Plusieurs mois après la normalisation, un haut diplomate israélien enfin aux EAU
Le ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid rencontrera son homologue émirati et inaugurera l'ambassade à Abu Dhabi, une visite décisive que Netanyahu aurait souhaité effectuer
Le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid s’est envolé mardi matin en direction des Émirats arabes unis pour effectuer la première visite officielle d’un ministre de l’État hébreu dans cette monarchie du Golfe, a indiqué mardi le ministère israélien des Affaires étrangères.
Depuis la normalisation en septembre 2020 des relations entre les Émirats et Israël, sous l’impulsion de l’administration de l’ancien président américain Donald Trump, les deux pays ont mis sur pied des lignes aériennes directes, nommé des ambassadeurs et multiplié les visites de délégations commerciales.
Ce qui devait être en mars la première visite officielle aux Émirats d’un Premier ministre israélien – à l’époque Benjamin Netanyahu – a été annulée en raison d’un « différend » avec la Jordanie sur le survol de son espace aérien, avait alors indiqué la partie israélienne.
Netanyahu, depuis remplacé à la tête du gouvernement par Naftali Bennett, avait déjà reporté en février une visite aux Émirats et à Bahreïn, autre émirat du Golfe ayant récemment normalisé ses relations avec l’État hébreu, en raison des restrictions de voyage imposées pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
« Le ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid décollera dans les prochaines minutes pour les Emirats arabes unis, une première visite historique », a rapporté un communiqué du ministère.
Lapid a posté quelques minutes plus tard sur Twitter une photo de lui dans l’avion, accompagnée des mots : « Je décolle pour une visite historique aux Émirats. »
ממריא לביקור היסטורי באיחוד האמירויות. ???????? pic.twitter.com/fkw7Ed4dfP
— יאיר לפיד – Yair Lapid (@yairlapid) June 29, 2021
Au cours de ce voyage de deux jours, Lapid assistera à l’inauguration de l’ambassade d’Israël à Abu Dhabi et du consulat de Dubaï.
Le haut diplomate israélien sera accueilli par le ministre émirati des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdullah bin Zayed al Nahyan.
Lapid s’est entretenu avec bin Zayed au début du mois. Après leur conversation, Lapid avait déclaré qu’il était impatient de « travailler avec lui pour renforcer les relations chaleureuses et uniques entre nos deux pays, dans l’intérêt de nos peuples et de l’ensemble du Moyen-Orient ».
Israël et les Émirats ont annoncé en août dernier normaliser leurs relations diplomatiques, révélant ainsi au grand jour plus d’une décennie de liens secrets. Par la suite, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc ont également rejoint les accords d’Abraham négociés par les États-Unis, et d’autres pays ont également fait l’objet de rumeurs de pourparlers, mais aucun autre n’a encore abouti.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait conclu l’accord, qui comprenait le consentement d’Israël à ne pas retarder une vente américaine d’avions de combat F-35 aux EAU, à l’insu de ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense.
Netanyahu aurait cherché à célébrer l’accord, le premier du genre entre un État arabe et Israël depuis des décennies, mais le voyage a été retardé à plusieurs reprises en raison de restrictions liées au coronavirus, de problèmes de calendrier et de litiges politiques internes, ainsi que d’une prise de bec avec Amman en mars qui a empêché son déplacement. Selon certaines sources, il a cherché à empêcher l’ancien ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi d’y effectuer une visite officielle afin d’éviter qu’il ne lui vole la vedette avant les élections de mars.
C’est donc le rival de Netanyahu, Lapid, qui fera le voyage, moins d’un mois après avoir réussi à réunir une coalition d’unité qui a délogé Netanyahu et l’a envoyé dans l’opposition.
Le voyage de Lapid intervient alors que le ministère de la Santé a ajouté le pays à la liste des endroits où il est fortement déconseillé aux Israéliens de se rendre en raison de la présence de clusters de coronavirus, et a averti que les voyages dans ce pays pourraient être interdits. Le pays a enregistré récemment plus de 2 000 nouveaux cas par jour.
Pendant son séjour à Dubaï, Lapid visitera le pavillon d’Israël à l’Expo 2020 de Dubaï. L’exposition universelle, une étape importante pour Dubaï, qui a dépensé 8,2 milliards de dollars pour ce site spectaculaire dans l’espoir de renforcer sa puissance et de relancer l’économie, ouvrira ses portes en octobre 2021.
L’ouverture initiale prévue pour octobre 2020 a été reportée en raison de la pandémie de coronavirus.
Conçu pour refléter le sentiment d’appartenance d’Israël à la région ainsi que l’ouverture que l’État juif cherche à diffuser à ses voisins arabes, « le pavillon est donc un espace ouvert – un salon pour accueillir les visiteurs de l’exposition », selon l’architecte à l’origine du pavillon d’Israël.
La présence d’Israël à l’exposition avait été prévue avant que l’accord de normalisation ne prenne forme, et le pays a accueilli des ministres israéliens dans le passé, notamment le ministre des Transports de l’époque, Israel Katz, et la ministre de la Culture et des Sports de l’époque, Miri Regev.
La communauté juive des Émirats a exprimé son enthousiasme en amont de la visite de Lapid.
« Nous sommes honorés d’accueillir le ministre des Affaires étrangères Lapid », a déclaré le grand rabbin Yehuda Sarna. « La communauté juive des EAU est ravie de ce que ce voyage représente : un lien croissant entre les EAU et Israël. »
« Nous espérons que la visite du ministre des Affaires étrangères sera le signe avant-coureur d’autres échanges et opportunités religieuses, commerciales et culturelles entre nos deux nations », a ajouté le rabbin Elie Abadie.
Dimanche, Lapid a rencontré le ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, Abdullatif al-Zayani, après son entretien avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, marquant ainsi la première rencontre entre le nouveau gouvernement israélien et un ministre des pays du Golfe.
« La paix avec Bahreïn devrait être un exemple du bon type de processus qui doit se produire dans notre région », a tweeté Lapid après la réunion. « Nous avons également parlé des défis auxquels est confronté le Moyen-Orient, en premier lieu l’Iran. »
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.