Les Américains nés à Jérusalem pourront inscrire « Israël » sur leur passeport
Le changement de cette ancienne mesure, qui cherchait à éviter de prendre position sur la question du statut final du conflit, intervient à moins d'une semaine des élections
NEW YORK – Les citoyens américains nés à Jérusalem pourront dorénavant choisir d’inscrire « Israël » comme lieu de naissance sur leur passeport, dans une nouvelle entorse du gouvernement de Donald Trump au consensus international après avoir unilatéralement reconnu la ville comme capitale de l’Etat hébreu.
« Les demandeurs pourront choisir soit ‘Jérusalem’ soit ‘Israël’ comme lieu de naissance sur leurs documents consulaires », a annoncé jeudi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué. Le choix par défaut restera toutefois « Jérusalem ».
Donald Trump a multiplié les décisions favorables à Israël depuis quatre ans, et continue donc avec cette mesure symbolique à seulement cinq jours de la présidentielle à laquelle il brigue un second mandat.
Un passeport américain mentionnant « Israël » comme lieu de naissance a été délivré vendredi.
Un Américain de 18 ans, né dans la Ville sainte, a reçu son passeport avec « Israël » comme lieu de naissance, lors d’une brève cérémonie à l’ambassade américaine à Jérusalem.
« Menachem (…) a attendu longtemps ce moment. Aujourd’hui nous disons à Menachem Zivitofsky: vous avez un pays de naissance, l’Etat d’Israël », a déclaré l’ambassadeur américain en Israël David Friedman en lui remettant le document.
« Je suis honoré de recevoir ce passeport », a répondu le jeune homme
La plus spectaculaire a été la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale du pays, ce qui a provoqué une rupture avec les Palestiniens, qui aspirent à la partie orientale de la ville comme capitale de leur futur Etat. Le président américain a aussi transféré l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, à l’encontre du consensus de la communauté internationale en l’attente d’un accord israélo-palestinien.
Autant de mesures saluées par la droite chrétienne évangéliste américaine, un des socles électoraux qui ont contribué à la victoire surprise du milliardaire républicain en 2016.
« Les Etats-Unis reconnaissent Jérusalem comme capitale d’Israël et siège de son gouvernement mais continuent de ne pas prendre position sur les frontières de la souveraineté israélienne à Jérusalem », a souligné Mike Pompeo. « Cette question continue de dépendre de négociations sur un statut final entre les deux parties », israélienne et palestinienne, a-t-il ajouté.
La réglementation américaine actuelle permet aux citoyens américains nés à Jérusalem de n’identifier que la ville comme leur lieu de naissance dans leur passeport, sauf s’ils sont nés avant la création d’Israël en 1948. La politique du Département d’État, bloquée par une affaire portée devant la Cour suprême en 2015, vise à éviter que Washington ne prenne position sur le statut final de Jérusalem, dont la partie orientale est revendiquée par les Palestiniens comme leur future capitale.
Cette politique est restée en vigueur même après la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël en 2017, malgré la pression croissante des députés et des groupes pro-israéliens aux États-Unis pour autoriser la mention d’Israël sur les passeports. Cependant, le Département d’Etat a déclaré à l’époque qu’il ne réviserait pas sa position.
Le changement de politique ne concerne que les mots inscrits sur le passeport. Les Israéliens nés à Jérusalem sont déjà reconnus comme étant originaires d’Israël par les administrations américaines.
La nouvelle politique permettra aux détenteurs de passeports américains nés à Jérusalem de choisir s’ils veulent qu’Israël soit inscrit comme leur pays de naissance, a déclaré Politico. Aucune option de pays ne sera donnée à ceux qui voudraient que leur pays de naissance soit inscrit comme Palestine, bien que ceux nés à Jérusalem avant 1948 puissent avoir « Jérusalem, Palestine » sur leur passeport.
Les administrations précédentes ont souvent eu des difficultés avec la neutralité étudiée sur la ville, apportant régulièrement des corrections embarrassantes aux documents identifiant la ville comme « Jérusalem, Israël ».
Ce changement de politique a été annoncé quelques heures seulement après la signature par Israël et les États-Unis d’un accord étendant leur coopération scientifique, une initiative considérée par certains comme un premier pas vers la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie.
L’administration Trump a également entrepris d’élargir la liste des pays à majorité arabe et musulmane visant à normaliser les relations avec Israël au cours des derniers mois de son premier mandat. Vendredi, le Soudan a accepté de devenir le troisième pays à le faire au cours des derniers mois, à l’instar des Émirats arabes unis et du Bahreïn après des semaines de pression de Washington, qui a conditionné le retrait de Khartoum de sa liste noire des commanditaires du terrorisme d’État à ce que le Soudan fasse la paix avec l’État juif.