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Analyse

Pour les indécis : 6 points clés à retenir du sondage du Times of Israel

Derrière les scores de chaque parti se cachent des indices sur l'appréciation des messages de Netanyahu et Gantz et sur le groupe d'électeurs qui pourrait décider de l'élection

Cette photo du 18 mars 2015 montre une affiche de la campagne électorale du Premier ministre Benjamin Netanyahu parmi les bulletins de vote au siège électoral de son parti à Tel Aviv. (AP/Dan Balilty)
Cette photo du 18 mars 2015 montre une affiche de la campagne électorale du Premier ministre Benjamin Netanyahu parmi les bulletins de vote au siège électoral de son parti à Tel Aviv. (AP/Dan Balilty)

Dans l’analyse de tout sondage, la tentation est d’aller directement aux chiffres du « tiercé » – qui gagne et qui perd.

Bien que ces chiffres soient toujours intéressants, les vrais éclairages sont presque toujours cachés derrière les chiffres de la ligne supérieure.

À moins que l’élection n’ait lieu demain, le résultat le plus important d’un sondage n’est pas de savoir qui gagne maintenant, mais ce que le sondage peut vous dire sur qui l’emportera le jour du scrutin.

En gardant cela à l’esprit, voici six points clés à retenir de l’enquête Times of Israel-Number 10 Strategies de cette semaine :

1. Les indécis

Bien que les sondages portent généralement sur le nombre de sièges que chaque parti obtiendra à la Knesset, en réalité, cela déforme le tableau réel. Dans toute enquête, le groupe le plus important est celui des « indécis », car ils ont généralement le pouvoir de décider des résultats de l’élection.

Notre enquête (les résultats complets sont ici) a révélé que près d’un électeur potentiel sur cinq est encore indécis (le chiffre serait probablement beaucoup plus élevé parmi les électeurs éligibles), ce qui signifie que jusqu’à 24 sièges à la Knesset sont toujours en jeu.

Le sondage Times of Israel – Number 10 Strategies indiquant les intentions de vote actuelles, le 27 février 2019.

Donc que sait-on des indécis ?

Alors que (comme on pouvait s’y attendre) beaucoup d’entre eux sont indécis sur beaucoup de questions, ils sont 8 % à être plus susceptibles de préférer Gantz comme Premier ministre à Netanyahu (28 à 20 %), et deux tiers pensent que le moment est venu de changer de dirigeant. Seulement 7 % de ce groupe se déclarent satisfaits de la façon dont Netanyahu dirige le pays. Les 28 % restants ont exprimé l’opinion qu’il était temps de changer, mais croient qu’il n’y a pas de meilleure alternative à Netanyahu.

La question, bien sûr, est de savoir si les indécis voteront réellement. Selon notre enquête, 80 % des électeurs se disent « très susceptibles » de voter et seulement 20 % « assez susceptibles ». Les indécis, cependant, étaient partagés à parts égales.

Une grande partie de l’élection sera déterminée par la question de savoir si ce groupe d’indécis, qui sont plus susceptibles de voter pour des partis de gauche ou du centre, se rendra effectivement aux urnes.

Des Israéliens font la queue pour voter dans un bureau de vote dans la matinée des élections municipales, à Safed, dans le nord d’Israël, le 30 octobre 2018 (Crédit : David Cohen/Flash90)

2. Le « suspense Mandelblit »

Avec une décision imminente du procureur général Avichai Mandelblit sur l’opportunité d’inculper ou non Netanyahu pour corruption, nous avons testé les conséquences possibles d’une mise en examen du Premier ministre sur la course électorale. (Mandelblit a confirmé sa volonté d’inculper le Premier ministre, en attendant une audience)

Kakhol lavan passe alors d’une avance de 7 sièges à une avance de 19 sièges. Fait significatif, plus d’un quart (28 %) de ceux qui envisagent de voter pour le Likud ont déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de voter pour le parti si le Premier ministre était inculpé.

Il est important d’ajouter ici deux mises en garde. Tout d’abord, une grande partie de ces changements provient de partis qui tombent sous le seuil électoral requis à la suite d’une éventuelle mise en accusation. Notre sondage a révélé que cinq partis oscillaient autour du seuil nécessaire de 3,25 %, et qu’avec le basculement de quelques votes, Raam-Balad, Shas et Yisrael Beytenu se retrouvent juste en dessous, leurs 3 % seraient gaspillés.

Deuxièmement, nous devons être conscients qu’avec des intentions aussi déterminantes – et à ce stade théorique -, il est extrêmement difficile de voir comment elles se concrétiseront si elles deviennent réalité.

Le procureur général Avichai Mandelblit assiste à une réunion de la Commission de contrôle de l’État à la Knesset, le 3 décembre 2018. (Miriam Alster/Flash90)

3. Le message anti-acte d’accusation de Netanyahu n’est pas assez fort

Tenant compte de ce qui précède, Netanyahu a passé une grande partie de sa campagne à se mobiliser contre la possibilité d’une mise en accusation. Plutôt que d’éviter la question ou de changer de sujet, il l’aborde de front.

Notre enquête a mis en opposition deux messages contradictoires sur cette question : « Les enquêtes sur Benjamin Netanyahu sont mesquines et politiquement motivées. Ils savent qu’il remportera les élections, alors ils essaient de trouver d’autres moyens de lui faire quitter le pouvoir » versus « Les enquêtes sur Benjamin Netanyahu sont extrêmement graves et ne doivent pas être prises à la légère. S’il est inculpé, il doit se retirer immédiatement ».

Lorsqu’on leur a demandé de choisir avec quelle affirmation ils étaient le plus d’accord, 35 % des répondants ont choisi la première, tandis que 47 % ont opté pour la seconde, 18 % ne savaient pas.

Mais le message de Netanyahu ne s’adresse pas au grand public. C’est un message pour mobiliser et motiver sa base. Comme on pouvait s’y attendre, parmi les électeurs du Likud, 81 % ont préféré la première déclaration – le message de Netanyahu. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’un groupe cible plus large, parmi ceux qui se considèrent à droite ou au centre de l’échiquier politique, un peu plus de la moitié (56 %) soutiennent la position de Netanyahu. A gauche et au centre, inévitablement, le contre-argument est beaucoup plus soutenu, avec 82 % qui optent pour « il devrait se retirer ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu fait une déclaration en direct à la télévision depuis la résidence du Premier ministre, à Jérusalem, le 7 janvier 2019. (Crédit : LIKUD / AFP)

4. Le seuil est déterminant

Notre enquête a révélé que cinq partis se trouvaient proches du seuil : Raam-Balad, Koulanou, Shas, Meretz et Yisrael Beytenu. S’ils devaient perdre le moindre point de pourcentage et tomber sous le seuil dans un scénario où Netanyahu ne serait pas inculpé, les résultats auraient été très différents, Kakhol lavan passant de 36 à 42 sièges et le Likud de 29 à 35. Dans le scénario où Netanyahu serait inculpé, Shas, Yisrael Beytenu et Raam Balad glisseront tous sous le seuil, modifiant radicalement les résultats du scrutin. On comprend pourquoi ceux qui réclament un gouvernement plus stable demandent que le seuil soit relevé, même légèrement.

Le sondage Times of Israel – Number 10 Strategies, montrant les intentions de vote actuelles (en bleu foncé), et les intentions de vote si le procureur général annonce son intention d’inculper Benjamin Netanyahu en attendant une audience (bleu clair), le 27 février 2019. Il est à noter que Yisrael Beytenu, Shas et Raam-Balad glissent sous le seuil électoral dans le second scénario.

Il est important de noter qu’aucun sondage ne peut déterminer avec précision les fractions de pourcentage qui, dans ce cas, peuvent faire la différence entre un parti qui obtient quatre sièges et un parti qui n’en obtient aucun, ce qui ne fait qu’ajouter à l’incertitude sur l’état actuel de la compétition.

5. Le profil bas de Gantz semble fonctionner

Compte tenu de cette volatilité, un bon indicateur du résultat probable est souvent le face à face entre les deux principaux candidats. En 2015, alors que l’Union sioniste était en tête dans les sondages pendant une grande partie de la campagne, son leader Isaac Herzog enregistrait de bien pires résultats dans un face-à-face avec Netanyahu. Malgré le système parlementaire, les Israéliens ont tendance à voter pour des individus.

Vue de la salle des séances plénières de la Knesset lors d’une séance de vote sur un projet de loi visant à dissoudre le Parlement, le 26 décembre 2018. (Yonatan Sindel/Flash90)

Notre enquête a montré que cette année, le face à face était beaucoup plus équilibré. 41 % ont déclaré préférer voir Benjamin Netanyahu comme Premier ministre après les élections, 39 % ont répondu Gantz (une égalité statistique), et 20 % ne savaient pas.

Cependant, lorsqu’il s’agit des grandes questions, Netanyahu devance son concurrent de façon convaincante. Lorsqu’on a demandé qui était le mieux placé pour assurer la sécurité d’Israël, Gantz (ancien chef d’état-major de Tsahal) est devancé de 11 points (41 % / 30 %) par Netanyahu, tandis que l’avantage de ce dernier dans la gestion économique est significatif avec 16 points, (41 %-25 %).

Pourtant, ces chiffres ne semblent pas avoir d’incidence sur l’avance de Kakhol lavan dans les sondages. L’équipe de Gantz s’est rendu compte qu’un grand nombre d’Israéliens recherchent simplement le changement, et bien qu’ils préfèrent Netanyahu sur des questions spécifiques, ils sont prêts à voter pour une alternance. Dans ce contexte, la stratégie actuelle de Gantz, qui consiste à dire très peu de choses, semble être efficace.

Les leaders de Kakhol Lavan Benny Gantz, (à gauche) et Yair Lapid, (à droite), lors de la cérémonie de lancement de leur nouvelle alliance à Tel Aviv, le 21 février 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

6. C’est l’économie, imbécile.

Peut-être parce que les deux principaux candidats ont des titres de compétence bien établis en matière de sécurité, la question de la sécurité semble avoir moins d’importance dans cette élection que dans les scrutins précédents. De fait, lorsqu’interrogés sur les questions les plus importantes à régler par le gouvernement, les répondants semblent moins préoccupés par la sécurité (21 %) que par les questions économiques (47 %). La démocratie, l’État de droit et la corruption arrivent en troisième position avec 17 %, suivis par les relations avec les Palestiniens, la diplomatie et le processus de paix (11 %), la religion et l’État (5 %).

Alors que la domination de l’économie transcende les lignes idéologiques, la division centre-gauche/droite est évidente dans la deuxième série de choix. A droite, la sécurité vient nettement en deuxième position avec 30 %, tandis qu’au centre et à gauche, la démocratie, l’Etat de droit et la corruption (28 %) prennent le pas sur les questions traditionnelles de paix et de diplomatie (15 %) et de sécurité (9 %).

L’importance relative de l’État de droit dans cette élection offre à Gantz l’occasion de réussir le type de campagne non idéologique qu’il mène actuellement. S’il est vrai qu’en se concentrant sur la question palestinienne, les risques de décourager les électeurs de droite et de provoquer des fractures au sein de son propre groupe sont grands, la question de l’État de droit lui permet d’attaquer le Premier ministre pour des raisons non idéologiques, ce pour quoi il est bien mieux placé.

Une photo prise le 3 février 2019 à Tel Aviv montre un immense panneau électoral du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du Président américain Donald Trump se serrant la main. Sur le panneau d’affichage, on peut lire : « Netanyahu, une autre équipe ». (Jack Guez/AFP)

Simon Davies, associé chez Number 10 Strategies, est un consultant et sondeur politique international qui a mené des études d’opinion, conçu et mis en place des stratégies gagnantes pour des présidents, Premiers ministres et partis politiques dans plus de 15 pays, sur quatre continents.

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