Quelques réflexions de Delphine Horvilleur sur le confinement
"Alors que les aînés se retrouvent séparés, se pose encore davantage la question du lien intergénérationnel : comment perdure-t-il face au confinement ?", s'interroge la rabbin
Delphine Horvilleur, rabbin pour le Mouvement juif libéral de France et écrivaine, s’est interrogée dans une interview pour Le Figaro sur le confinement imposé dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
« Alors que les aînés se retrouvent séparés du reste de la famille, se pose encore davantage la question du lien intergénérationnel : comment perdure-t-il au moment où le confinement le menace ? », dit-elle, mettant en avant les « moments de tensions fortes entre les générations » ces dernières années. « Avec ce confinement, nous entrons dans un temps passionnant, qui pourrait être celui d’une forme de réconciliation. Ce combat contre l’épidémie doit être mené par tous ! Plus que jamais, on perçoit à quel point nous sommes dépendants les uns des autres. »
« Paradoxalement, notre force vient de notre vulnérabilité partagée : nous sommes dépendants du comportement des uns et des autres, pour notre santé et notre quotidien », exprime Delphine Horvilleur. « Nous avons besoin les uns des autres, de la classe active des soignants, de l’enseignement des anciens, et aussi des récits du passé ! »
Dans l’interview, Delphine Horvilleur rappelle également de quelle manière son association libérale, Judaïsme en mouvement, s’est adaptée face aux mesures de confinement. Elle et les quatre autres rabbins libéraux du mouvement ont ainsi mis en place des offices de Shabbat (et un seder de Pessah) en ligne, et donnent des cours via les réseaux sociaux. « C’est troublant de voir le nombre de gens qui se connectent, juifs ou pas, afin de réfléchir, hors de leur zone de pensée traditionnelle, à quelque chose de l’ordre de l’universel », dit-elle.
La rabbin a également détaillé les offices funéraires qu’elle donne à travers vidéo-conférence, et leur importance pour les familles qui, même éloignées, parviennent à engager le processus de deuil. « La question de l’accompagnement des morts et des rites funéraires montre combien, dans ces moments de tragédie, nous avons besoin des autres, du langage du collectif, cultuel ou familial », dit-elle.
En février, Delphine Horvilleur a sorti un nouvel essai, intitulé Comprendre le monde (Bayard, 12,90 euros).
Dans son livre, elle s’interroge sur la place de l’homme dans la société, revient sur son parcours en tant que rabbin et explique de quelle façon les récits bibliques permettent d’élever l’homme.