Poutine et Netanyahu se sont entretenus par téléphone sur la grâce d’Issachar
Le Kremlin a confirmé que la détention en Russie de l'Israélienne accusée de trafic de drogue avait été abordée ; de hauts responsables estiment qu'elle sert de monnaie d'échange
Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu par téléphone avec Benjamin Netanyahu lundi, pour discuter de la Syrie et d’autres sujets concernant les deux pays. Les deux hommes ont également évoqué la question d’une grâce potentielle d’une jeune femme israélienne emprisonnée en Russie pour du trafic de drogue, a fait savoir Iouri Oushakov, un porte-parole du Kremlin.
Naama Issachar, 26 ans, a été condamnée la semaine dernière à sept ans et demi de prison. Elle est incarcérée dans le pays depuis six mois après la découverte de 9,6 grammes de marijuana dans ses bagages lors d’une correspondance à Moscou. Naama Issachar avait pris l’avion depuis l’Inde pour rejoindre Israël et n’avait aucunement l’intention de quitter l’aéroport moscovite.
De hauts responsables israéliens pensent que l’État russe utilise la jeune femme pour permettre le retour d’Alexeï Burkov, un informaticien qui doit bientôt être extradé d’Israël vers les États-Unis, où il est recherché pour détournement de fonds. D’après des médias israéliens, celui-ci pourrait être lié aux services de renseignements russes.
La semaine dernière, le Premier ministre israélien a formellement demandé à Vladimir Poutine de gracier Naama Issachar. Le chef de l’État y réfléchirait d’après le Kremlin.
Plus tôt ce mois, Benjamin Netanyahu avait appelé le président russe pour lui souhaiter un bon anniversaire à l’occasion de ses 67 ans. Samedi, on apprenait que le dirigeant russe comptait rendre la pareille à Benjamin Netanyahu lorsque celui-ci fêtera ses 70 ans.
Les relations sont très sensibles entre Israël et la Russie, qui est très impliquée dans le conflit en Syrie. Moscou a joué un rôle central, aux côtés de l’Iran, dans le maintien au pouvoir du régime d’Assad malgré la guerre civile, tandis que l’État juif tente d’empêcher Téhéran de s’enraciner militairement de l’autre côté de la frontière nord.
Netanyahu entretient de proches liens avec le président russe, le rencontrant régulièrement. En juillet dernier, dans l’intention de séduire les électeurs russo-israéliens en vue du scrutin de septembre, le Likud avait déployé une immense affiche des deux hommes sur les façades de son siège à Tel Aviv.
Avant les élections, Netanyahu s’était envolé vers la Russie pour rencontrer Poutine à Sotchi. Le Premier ministre avait alors salué, à l’occasion de cet entretien, la qualité des relations bilatérales, disant qu’elles n’avaient jamais été meilleures.
La Russie est également très liée aux événements survenant à la frontière turco-syrienne, où Ankara a mené une offensive contre les forces turques en empiétant sur le territoire syrien à la suite du retrait des troupes américaines.
Les Kurdes — avec la médiation russe — ont invité le gouvernement syrien à dépêcher des forces dans le nord-est de la Syrie pour les protéger de l’armée turque. Cela a compliqué les plans d’Ankara qui voulait créer une « zone sûre » le long de la frontière, où elle voulait installer les réfugiés syriens ayant fui en Turquie. La plupart d’entre eux fuyaient le gouvernement syrien.
De nombreux hauts responsables israéliens sont très inquiets du nouveau statut d’arbitre en chef de la Russie dans la région, reprenant le rôle traditionnellement tenu par les États-Unis.