Israël en guerre - Jour 490

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Analyse

Que les jeux d’accusations commencent !

Selon les États-Unis, "les deux parties ont pris des mesures inutiles". Mais le reste du monde blâmera probablement plus Israël, ce qui aura des conséquences désastreuses

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le secrétaire d'État américain John Kerry, la ministre israélienne de la Justice et négociatrice en chef Tzipi Livni et le négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat, le 30 juillet 2013 (Crédit département d'Etat des Etats-Unis/domaine public)
Le secrétaire d'État américain John Kerry, la ministre israélienne de la Justice et négociatrice en chef Tzipi Livni et le négociateur en chef palestinien, Saeb Erekat, le 30 juillet 2013 (Crédit département d'Etat des Etats-Unis/domaine public)

Alors que les négociations de paix ne sont pas officiellement terminées, les récents épisodes indiquent que les efforts, sous l’égide des États-Unis, en vue d’arriver à un accord final – ou intérimaire, ou cadre ou de n’importe quelle dénomination, ont échoué. Pour que les négociations puissent seulement se poursuivre, il faudrait en effet un miracle.

Ainsi, les Israéliens et les Palestiniens s’apprêtent, une fois de plus, à se montrer du doigt mutuellement pour savoir à qui incomber la responsabilité de l’échec des négociations.

Que les jeux d’accusations commencent !

Déterminer les raisons de cet échec ne relève pas simplement d’une question théorique, ni du domaine des historiens ; cela pourrait avoir de sérieuses répercussions quant à la position d’Israël dans le monde.

Si Jérusalem était considérée comme principale responsable de l’échec, la communauté internationale, agacée du conflit qui lambine, intensifierait probablement ses efforts pour isoler Israël de manière diplomatique tout en améliorant la position des Palestiniens.

L’Assemblée générale des Nations unies a déjà reconnu la Palestine comme État observateur non-membre en 2012. Un an plus tôt, l’UNESCO avait accepté la Palestine comme membre à part entière.

Si et quand l’échec des négociations actuelles est officiellement déclaré, les Palestiniens demanderont leur adhésion à 63 agences internationales et onusiennes. Il semble fort probable que leurs demandes soient acceptées, et ce de façon écrasante.

La situation sur le terrain ne changerait probablement pas beaucoup. Mais ces adhésions leur permettraient de nuire à Israël.

Les Palestiniens pourraient en effet attaquer Israël pour crimes de guerre à la Cour internationale de justice ou demander à ce que des résolutions anti-Israël soient adoptées à l’Organisation mondiale de la santé ou au Programme alimentaire mondial de l’ONU.

L’infatigable secrétaire d’État américain John Kerry, qui s’est dévoué corps et âme au processus de paix, qui a subi de multiples critiques, passera probablement à autre chose.

Refroidis par l’attitude d’Israël au cours des huit derniers mois, dont les accusations sans précédent du ministre de la Défense Moshe Yaalon, les États-Unis pourraient décider de relâcher le soutien qu’ils témoignent à Israël sur la scène diplomatique.

Les relations entre Israël et l’Union européenne pourraient également souffrir. « Si les pourparlers échouent à cause de la politique liée aux colonies, alors Israël sera tenu pour seul et unique responsable, » avait déclaré l’ambassadeur de l’UE en Israël, Lars Faaborg-Andersen, plus tôt cette année. Si les actions d’Israël débouchent sur l’échec des pourparlers, avait-il prédit, « Israël sera naturellement et logiquement blamé. »

Lars Faaborg-Andersen, l'émissaire de l'Union européenne en Israël (Crédit : Yossi Zwecker)
Lars Faaborg-Andersen, l’émissaire de l’Union européenne en Israël (Crédit : Yossi Zwecker)

Alors tentons d’identifier de façon exacten ces actions qui sont à l’origine de la mort des pourparlers ?

Était-ce l’activité ininterrompue d’Israël en Cisjordanie ? Le refus de libérer le quatrième contingent de prisonniers ? Ou bien était-ce le fait que les Palestiniens aient repris leur démarches unilatérales en vue d’obtenir leur Etat ?

Les Palestiniens affirment que le refus d’Israël de libérer le quatrième contingent de prisonniers le 29 mars était pour eux le feu vert afin de remplir les formulaires d’adhésion. En juillet 2013, ils avaient seulement accepter de suspendre leur demande d’adhésion aux organismes de l’ONU en échange de la libération de 104 prisonniers par Israël.

« Comme Israël a refusé de libérer le dernier groupe de prisonniers, l’État de Palestine n’est plus obligé de retarder son droit d’adhérer aux traités et conventions multilatérales, » a déclaré le département des Négociations de l’Organisation de Libération de la Palestine dans un communiqué cette semaine.

Les négociations avec Israël ne sont pas concernées par cet acte et devraient continuer jusqu’à la fin d’avril, indiquait le communiqué de presse.

Demander d’adhérer à ces traités internationaux « n’a rien à voir avec les négociations ni avec la conclusion d’un accord, » affirment les Palestiniens. « D’un autre côté, les actions d’Israël, y compris les constructions de colonies incessantes tout au long de la durée du processus, ont compromis les efforts américains et internationaux. »

Mais les Israéliens n’acceptent pas ce raisonnement.

Le fait que Jérusalem ait pris quelques jours de retard dans la libération des prisonniers palestiniens ne justifie pas un acte irréversible qui pourrait changer le contexte juridique et diplomatique des négociations, selon des sources proches des négociations.

Vendredi, le ministre des Finances Yair Lapid a accusé sur Facebook la nouvelle liste de conditions des Palestiniens, pour la reprise des négociations, d’être « une provocation délibérée visant à faire exploser les pourparlers. »

Israël n’avait pas l’intention d’annuler la libération mais plutôt de s’assurer qu’elle garantirait la poursuite des négociations sans interruption, selon des responsables.

Israël n’avait pas l’intention d’annuler la libération mais plutôt de s’assurer qu’elle garantirait la poursuite des négociations sans interruption, selon des responsables.

Entendre les Palestiniens répéter inlassablement qu’ils se rendraient à l’ONU, une fois que les pourparlers seraient terminées, « rendrait la libération de prisonniers très difficile pour nous », ont déclaré des sources proches du dossier.

Jérusalem était en réalité prête à relâcher le quatrième et dernier contingent de prisonniers, mais l’Autorité palestinienne a exigé qu’il inclut des Arabes israéliens, ce qu’Israël a refusé.

Et au moment où le Premier ministre israélien avait accepté un accord tripartite qui aurait pu sauver les négociations, les Palestiniens ont alors signé leur demande d’adhésion à l’ONU, ce qui a par conséquent torpillé le processus, affirment ces mêmes sources.

L’insistance des Palestiniens pour les Arabes israéliens et leur refus de prolonger les négociations ont amené Israël à retarder la libération, ont ajouté ces sources.

Si les Palestiniens sont vraiment intéressés par les négociations, pourquoi prendraient-ils des mesures unilatérales pour changer leur statut et attaquer Israël avec l’aide d’organismes internationaux, s’interroge Israël.

Les Palestiniens prétendent que Kerry avait promis la libération d’Arabes israéliens, mais les Israéliens disent qu’ils ne s’y sont jamais engagés.

Alors soit les Palestiniens mentent, soit Kerry est responsable d’avoir promis quelque chose à une partie sans s’assurer que l’autre partie s’y engagerait. Ce qui est sûr, c’est que les Israéliens et les Palestiniens se pointent mutuellement du doigt.

Et que pense le reste du monde ?

Les Américains, pour le moment, tiennent les deux parties pour responsables, du moins publiquement.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney a indiqué jeudi que le retard d’Israël pour libérer les prisonniers avait « créé des difficultés. »

Mais Marie Harf, du Département d’État a clarifié plus tard que « les deux parties ont pris des mesures inutiles. Les Israéliens comme les Palestiniens en sont responsables… Mais nous n’accusons là aucune des deux parties. Les deux parties ont pris des mesures inutiles et nous pensons qu’elles doivent toutes deux prendre des décisions difficiles. »

Quand Netanyahu a accepté, en juillet 2013, la libération de Palestiniens incarcérés pour avoir tué des Israéliens – comme un compromis pour reprendre les négociations – l’a peut-être fait dans l’espoir que cela pourrait l’aider dans les jeux d’accusations qui suivraient un possible échec des négociations.

À plusieurs reprises Netanyahu a demandé à ce que les Palestiniens reconnaissent Israël comme l’État-nation du peuple juif – pensant probablement qu’ils refuseraient – et espérait probablement pouvoir montrer leur évidente réticence d’arriver à une véritable paix.

« Nous avons fait des concessions difficiles rien que pour pouvoir les amener à la table des négociations, mais ils ne reconnaissent même pas notre droit à exister ici, » – c’est ce que Netanyahu avait peut-être prévu de dire, une fois que le monde se serait demandé pour quelles raisons les négociations n’avaient, encore une fois, abouti à nulle part.

Mais il semble que la communauté internationale semble peu disposée à croire à sa version des faits.

Quand bien même les États-Unis tiennent les deux parties autant pour responsables, on peut supposer que le reste du monde blâmera « carrément Israël, », comme l’a souligné l’ambassadeur de l’UE.

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