Quelles coopérations bilatérales pour Jérusalem et Abou Dhabi ?
La normalisation des relations entre EAU et Israël ouvrira la porte à des opportunités économique et commerciale après l'annonce d'un accord historique entre les 2 pays le 13 août

La normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël va ouvrir la porte à des opportunités de coopérations économique et commerciale, après l’annonce surprise le 13 août d’un accord historique entre les deux pays.
Les deux pays ont discrètement noué des partenariats commerciaux et technologiques ces dernières années, et leur rapprochement, qui a donné lieu lundi au premier vol commercial direct entre Tel Aviv et Abou Dhabi, va leur permettre de les développer ouvertement.
« Nous sommes ici pour transformer une vision en réalité, et il n’y a pas de limite à la coopération », a déclaré Meir Ben-Shabbat, conseiller à la sécurité nationale d’Israël, à son arrivée lundi à Abou Dhabi au sein d’une délégation américano-israélienne.
Voici quelques domaines possibles de coopération bilatérale.
Santé
Avant même l’annonce de la normalisation de leurs relations, des compagnies israéliennes de premier plan ont annoncé un accord avec les Emirats arabes unis dans la recherche pour contenir la pandémie de Covid-19.
Israel Aerospace Industries (IAI) et Rafael Advanced Defense Systems, deux entreprises publiques israéliennes, avaient signé le 3 juillet un protocole d’entente avec la firme de technologie privée Group 42, basée à Abou Dhabi, afin de travailler sur la mise au point d’un test de dépistage du nouveau coronavirus.
Le 16 août, la société émiratie APEX National Investment a elle aussi annoncé la signature d’un accord commercial avec l’israélien TeraGroup pour développer la recherche sur le nouveau coronavirus.
« Il semble que la priorité immédiate va à la coopération en matière de recherche pour combattre le Covid-19 », a déclaré à l’AFP Kristian Ulrichsen, chercheur à l’université Rice aux États-Unis.
La coopération sur une question aussi urgente peut rendre la normalisation « populaire » dans les deux pays, a-t-il souligné.
Pétrole
Les immenses réserves de pétrole du petit pays du Golfe peuvent intéresser Israël, qui s’approvisionne principalement auprès du Kurdistan d’Irak, selon Ellen R. Wald, chercheure à l’Atlantic Council.
« Israël bénéficierait beaucoup de l’achat du pétrole aux Emirats arabes unis et les Emirats aurait un client affamé » d’or noir, a-t-elle souligné.
Les pays arabes du Golfe ont toujours refusé de vendre du pétrole à Israël, et aucun autre gouvernement de la région n’a pour le moment suivi l’initiative des Emirats d’établir des relations formelles avec l’Etat hébreu.
Tourisme
Le tourisme est l’un des principaux domaines de coopérations qui s’ouvre aux deux pays.
De nombreuses destinations touristiques de pays musulmans sont actuellement interdites aux Israéliens.
Désormais, ces touristes pourront prendre un vol court vers les stations balnéaires et les attractions touristiques des Emirats.
Israël veut également attirer des investisseurs dans le secteur du tourisme, en particulier à Tel Aviv, sa capitale au bord de la Méditerranée, et compte aussi sur un afflux de touristes musulmans souhaitant visiter la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, communément considéré comme troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine, en Arabie saoudite.
Technologie et startup
Selon le ministère israélien de l’Economie, le secteur des technologies avancées assure plus de 40 % des exportations de la « startup nation » israélienne.
Les Emirats arabes unis accueillent pour leur part 35 % des startups du Moyen-Orient, notamment à Dubaï, pôle mondial d’innovations.
La fédération des Emirats, qui investit dans des projets innovants comme le transport autonome, le projet de train à très grande vitesse (Hyperloop) ou encore les taxis volants et les drones, ambitionne ainsi de devenir un pôle technologique de premier plan.
Eau et agriculture
Les Emirats, pays aride, dépendent des technologies de dessalement pour assurer les besoins en eau de la population.
Israël est justement un pays leader dans ce domaine, avec des entreprises de renommée mondiale comme IDE Technologies qui compte 400 usines de dessalement dans 40 pays.
Selon des médias locaux, la fédération compte plus de 260 stations de dessalement.
« Il y a des opportunités dans les technologies médicales et agricoles et des possibilités de coordination dans les startups et la politique d’innovation », a relevé M. Ulrichsen.
Selon lui, ces collaborations « pourraient plus tard faciliter l’élargissement du champ de coopération sur les plans politique et diplomatique ».
Sécurité
Yossi Cohen, chef du service de renseignement israélien, a été le premier responsable israélien à se rendre à Abou Dhabi depuis l’annonce de la normalisation des relations entre les deux pays.
La discussion avec le conseiller émirati à la sécurité nationale, cheikh Tahnoun ben Zayed, a porté sur la sécurité, selon les médias émiratis.
Le logiciel espion Pegasus, développé par la société israélienne NSO Group, aurait servi à surveiller des opposants dans de nombreux pays, selon des défenseurs des droits humains, y compris aux Emirats.
Les Emirats comptent de nombreuses firmes spécialisées dans la sécurité et l’utilisation des caméras de surveillance y est très répandue.