Pr. Levine à la Knesset : Il n’y a pas de programme de réhabilitation pour les ex-otages
"Même après leur retour, ils sont abandonnés", a déploré le chef de l'Association des médecins ; "c'est très grave. Je vais contacter d'urgence le ministre de la Santé", a rétorqué Mickey Levy

Le professeur Hagaï Levine a déclaré lundi à une commission de la Knesset que plus de huit mois après l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, il n’y a toujours pas de plan pour la réhabilitation des otages libérés.
« Hier [samedi], j’ai rendu visite à Noa Argamani« , a déclaré Levine, président de l’Association israélienne des médecins de santé publique et membre important du Forum des familles des otages et disparus.
Noa, 26 ans, est l’une des quatre otages qui ont été secourus des geôles du Hamas au début du mois lors d’une opération audacieuse menée dans la journée dans le centre de la bande de Gaza.
Elle est sortie de l’hôpital la semaine dernière après une batterie d’examens médicaux et de soins psychologiques après huit mois de captivité à Gaza, tout comme Shlomi Ziv, Almog Meïr Jan et Andrey Kozlov, les trois autres otages sauvés lors de l’opération.
« Je suis désolé de vous dire qu’en dépit de toute notre joie, il n’y a aucun plan pour sa réhabilitation ou celle des autres otages libérés », a poursuivi Levine.
« Il n’y a pas de programme de réhabilitation. Il n’y en a aucun. »

« Même après leur retour, ils sont abandonnés », a-t-il souligné, assis derrière une affiche où figuraient des photos d’otages toujours détenus par des groupes terroristes à Gaza.
Les quatre otages secourus avaient été enlevés au Festival Supernova le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes menés par le Hamas ont envahi le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et prenant 251 otages, déclenchant ainsi la guerre actuelle entre Israël et le groupe terroriste palestinien.
Levine a exhorté la commission de la Knesset à réfléchir à « ce que nous devons faire pour [les otages libérés et secourus], quels sont leurs besoins, plutôt que de regarder ce qui existe déjà et peut être fourni ».
« Nous devons plutôt commencer par ce dont ces personnes ont besoin et le donner aux otages lorsqu’ils rentrent chez eux », a-t-il déclaré, appelant l’État à saisir toutes les opportunités de ramener les otages et de commencer la « réhabilitation nationale de ce traumatisme ».

Le député Mickey Levy (Yesh Atid) et président de la commission de Contrôle de l’État, a déclaré qu’il contacterait immédiatement le ministère de la Santé pour déterminer pourquoi il n’existe pas de plan de ce type.
« Il s’agit d’une affaire très grave », a ajouté Levy.
Un porte-parole de l’hôpital Sheba, où ont été amenés les quatre otages récemment secourus et bon nombre des otages libérés en novembre dernier, a réfuté l’affirmation selon laquelle il n’existe pas de plan de soins continus pour les otages de retour.
« Dès le premier jour, Sheba a créé un service de santé spécial pour tous les otages, auquel ils peuvent accéder chaque fois qu’ils en ont besoin pour une assistance physique et émotionnelle à la suite de leur sortie de l’hôpital », a déclaré le porte-parole au Times of Israel.
Il a expliqué que chaque ancien otage amené à Sheba à son retour en Israël est traité par une équipe composée d’un médecin, d’un psychologue et d’un assistant social. Tout otage initialement conduit à Sheba bénéficie d’un accès ouvert et permanent aux soins et à la réadaptation par l’intermédiaire de l’hôpital.
Le porte-parole a souligné que bien que Noa ait été transférée à l’hôpital Ichilov pour être proche de sa mère atteinte d’un cancer du cerveau en phase terminale, elle a toujours droit à ce soutien continu de Sheba, où elle a subi ses premiers examens médicaux.
L’audition était l’une des nombreuses réunions de commissions à la Knesset lundi, au cours desquelles les membres des familles d’otages ont exprimé un fort sentiment de déception à l’égard du gouvernement, de son manque de leadership et de son absence de prise de décision, même parmi les membres des groupes de familles les plus à droite, qui ont jusqu’à présent été moins virulents à l’égard des dirigeants israéliens.
« Nous avons entendu Tzvika Mor, qui est membre du Forum Tikva, qui n’a jamais voulu d’un accord sur les otages – il voulait seulement combattre le [groupe terroriste palestinien du] Hamas à Gaza – et il a dit ‘si nous ne pouvons pas combattre, alors concluons un accord’ », a déclaré Udi Goren, petit cousin de Tal Chaimi, dont le corps a été enlevé au kibboutz Nir Yitzhak et emporté à Gaza le 7 octobre dernier.

« C’est un énorme compromis idéologique, mais c’est le sentiment que nous avons, à savoir qu’il n’y a pas de leadership, pas de courage, pas de vision. Nous n’entendons que ce qu’ils ne vont pas faire, pas ce qu’ils vont faire. »
Goren est l’un des membres des familles d’otages qui passe tous ses lundis à la Knesset, où il fait pression sur les députés et les ministres pour conclure un accord avec le groupe terroriste palestinien du Hamas afin d’obtenir la libération des otages détenus à Gaza. En tant que petit-cousin de Chaimi, il fait partie du Forum des familles des otages et disparus. Il a décrit les autres groupes présents à la Knesset, notamment le Forum Tikva, plus à droite, et le Forum Gvura, composé de parents endeuillés de soldats tués dans l’exercice de leurs fonctions au cours de la guerre actuelle à Gaza, qui ont préconisé la libération des otages par la pression militaire plutôt que par la diplomatie.
S’adressant au Times of Israel, Goren a décrit les différents intervenants comme « une expression pure et dure de la démocratie qui représente toutes les voix de la nation », et s’est souvenu du ton « très militant » de certains parents du Forum Gvura, dont l’un a hurlé à l’adresse de la mère d’un otage.
« Nous avons besoin de leadership. L’absence de prise de décision et le statu quo sont la pire chose qui puisse arriver », a affirmé Goren, photographe professionnel et organisateur de voyages, qui travaille avec le Forum des familles depuis la disparition de son cousin.
Un autre membre des familles d’otages, Yotam Cohen, a fait référence aux déclarations du député Eliyahu Revivo (Likud), selon lesquelles il n’y avait eu aucun résultat à Gaza et que le moment était peut-être venu d’organiser de nouvelles élections législatives.
« Nous voyons que les électeurs et peut-être la Knesset commencent à comprendre que la guerre ne ramènera pas les otages à la maison », a déclaré Cohen, dont le frère, Nimrod Cohen, a été pris en otage le 7 octobre à Nahal Oz.
Cohen et son père ont l’intention de rester à Jérusalem et de participer au grand rassemblement de lundi soir, au cours duquel des dizaines de milliers de manifestants ont appelé à des élections législatives anticipées et au retour des otages.
« Si le gouvernement ne peut pas ramener les otages à la maison, alors la nation descendra dans la rue », a déclaré Cohen.

« Tout le monde en a assez de cette situation merdique. S’ils ne font pas leur travail en tant que membres de la Knesset et en tant que fonctionnaires, nous serons là pour les ramener. »
Aucune consigne sur la manière de traiter les otages
D’anciens otages ont également témoigné de leur expérience en captivité dans les geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas devant une foule de journalistes et d’influenceurs de réseaux sociaux à Sderot, lors d’une conférence organisée par le Forum des familles des otages et disparus.
Danielle Aloni, 44 ans, qui a été libérée fin novembre dans le cadre d’un accord de trêve, a rappelé que les terroristes du Hamas l’avaient emmenée, ainsi que d’autres habitants de Nir Oz, dans les tunnels souterrains de Gaza le matin du 7 octobre, après leur enlèvement au cours de l’assaut du Hamas sur le sud d’Israël.

« Je n’ai pas été blessée, mais j’ai été frappée en chemin », a-t-elle ajouté.
« Reshef Levi, l’animateur de la table ronde, l’a interrompue, ce qui a incité Danielle à préciser qu’elle avait vu « des blessures vraiment épouvantables – de la chair exposée, des blessures violentes ».
Louis Har, qui a été secouru par Tsahal lors d’une opération de sauvetage en février après 129 jours de captivité, a déclaré qu’il s’inquiétait chaque fois qu’il entendait des avions israéliens au-dessus de sa tête.
Il s’est souvenu que « le verre s’est brisé, tout le sol a tremblé » lorsque des bombes sont tombées à Gaza, et a déclaré que lui et d’autres otages « ne savaient pas quand cela nous tomberait dessus ».

Lorsqu’on lui a demandé si elle avait éprouvé une peur supplémentaire en tant que femme en captivité, Danielle a expliqué qu’elle et sa fille de 5 ans, Emilia, qui a également été enlevée, avaient surtout peur que leurs ravisseurs ne les tuent, « qu’ils perdent patience au fur et à mesure que les jours passent ».
« Nous savons déjà que les terroristes ne forment pas un groupe homogène. Ils ne reçoivent pas de consignes sur la façon de traiter les otages », a-t-elle souligné.
Danielle et Emilia font partie des 105 civils libérés lors d’une trêve d’une semaine fin novembre. Quatre captives ont été libérées avant cela et sept otages ont été sauvés vivants par les soldats. Les corps de 19 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée.
Dr. Itaï Pessach, qui a soigné les otages libérés, a déclaré la semaine dernière à CNN qu’ils avaient subi des sévices quasi quotidiens et que leur période de captivité avait été « une expérience dure, très dure ». D’autres personnes qui ont soigné les otages secourus ont déclaré qu’ils souffraient de malnutrition, qu’ils étaient régulièrement battus et qu’ils avaient connu une grande détresse psychologique pendant leur captivité.
Les otages précédemment libérés et sauvés de la captivité à Gaza ont témoigné d’abus physiques, psychologiques et sexuels.
En mars, les membres de la commission de la Santé de la Knesset ont entendu les témoignages de familles d’otages – tant celles dont les proches étaient encore en captivité que celles qui avaient été libérées – sur le manque de soutien de la part de l’État.
Il resterait 116 otages qui avaient été capturés par le Hamas, le 7 octobre, à Gaza, mais tous ne sont pas en vie. L’armée israélienne a confirmé la mort de 41 des otages encore détenus par le Hamas, citant de nouveaux renseignements et de nouvelles découvertes obtenus par les soldats opérant à Gaza.

Une personne est encore portée-disparue depuis le 7 octobre. Son sort reste indéterminé.
Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015 respectivement.