Abdelmaji Eisa Mohammed a terminé à la 17e place (sur 20 coureurs) de sa série, et Teklewini Melake Gebreyesus 16e (sur 19). Pour se qualifier pour la finale, il fallait compter dans les cinq premiers de sa série, ou dans les cinq plus rapides suivants dans les deux différentes séries.

Leur place aux JO n’est néanmoins pas perdue. « Ils font partie des meilleurs athlètes réfugiés du monde d’après leurs résultats, ils ont donc une très bonne chance d’être inclus dans l’équipe des réfugiés à Tokyo », avait prédit Rotem Genossar, le responsable du club Alley Runners de Tel Aviv, où s’entraîne Jamal Eisa Mohammed, avant la course de Doha.

סוף טוב הכל טוב!אחרי כמעט 20 שעות מורטת עצבים בשדה התעופה באיסטנבול, ג׳מאל ותחלואיני, יחד עם רותם, הצליחו לעלות לטיסה…
פורסם על ידי ‏רצי הסמטה – The Alley Runners על שם יהורז כשר ז »ל‏ ב- יום רביעי, 25 בספטמבר 2019

« Ils ont jusqu’à avril pour prouver qu’ils en sont capables. Le comité olympique les suivra de près et rendra sa décision en avril », a expliqué Rotem Genossar au Times of Israël depuis Doha.

Cette équipe olympique à part a disputé ses premiers Jeux olympiques à Rio de Janeiro en 2016. Dix athlètes originaires du Sud-Soudan, d’Éthiopie, de la République démocratique du Congo et de Syrie avaient concouru dans trois disciplines.

L’Alley Runners est un club installé au sud de Tel Aviv qui s’adresse aux jeunes issus de quartiers défavorisés et accueille Jamal Mohammed, 23 ans, et Teklewini Gebreyesus, 21 ans. Il est rattaché à un pensionnat, situé à proximité de Netanya.

Les deux coureurs étaient mineurs isolés lors de leur arrivée en Israël il y a une dizaine d’années.

L’équipe olympique des réfugiés arrive à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, le 5 août 2016. (AP Photo/Michael Sohn)

En 2003, la milice Janjawid associée à l’armée soudanaise a attaqué le village de Jamal, assassinant 97 personnes, dont son père. Il alors tenté de fuir le pays, mais s’est fait refouler à la frontière, puis a fini par arriver en Israël en passant par le désert du Sinaï en 2010 à l’âge de 17 ans.

Quant à Teklewini Gebreyesus, il est arrivé dans l’État juif à l’âge de 13 ans en 2011, puis a atterri dans un pensionnat où il a commencé l’athlétisme.

C’est grâce à des amis que Jamal a entendu parler du club Alley Runners.

« Ses amis lui ont dit ‘viens courir avec nous’, il est venu, il était le meilleur dans la discipline et est devenu accro », se souvient Shirith Kasher, la présidente du club.

À Doha, ils ne faisaient pas partie de l’équipe d’Israël, qui y a envoyé plusieurs athlètes, dont la marathonienne israélo-kényanne Lonah Chemtai Salpeter, l’une des plus grandes sportives du pays. Les deux coureurs connaissent bien les athlètes israéliens, les ayant régulièrement croisés dans des compétitions en Israël.

L’Israélienne Lonah Chemtai Salpeter fête sa victoire lors de l’épreuve féminine du 10 000 mètres aux championnats européens d’athlétisme à Berlin, en Allemagne, le 8 août 2018. (Crédit : AP Photo/Michael Sohn)

Jamal participe à des courses internationales depuis plusieurs années, notamment au Portugal et au Danemark pour les championnats du monde de cross country, et en Éthiopie. Doha est la première compétition internationale pour Teklewini.

N’étant pas des citoyens israéliens, ils ne possèdent pas de passeports, mais disposent de documents de voyage temporaires, ce qui peut compliquer leurs déplacements à l’étranger. En chemin pour Doha, les deux coureurs et Rotem Genossar se sont retrouvés coincés à l’aéroport d’Istanbul pendant près de 24 heures en raison de problèmes de visa, a relaté Rotem Genossar.

Pour avoir le droit de participer aux championnats du monde, les Nations unies devaient confirmer le statut de réfugiés de Jamal Mohammed et Teklewini Gebreyesus, ce qui n’a pas d’effet sur leur statut en Israël.

Le gouvernement israélien accorde rarement le statut de réfugié aux demandeurs d’asile, mais les autorités se sont souvent montrées coopératives avec le club, explique sa présidente au Times of Israël. Il a ainsi obtenu le soutien du ministère israélien des Affaires étrangères, des services d’immigration, des responsables du sport israélien et de la municipalité de Tel Aviv, notamment pour son déplacement au Qatar.

Des athlètes courent lors du marathon féminin au Championnat du monde d’Athlétisme à Doha, au Qatar, le 28 septembre 2019. (AP Photo/Martin Meissner)

« La politique du gouvernement est la politique du gouvernement. On n’y peut rien, mais on peut s’y adapter, trouver le bon moyen de faire avec », indique Shirith Kasher. « Ça s’améliore parfois, et d’autres fois je me retrouve face à un mur et je dois le contourner. »

Seul un des athlètes du club a obtenu la citoyenneté israélienne en tant que demandeur d’asile en 2014.

Fondé il y a sept ans, l’Alley Runners a d’abord eu du mal à trouver des financements, mais bénéficie aujourd’hui de l’aide de la maison d’investissements de Tel Aviv, Altshuler Shaham, de l’entreprise Yarzin Sella et de Volvo Israel. Le voyage au Qatar a été financé par les autorités sportives internationales.

Un homme marche sur la piste du stade Khalifa avant le début des championnats du monde d’athlétisme à Doha, au Qatar, le 25 septembre 2019. (AP Photo/Martin Meissner)

Principalement composé d’Israéliens d’origine éthiopienne, le club a pour ambition d’aider ses sportifs sur le plan éducatif en plus de la formation sportive. Il aide ses athlètes dans leurs inscriptions à l’armée et à l’université et compte trois anciens ayant étudié dans des universités israéliennes et américaines, se félicite la présidente.

Le club est confronté aux difficultés d’intégration de ses athlètes, mais la situation s’améliore, et l’Allenby Runners espère devenir un modèle pour l’étranger. Shirith Kasher n’a pas connaissance d’autres clubs d’athlétisme particulièrement destinés aux demandeurs d’asile, en Israël ou ailleurs.

« C’est difficile de mélanger plusieurs cultures dans un groupe, mais c’est assurément faisable », explique-t-elle. « Nous nageons à contre-courant. »

On compte 35 000 demandeurs d’asile en Israël, venus du Soudan et de l’Érythrée pour l’immense majorité et arrivés dans l’État hébreu à partir de 2005. La plupart ont fui les persécutions dans leur pays d’origine, et si les associations des droits humains en Israël et à l’étranger les considèrent comme des réfugiés, la droite israélienne les accuse d’être uniquement là pour des raisons économiques.

En 2018, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait redoublé d’efforts pour mettre au point un plan d’expulsion forcée de la moitié des demandeurs d’asile en Israël vers l’Ouganda et le Rwanda, un projet auparavant entrepris de façon cachée.

En avril dernier, il avait finalement accepté le plan du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies de déplacer les réfugiés dans d’autres pays. Mais, cédant à la pression de militants, il avait annulé le projet quelques heures plus tard. Les demandeurs d’asile continuent donc de vivre dans un flou juridique qui les autorise à travailler, vivre et accéder à des services sociaux en Israël sous certaines conditions strictes.

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