Prendre la vache rousse par les cornes
L'Institut du Temple doit réunir 125 000 dollars pour élever des vaches sacrées utilisées pour un rite de purification ancien - et futur
Les chemises blanches boutonnées ne sont pas courantes dans les fermes laitières et bovines israéliennes.
Mais ces quelques dernières années, certains rabbins ont retroussé leurs tsitsit et enfilé des bottes en caoutchouc pour créer la ferme idéale pour un petit troupeau de génisses rouges saintes, appelées en hébreu « Parah Aduma ».
Les génisses rouges étaient offertes en guise de sacrifice dans le Temple et leurs cendres étaient utilisées dans les rituels de purification, en particulier pour les personnes devenues impures par un contact avec des cadavres.
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L’Institut du Temple est une organisation de 28 ans d’âge qui a construit plus de 70 artefacts pouvant être utilisés quand un Troisième Temple sera construit. Son dernier projet consiste à importer des embryons congelés provenant de bovins Red Angus aux États-Unis pour créer un troupeau de génisses rouges casher en Israël.
« Les gens croient que la génisse rousse appartient à un autre monde et est vraiment rare », explique le rabbin Chaim Richman, directeur international et co-fondateur de l’Institut du Temple. « Mais des centaines, voire des milliers de têtes de bétail de couleur rouge de différentes espèces seraient admissibles. »
Ce qui a rendu la génisse rousse moderne une bête impossible à trouver réside donc bien dans cette description du livre des Nombres, chapitre 19 : « Voici ce qui est ordonné par la loi que l’Eternel a prescrite, en disant : ‘Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils t’amènent une vache rousse, sans tache, sans défaut corporel, et qui n’ait point porté le joug’. »
Les vaches élevées dans des fermes laitières commerciales sont soumises à toutes sortes de conditions : elles ont les oreilles percées d’une étiquette numérotée, des coupures ou des contusions causées par des bousculades avec les autres vaches ou un contact avec les clôtures brisées, et des ulcères causés par un métal ingéré accidentellement mélangé à de la nourriture pour bétail bon marché.
Même une vaccination pourrait être considérée comme un défaut. En outre, les vaches des fermes commerciales sont utilisées pour labourer, ce qui est interdit selon les critères de la génisse rousse.
« En fin de compte, une génisse rousse casher doit être programmée dès sa naissance », explique Richman.
« L’animal doit être contrôlé, surveillé et soigné. »
Le mont du Temple a entamé un processus d’importation d’embryons congelés de vaches Red Angus des États-Unis – réputées plus susceptibles de créer une descendance entièrement rousse – dans le but de créer le premier troupeau de génisses rouges pour un usage rituel en Israël.
Elles sont appelées « génisses rousses » parce que la vache doit être une femelle, mais qui n’a jamais mis bas.
Afin de créer un environnement permettant de protéger suffisamment les vaches et de préserver leur statut casher, Richman et ses partisans ont visité un certain nombre de fermes en Israël, afin d’aplanir les détails de l’infrastructure et de minimiser les dommages potentiels.
Le projet n’est pas bon marché. L’Institut du Temple a récemment lancé une campagne de collecte de fonds Indiegogo pour amasser plus de 125 000 dollars de dons.
Chaque embryon congelé coûte environ 3 000 shekels. Jusqu’à présent, les embryons emplantés chez des vaches en Israël ont eu un taux de réussite de 30 % environ.
Le ministère de l’Agriculture ne permet pas l’importation de bovins vivants en raison de la menace de maladies bovines telles que la fièvre aphteuse ou la vache folle, de sorte que tout agriculteur qui souhaite élever une race de vache non disponible en Israël doit utiliser des embryons congelés.
Selon Richman, le fait que l’organisation se focalise sur les artefacts rituels destinés au Troisième Temple n’a aucune intention messianique et ne vise pas à hâter la fin des temps. Richman souligne qu’un tiers des 613 commandements du judaïsme sont liés au Temple.
« Notre motivation est la même que celle de respecter le Shabbat : parce que Dieu nous a ordonné de le faire », dit-il. « L’idée est de faire de notre mieux pour remplir le rôle du peuple juif. »
Plus d’un million de personnes ont visité l’exposition de l’Institut du Temple et les 70 objets rituels qu’il a construits selon les instructions de la Torah.
Richman dit que ces objets, y compris la future vache rousse, ne sont pas des modèles, mais sont entièrement casher pour une utilisation dans le Troisième Temple.
« Les Juifs n’attendent pas à la veille de la fête de Souccot qu’une soucca descende du ciel, » dit-il.
L’objet le plus connu de l’Institut du Temple est un candélabre, ou Menorah, dressée sur une place de la Vieille Ville près du mur Occidental.
Mais l’Institut du Temple n’est pas le seul à programmer une génisse rousse.
Il y a des projets de génisses rouges tout le temps. Le dernier provenait d’une communauté juive de Lakewood, New Jersey.
Selon des articles parus dans la presse ultra-orthodoxe et dans des blogs juifs, l’agriculteur, Herbert Celler, est le fils de survivants de l’Holocauste.
Richman dit que le fait que cette histoire s’est répandue comme une traînée de poudre témoigne de la volonté de la communauté juive de se relier à ce concept.
« La génisse rousse est l’antidote exclusif à la question de la tumat hamet, classiquement traduit comme impureté causée par l’exposition à un corps mort », dit Richman.
« Mais il y a aussi un concept holistique qui concerne un déséquilibre spirituel, une déconnexion de la réalité de la présence de Dieu. L’antidote est ce processus de connexion à travers une génisse rouge. »
L’Institut du Temple a déjà connu un petit succès, avec la naissance de quelques vaches totalement rousses des embryons congelés. Il n’y avait qu’un seul problème : ce n’était pas des génisses rousses, mais des taureaux roux.
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