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AIPAC 2014 - Analyse

Quand Netanyahu contre-attaque Obama

Contrairement au président américain, le Premier ministre israélien a exposé ses idées sans laisser transparaître ses sentiments

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Benjamin Netanyahu, lors de son discours à l'AIPAC le 4 mars 2014  (Crédit photo: Nicholas Ramm/AFP)
Benjamin Netanyahu, lors de son discours à l'AIPAC le 4 mars 2014 (Crédit photo: Nicholas Ramm/AFP)

Dans un discours accueilli plutôt chaleureusement par les 14 000 personnes réunies à l’occasion du congrès annuel de l’AIPAC, Benjamin Netanyahu a fait valoir plusieurs de ses positions.

Si celles-ci sont aux antipodes de celles du président américain, Netanyahu les a exposées sans chercher à viser directement Obama, contrairement à ce dernier qui ne s’est pas privé d’employer un ton incendiaire à l’encontre de Netanyahu dans une interview donnée à Bloomberg, deux jours plus tôt.

Au cours du long entretien avec le journaliste Jeffrey Goldberg – publié au moment précis où Netanyahu était dans l’avion pour se rendre à Washington – Obama a choisi d’acculer le Premier ministre sur « [sa politique de] construction de colonies [jugée] agressive ».

Le président américain a indiqué que les positions de Netanyahu sur le conflit palestinien menaçaient le bien-être d’Israël. Il a aussi averti que les Etats-Unis auraient de plus en plus de difficultés à défendre Israël face à d’éventuelles conséquences à l’échelle internationale.

Netanyahu, ayant depuis retrouvé le président américain à la Maison Blanche, a donc choisi de confier à l’AIPAC mardi matin qu’il avait eu de « très bons échanges » avec Obama, ainsi qu’avec les autres hauts dirigeants américains (il n’a nommé Obama qu’une seule fois dans son discours).

Netanyahu a également insisté pour dire qu’il était prêt à conclure « une paix historique » avec les Palestiniens, et en a profité pour saluer l’unique et « précieuse alliance » entre les Etats-Unis et Israël.

Il a aussi choisi d’encenser le secrétaire d’État John Kerry, qui a quant à lui dû être véritablement bouleversé par la décision du président de remettre ouvertement en cause la politique d’un Premier ministre, d’autant plus qu’il a passé son temps à essayer de le convaincre, de le choyer et de le rassurer.

Kerry, qui a prononcé un long discours, amical et passionné devant l’AIPAC lundi soir, a été salué par Netanyahu, qui l’a surnommé « le secrétaire d’État qui ne dort jamais » et avec qui il a travaillé, « littéralement nuit et jour », pour faire avancer le processus de paix.

La question des constructions dans les implantations – soulevée à maintes reprises par Obama dans l’interview donnée à Bloomberg – est considérée comme l’un des principaux obstacles pour aboutir à de nets progrès.

Ce thème de la politique israélienne est aussi perçu comme la principale menace pour l’avenir d’Israël – pourtant, ni Netanyahu ni Kerry ne l’ont mentionné dans leurs discours respectifs.

Si Netanyahu a évité toute confrontation directe avec Obama, il ne s’est pas privé de faire valoir avec force conviction ses positions sur l’Iran et les Palestiniens.

Le programme nucléaire iranien

Quand Obama promet de faire tout pour que l’Iran n’obtienne pas l’arme nucléaire, Netanyahu insiste pour dire qu’il ne s’agit pas « seulement de les en empêcher, mais de les empêcher d’être en capacité de fabriquer l’arme. »

Quand Obama dit qu’il envisage de laisser l’Iran maintenir une capacité d’enrichissement pour son programme nucléaire, dans le cadre d’un accord permanent, Netanyahu déclare que ce serait « une grave erreur ».

L’Iran serait alors une puissance quasi-nucléaire – capable de faire exploser la bombe, tandis que l’attention du monde serait rivée ailleurs. Cela reviendrait à « ouvrir les vannes » de la prolifération nucléaire.

Dix-sept pays dans le monde ont des programmes nucléaires pacifiques, dépourvus de centrifugeuses, de réacteurs à eau lourde,     d’installations nucléaires souterraines et de recherches sur les missiles.

Téhéran veut garder toutes ces capacités, parce que « l’Iran veut un programme nucléaire militaire », a martelé le Premier ministre.

Netanyahu souligne qu’Israël soutient une solution diplomatique, mais uniquement à condition que la République islamique démantèle vraiment son programme nucléaire militaire.

Mais il a aussi prévenu, comme il l’a fait par le passé sur ce même podium, que la nation juive « ne sombrera plus » et qu’il ferait  » tout pour défendre l’Etat juif d’Israël » – une déclaration qui lui a permis de faire la transition vers le sujet du processus de paix.

Les négociations de paix

Sur la question palestinienne, Netanyahu a développé une vision plutôt optimiste des relations prospères entre Israël et les pays du monde arabe, évoquant une potentielle alliance entre « l’innovation israélienne et l’esprit d’entrepreneuriat du Golfe » et déclarant que l’expertise d’Israël dans le domaine de l’eau pourrait améliorer la vie de centaines de millions de gens, en cas d’accord.

Seuls les « braves soldats » de l’armée israélienne pourraient vraiment défendre Israël.

Benjamin Netanyahu

Mais alors que le président américain avait vanté les qualités de leader du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, « engagé dans des efforts diplomatiques et dans la non-violence pour résoudre » le conflit, Netanyahu s’est montré beaucoup plus sceptique.

Le Premier ministre a reçu une ovation quand il a appelé les Palestiniens à « cesser de nier l’Histoire » et quand il a exhorté Abbas à « reconnaître l’Etat juif. »

Si seulement Abbas pouvait rappeler à son peuple les droits souverains de la nation juive, il pourrait « dire [qu’il est] vraiment prêt à mettre fin au conflit. Pas d’excuses. Pas de délai. Il est temps. »

Et tandis qu’Obama se demandait si Israël « allait se résigner à ce qui équivaut à une occupation permanente de la Cisjordanie », tout en précisant que les États-Unis avaient mis au point un plan de sécurité pour « faire face aux éventuelles menaces à l’encontre d’Israël », Netanyahu a, pour sa part, mis en avant les problèmes de sécurité auxquels Israël était confronté au sein d’un Moyen-Orient plutôt « mal en point ».

Israël ne peut tout simplement pas se permettre de miser sa sécurité « sur nos espoirs les plus chers. »

Il faut au contraire souligner l’obligation qu’a Israël de se préparer au pire.

Si un accord de paix était signé, Israël serait certainement la cible d’attaques extrémistes, et l’Etat hébreu ne pourrait pas confier sa sécurité aux forces internationales, parce qu’elles « rentrent chez elles » en cas d’attaques répétées.

Seuls les « courageux soldats » de l’armée israélienne pourraient vraiment défendre Israël, a-t-il estimé.

Netanyahu, qui semblait tendu lundi à la Maison Blanche, était dans son élément au Convention Center de Washington. Il a pourtant raté quelques plaisanteries et certaines n’ont pas suscité les applaudissements espéré. À un moment, il a même demandé au public de l’applaudir.

Mais d’une manière générale, tradition oblige, le discours de Netanyahu était nettement plus attendu que ceux des principaux orateurs de la conférence.

Sa définition du mouvement BDS [Boycott, Désinvestissement, Sanctions] comme une incarnation du « fanatisme, de la malhonnêteté et de la honte », et ses félicitations pour Scarlett Johansson (qui a défendu SodaStream et n’a pas cédé à la pression de BDS), ont été particulièrement appréciés.

Lire l’interview d’Obama de dimanche a dû être un choc pour Netanyahu. Non pas que les positions du président lui étaient inconnues, mais plutôt en raison du timing que celui-ci a choisi pour les rendre publiques, son invité étant dans l’avion vers Washington.

Devant l’AIPAC, Netanyahu a exposé des positions divergentes avec une ferveur égale, mais il l’a fait sans laisser transparaître ses sentiments.

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